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Rencontre avec Brooke Fraser

Par Jonathan HAMARD | Rédacteur
Son talent est indéniable et elle le prouve pour la troisième fois avec l'album "Flags", déjà disponible chez quelques-uns de nos voisins européens depuis plusieurs mois et (enfin) dans les bacs français à compter du 13 février. Il aura fallu du temps et plusieurs concerts pour que la chanteuse s'impose avec son nouveau single "Something In The Water", premier extrait de "Flags", actuellement parmi les titres les plus joués en radio. Rencontre avec Brooke Fraser.
Crédits photo : site internet officiel de Brooke Fraser
Troisième pièce de sa discographie, l'album "Flags" de Brooke Fraser est disponible en téléchargement sur les plateformes depuis le mois de novembre et prochainement dans les bacs. Il est actuellement soutenu en radio par le single "Something In The Water", un titre pétillant et entraînant qui tire vers le haut un univers singulier dont l'artiste a pris le temps de nous parler au cours d'un entretien. Un univers qu'elle défendra aussi sur scène au Divan du Monde le 25 avril. La billetterie est ouverte.


Rencontre


A l’écoute de cet album, j’ai vraiment le sentiment d’entendre une artiste, et peut-être même une femme, plus positive. Que s’est-il passé durant les cinq dernières années qui ont précédé la sortie de ce troisième opus ? Quelles ont été tes sources d’inspiration pour "Flags" ?
Brooke Fraser : Je pense aussi que ce nouvel album est différent et qu’il est effectivement plus positif et plus enjoué. Je le pense d'autant plus que mon précédent album "Albertine" était plus sombre. Mais c’est le contexte de l’écriture qui lui a donné cette tonalité. Parmi les choses qui me sont arrivées durant ces cinq dernières années, je commencerais par dire que je me suis mariée. Et ça c’est sans doute quelque chose de fondamental pour comprendre comment j’ai travaillé sur ce nouvel album. Mon mari m’a apporté beaucoup de choses dans ma vie et il s’est très certainement glissé ici et là dans mes chansons.

Ce n’est pourtant pas un disque qui parle d’amour ! Ou alors peu…
Oui, c’est vrai. Ce n’est pas du tout un disque de chansons d’amour. Il est juste plus joyeux et plus universel que les précédents je pense. Comme l’amour j’ai envie de dire aussi. Ce sont avant tout des chansons à caractère universel, qui peuvent être chantées partout dans le monde. Pas de chansons mièvres donc… (sourire)

Tu n’aimes pas les chansons d’amour ?
Oh si, bien sûr. Je pense juste que j’avais davantage envie ou besoin d’en chanter dans le passé. Mais j’ai changé et j’ai dorénavant d’autres envies. Peut-être qu’un jour j’aurais envie à nouveau d’écrire des chansons d’amour. Je ne l’exclus pas. On verra par la suite.

Cet album intervient aussi après une longue tournée. Est-ce que la scène est une source d’inspiration pour toi, et plus particulièrement pour "Flags" ?
Pour moi, l’environnement dans lequel j’écris et je compose est très important. Pour la simple et bonne raison qu’il m’est très difficile d’écrire. Je ne le fais pas sur commande. J’ai besoin de solitude et de silence pour transposer mes pensées et mes émotions avec des mots adaptés. Ce n’est pas évident et d’autant plus long. C’est pour cela qu’il me faut aussi beaucoup de temps pour écrire une chanson. Je pense d’ailleurs que pour mon prochain album je vais essayer de travailler différemment (rire). Donc, pour répondre plus précisément à ta question, je n’écris pas mes chansons pendant une tournée. Ça m’est impossible. Mais le contact avec les autres est bien évidemment une source d’inspiration. C’est aussi ça l’album "Flags".
C’était une nécessité de produire "Flags".


Penses-tu d’ailleurs qu’un artiste accompli doit écrire par lui-même ses textes et composer ses mélodies ? Ou considères-tu tout simplement que c’est un plus ?
Je pense qu’il est difficile d’être radical pour répondre à ta question. Il faut tenir compte des contextes et des personnalités pour comprendre l’univers d’un artiste. Beaucoup n’écrivent pas et sont seulement interprètes. Ce n’est pas essentiel pour eux d’écrire parce qu’ils n’en ont pas le besoin pour chanter et interpréter les mots qu’on leur confies. Ce n’est pas pour autant qu’ils ont moins bons ou qu’il ne faille pas les considérer comme de vrais artistes ou comme on dit « complets ». Pour ma part, c’était une nécessité de produire "Flags". Tous mes albums et toutes mes chansons, je les ai produites. Tout simplement parce que je raconte des émotions que j’ai ressenties et des évènements que j’ai vécus. Je me sens investie et responsable.

