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Auryn en interview

Auryn traverse les reliefs ardennais pour venir à notre rencontre avec son tout premier opus "Winter Hopes", en bacs dès ce 14 février. Il ferait un excellent cadeau de Saint Valentin pour les adeptes des voix douces et claires. Cordes, percussions et piano sont au programme de cette première pièce défendue par le titre "Today". Auteur et compositeur, Auryn livre le fruit d’un long travail inspiré de toutes ses découvertes artistiques, qu’il s’agisse de musique ou de cinéma. Le moindre bruit, la moindre image et chacun des sentiments qui lui sont donnés à percevoir ont été utilisés à bon escient dans "Winter Hopes", un album qui égaiera votre journée et éveillera en vous de multiples sensations. Vous pourrez aller applaudir Auryn à La Flèche d'Or le 17 mars.


Ton premier album est déjà paru en Belgique et tu viens maintenant tenter de séduire les auditeurs français. Nous avons toujours eu une affection particulière pour nos artistes voisins qui ont souvent rencontré le succès en France. Qu’attends-tu de cette nouvelle rencontre (Jonathan Hamard, journaliste)
Auryn : C’est une sensation étrange. C’est comme lorsque l’on joue devant sa famille : quoi que l’on puisse proposer, nos proches aimeront. Tandis qu’en venant à la rencontre du public français, j’aurai un véritable retour sur ma musique. Je ne suis plus là en tant que chanteuse nationale. Je n’arrive pas à m’emballer et je n’ai pas d’excitation quand j’apprends que je suis diffusée à la radio en Belgique, parce que je suis leur petite belge, leur petite protégée ; alors qu’en France, je rencontre enfin cette sensation d’angoisse.

Cet album est l’aboutissement d’un très long travail personnel. Tu as tout écrit et composé toi-même en commençant il y a maintenant cinq ans.
En fait, tout s’est mis en place très doucement et sur plusieurs années, sans avoir comme but de préparer un album. Je n’avais pas de chronomètre ni de label qui me demandait de me dépêcher en m’imposant des règles. J’avais quinze ans lorsque j’ai commencé à écrire mes toutes premières chansons. J’ai pris le temps d’essayer beaucoup de choses sans que ce soit un travail continu. C’est lorsque je me suis présentée sur scène pour la première fois que tout s’est accéléré pour moi. J’ai chanté devant celui qui est devenu mon producteur : il est venu me voir après ma prestation pour me donner sa carte. C’est à ce moment là que j’ai compris que je devais réellement me mettre au travail et produire quelque chose de sérieux, ce que j’ai mis un an à faire. Il faut dire que j’étais encore aux études, dans la comédie, et que je préparais mon premier disque à côté. En tout et pour tout, çà m’a pris comme tu le dis quatre ou cinq ans. C’est aussi grâce à Arnauld de Battice dont je suis la première artiste à signer pour son label. C’est quelqu’un qui aime la musique classique et qui a vécu ce que moi j’ai vécu en même temps : la naissance.

Je crois qu’en réalité, il y a une part d’hystérie dans chaque femme.
Tu continues encore aujourd’hui tes activités dans la comédie malgré ton emploi du temps de chanteuse ?
Je n’ai pas totalement arrêté. Je travaille beaucoup dans le milieu du doublage de film. Je sais qu’en France, il y a une série pour les ados qui a plutôt bien marché et qui s’appelle les "Jonas Brothers". Je faisais la doublure de Jessie, une petite brune hystérique. Je continue à travailler là-dedans, c’est une partie de mon activité qui nourrit ma musique. Ces deux domaines me sont indispensables pour créer et se complètent parfaitement. Mes doublures sont assez régulières, ce qui me permet également de cadrer un emploi du temps qui m’impose des temps de travail assidus.

Découvrez le nouveau clip d’Auryn, "Today" :


En ce qui concerne l’écriture de tes titres, comment procèdes-tu ?
Tout est différent pour chaque titre. Je ne m’impose aucune règle, bien au contraire, j’improvise beaucoup. J’ai un carnet où j’écris mes idées. Je note tout, que ce soit quelques mots ou tout une grille d’accords. Je peux également me mettre au piano et jouer pendant huit minutes. J’en tirerais l’essence pour en faire mon nouveau morceau. Je ne veux pas avoir de systématiques pour l’instant. Peut-être que çà viendra par la suite. Tout se fait dans la spontanéité. Pour te dire, il m’est arrivé de trouver une mélodie et de chanter des « la la la » dessus pendant des mois sans chercher les paroles. Et puis un beau jour, l’idée m’est arrivée et le texte me semblait évident. Un titre est pour moi un puzzle. Si tu veux que je rationalise tout ce que je viens de te dire, je dirais que je commence volontiers par m’installer au piano pour ensuite jouer d’autres instruments comme le violon qui tient une part essentiel dans mon œuvre. J’essaie aussi de faire de la batterie. Ce sont de véritables ateliers de création.

