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samedi 26 avril 2025 14:45
Le plus bel album du mois : le retour en grâce de Bon Iver avec le magistral "Sable, Fable"
Après six années de silence, Bon Iver est de retour avec son cinquième album "Sable, Fable". Tour à tour mélancolique et lumineux, ce disque d'une éblouissante beauté est d'ores et déjà l'une des plus grandes réussites de l'année. Chronique d'un chef d'oeuvre de son temps.
![]() Il existe certains albums, rares, qui vous attrapent dès la première note, musicale ou vocale, pour ne plus jamais vous lâcher. "Sable, Fable" de Bon Iver est de ceux-là. Pourtant, c'est peu dire que le groupe mené par Justin Vernon était attendu au tournant, s'agissant là de son cinquième ouvrage en deux décennies de carrière. Si la formation a toujours évolué dans des sphères plutôt indépendantes, plusieurs collaborations avec Taylor Swift (dont le fabuleux "Exile") ou Charli xcx (l'album remix de "Brat") ont permis de lui amener un nouveau public. Et quel meilleur moyen d'entrer dans sa discographie qu'avec ce nouvel opus, qui s'annonce déjà comme un des plus grands disques de l'année. Et ce malgré sa composition particulière. La fable éblouissante de Bon IverCar le disque mêle les quatre chansons de "Sable", un EP sorti en octobre dernier, à neuf nouvelles chansons, réunies sous le nom "Fable". Une collection de treize morceaux, telles deux facettes d'une même pièce : si le quatuor composant "Sable" relate de la dépression vécue par Justin Vernon durant la pandémie mondiale, sa suite "Fable" évoque un retour vers la lumière. Il en est de même pour sa pochette : un carré noir entouré d'un autre carré plus imposant, couleur saumon. Après tout, il le clame lui-même dans une note d'intention : « Trois chansons très tristes donc, et huit plus joyeuses ». Et cela se ressent dans les intentions musicales : sur les magnifiques et minimalistes "Things Behind Things Behind Things" et "Speyside", le natif du Wisconsin touche à l'intime, aux relations brisées, à la dépression même (« Je sais que je ne peux pas faire le bien » chante-t-il). Avant de livrer un prestation quasi a capella de toute beauté sur "Awards Season", titre pivot symbolisant le nouvel amour récemment arrivé dans sa vie. Changement de paradigme dès "Short Story", ouvrant le deuxième acte d'un disque qui se veut plus radieux. Plus imposant aussi. En attestent des inspirations soft rock, R&B ou osons le dire, plus pop, mais aussi des collaborations variées, que ce soit avec Dijon, Kacy Hill, Flock of Dimes et Danielle Haim côté voix, ou la révélation Mk.gee à la guitare sur le somptueux "From". Naviguant entre "Everything Is Peaceful Love", "If Only I Could Wait" ou "Day One", Bon Iver retrouve ainsi la lumière, une grâce et une paix intérieure aussi. Cette « toile pour la vérité mise à nue », comme il l'indique à Rolling Stone, se révèle aussi bien dans ses aspects les plus sombres que les plus brillants. Et un remède contre l'anxiété profonde qui l'a touché pendant des années et obligé à annuler une tournée européenne entière. Jusqu'à l'avant-dernier morceau "There's a Rhythmn", encore celui d'un homme amoureux, qu'il résume en ces mots dans les colonnes du Guardian : « Je ne sais pas ce qui va se passer. Peu importe que nous soyons ensemble ou non, car tu m'as changé pour le mieux. Nous ne devons pas gâcher ce qui n'est pas arrivé. On doit être reconnaissant pour ce que nous avons ». Bien que finalement assez éclectiques dans leurs intentions et leurs sonorités, les 13 chansons ont néanmoins un point commun : la voix de Justin Vernon, capable des plus belles voltiges et qui nous fait toujours autant frissonner. Tel un petit cadeau arrivé à point nommé pour le printemps, "Sable Fable" s'apparente finalement à une pièce maîtresse dans la carrière de Bon Iver, qui peut autant s'écouter par une triste nuit d'hiver que face à un coucher de soleil estival. C'est peut-être à cette intemporalité qu'on reconnaît les grandes œuvres. De celles qui nous touchent dès les premiers instants pour nous accompagner jusqu'au bout de notre vie. |