Etant donné que tu écris ce que tu connais et ce que tu as vu, pourrais-tu néanmoins envisager d’écrire pour d’autres artistes dans le futur ?
Ce n’est pas d’actualité pour l’instant. Je crois que je pourrais, peut-être… Je pense surtout que ces chansons-là ne ressembleraient pas du tout aux miennes. Parce que je souhaite garder cette « marque de fabrique » Brooke Fraser, associée à mes chansons. Et puis aussi parce que ma voix me permet ou pas d’aller dans telle ou telle direction. Les textes ne parleraient pas non plus des mêmes sujets puisque mes morceaux évoquent mon histoire. Je ne pense pas pouvoir donner des textes de ma plume pour l’instant parce qu’ils seraient inévitablement inspirés de ma vie. Il faudrait que j’arrive à me plonger dans un autre univers. Je ne sais pas si ce que je pourrais faire pour d’autres serait vraiment bon.

Je me sens investie et responsable.
Et à l’inverse, je suppose que tu ne pourrais donc pas interpréter les chansons d’autres artistes…
Exactement. Mais j’aime beaucoup faire des reprises. Il faut plutôt le voir comme un exercice, une distraction.

Je pense néanmoins que c’est important d’écouter et de lire les œuvres d’autres artistes pour ne pas s’enfermer dans des carcans… Tu m’expliques que les mots que tu chantes sont intrinsèquement liés à ta vie. Tu évoques pourtant la vie des autres aussi dans tes chansons. C’est le cas d’"Albertine", écrite pour ton deuxième album. Tu évoques l’histoire d’un jeune rwandais. Qu’est ce que cette histoire et cette chanson t’ont apporté en tant qu’artiste et femme ?
Quand je suis allée au Rwanda pour la première fois, j’ai compris que c’était une toute autre vie que la mienne. J’ai vu au travers de mon périple comment on vivait dans d’autres parties du monde, comment la vie d’une femme peut-être différente d’un pays à l’autre. Ce voyage a été comme un électro-choc. Inévitablement, je savais que tout ça allait influencer mes chansons. J’ai voulu écrire une chanson sur l’Afrique et les conditions de vie en prenant le cas d’un petit garçon qui se prénomme Albertine. Plus encore qu’un album, cette rencontre et cette chanson ont eu une incidence sur ma vie de femme. Je suis pleinement investie. Je prends de mon temps pour soutenir les associations.

Regardez le clip "Albertine" de Brooke Fraser (2006) :


J’en viens donc à te parler de ton dévouement pour les associations humanitaires, dont "Charity : Water". Je tiens tout d’abord à te féliciter. Pourquoi te sens-tu autant concernée par la situation dans les pays « pauvres » ?
Je pense qu’une fois que tu as ouvert les yeux, tu deviens charitable. Tu ne peux pas rester insensible devant le malheur et la détresse des autres. Surtout lorsqu’il y a urgence. Nous avons une responsabilité. Quand tu te poses pour comparer ta propre vie, ce que tu as et ce que les gens n’ont pas à côté de toi, tu es envahi par la compassion. C’est en tout cas mon point de vue. On ne peut pas s’échapper et faire comme si on n’avait rien vu. Je donne de mon temps et de mon énergie pour venir en aide à ces personnes en difficulté, mais je gagne tellement en retour. C’est une question de dignité pour moi et pour eux.
Tu ne peux pas rester insensible devant le malheur et la détresse.


Beaucoup d’autres artistes se servent de leur notoriété pour défendre des causes humanitaires. Considères-tu que c’est un devoir ?
Encore une fois, je pense qu’on ne peut comparer tous les artistes entre eux. En ce qui me concerne, j’écris et je chante le malheur que j’ai vu. D’autres vont chanter l’amour ou tout un tas de sujets qui ne m’intéressent pas mais qui vont toucher un certain public. Il n’y a pas un rôle prédéfini pour chaque artiste. Ce sont mes propres choix et je ne veux pas qu’on les compare.

Te sens-tu responsable ?
Oui, parce que j’ai engagé de mon temps et de mon argent, mais aussi des amis et des connaissances dans mes projets. Je dois continuer d’informer.

Enfin, pour terminer sur une note plus optimiste, je voulais savoir d’après toi quels sont les titres à ne pas manquer sur ton nouvel album ?
Je répondrais volontiers "Crows + Locusts" et "Ice On Her Lashes".

Pas "Something In The Water" ?
Si, bien sûr. Ce titre a rencontré un très grand succès en Nouvelle-Zélande. Et je vois que le public ne perçoit pas de la même manière la chanson dans chaque pays que je traverse. C’est ce qui rend ce titre intéressant quand je le chante.

Retrouvez l'actualité de Brooke Fraser sur son site internet officiel et sa page Facebook.
Ecoutez et/ou téléchargez l'album "Flags" de Brooke Fraser sur Pure Charts.
Regardez le clip "Something In The Water" de Brooke Fraser :

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