Tout ce travail que tu fais seule doit te prendre du temps. Es-tu plutôt comme certains artistes qui s’enferment dans un studio pendant plusieurs jours pour créer leur album en un temps record ou ressens-tu le besoin de t’oxygéner ?
Oui, il faut sortir ! Si tu ne le fais, tu vas soit écrire de très mauvaises chansons, soit en faire des bonnes que tu ne seras plus capable de voir. C’est pour cette raison que mon métier de comédienne est très important car il me permet de voir autre chose et de décrocher de la musique. Je peux jouer des rôles complètement débiles et physiques qui me permettent de me dépenser. Je n’ai malheureusement pas le temps de partir à la montagne pour m’oxygéner comme tu dis. Je continue à faire travailler mon imaginaire, mes images. C’était ma grande crainte : ne plus trouver l’inspiration. Que fait-on après un premier album ?

Pour l’instant, il faut tout de même promouvoir le premier.
Oui, tout à fait (NDLR : Auryn rit) ! Je sais mais je suis déjà entrain de composer pour le deuxième. S’il n’y a plus d’inspiration, tu meurs en tant qu’auteur-compositeur.

Je traque la poésie du quotidien.
Quelles sont tes inspirations aujourd’hui ?
J’essaie de m’inspirer d’émotions réelles. J’essaie de cultiver les moments que j’ai avec les personnes que j’aime. Je m'inspire également des films et des musiques fortes qui m’ont marquée. Je ne regarde pas vraiment les journaux télévisés : c’est trop fort. Je suis bien sûr au courant de ce qui se passe, mais je n’arrive pas à parler d’un fait divers : ce n'est pour moi qu’une information. Même si j’en suis touchée, je n’arrive pas à l'intellectualiser et à mettre en musique quelque chose que je n’ai pas vécu. Je ne veux pas dire pour autant que j’ai vécu tout ce que j’ai écrit. Je suis inspirée par mes propres histoires certes, mais aussi par celles de mon entourage, tout comme celles des amis de mes proches, et des amis de leurs amis… Je traque la poésie du quotidien.

Si tu n’écoutes que la musique actuelle, tu ne produiras que des copies.
Quels sont les films forts qui t’ont inspirée ?
Là je souhaite me rattraper sur mes classiques. Le dernier qui m’ a marqué, c’est "Sunset Boulevard".C’est un film tellement fort et inspiré de la réalité. C’est l’histoire d’une femme qui travaille dans le cinéma muet. Lorsque les films deviennent parlants, elle sombre dans la déprime. Elle vit dans un immense manoir avec son serviteur qui est son ancien producteur. Ils sont tous les deux dans une espèce de bulle. C’est un peu étrange, je te l’accorde, mais c’est du grand film. C’est du grand art ! J’essaie de revoir de grands films et ces grandes actrices du passé comme Audrey Hepburn et Elizabeth Taylor.

Tu ne puises l’inspiration que dans le passé ?
C’est comme la musique, si tu écoutes ce qui se fait maintenant, çà ne peut être que stérile. Si tu n’écoutes que la musique actuelle, tu ne produiras que des copies. Actuellement, j’écoute les premiers disques d’Aretha Franklin. C’est comme aller à la montagne, c’est respirer d’un autre air. Peut-être que j’écoute et regarde des œuvres un peu désuètes, mais on peut en faire quelque chose de très bien en les actualisant.



Tu écoutes également des artistes plus contemporains et très en vogues comme MIKA par exemple.
Je suis fan de Mika. J’aime cette personne totalement naturelle qui fait ce qu’elle veut. On lui a donné les moyens de rester ce grand enfant qu’il est, ce qui lui a plutôt bien réussi. Ce qu’il fait me donne de l’énergie et me rend de bonne humeur.

C’est un modèle de réussite pour toi ?
Je ne sais pas s’il est vraiment un modèle pour moi. Ce qu’il fait est quand même particulier. C’est vraiment un clan, quelque chose de familial, et c’est aux antipodes de ce que je fais. En tout cas, je l’admire car c’est le premier qui me semblait authentique depuis bien longtemps. Bien qu’il ait fait un tube planétaire, il a gardé les pieds sur terre. Il vient de l’opéra, il s’est inspiré de la musique classique pour écrire un titre au piano qui est devenu un tube. S’il a réussi, c’est qu’il le méritait.

Quand j’ai entendu cette chanson pour la première fois, j’ai pleuré.
Et pourquoi reprendre son titre "Over My Shoulder" ?
Ce n’est pas du tout pour lui rendre hommage. Quand j’ai entendu cette chanson pour la première fois, j’ai pleuré. J’ai eu tant de frissons en l’écoutant. J’aurais pu composer cette chanson car elle me touche particulièrement. Tu te doutes bien qu’on écrit de la musique qu’on aime et non celle que l’on n’aime pas. Quand je me suis mise au piano pour la chanter, c’était exactement ma tessiture de voix. La chanson m’est apparue comme un titre que j’avais envie de mettre dans mon répertoire. On a proposé une réécriture avec de nouveau arrangements.

Écoutez le reprise "Over My Shoulder" (Mika) par Auryn :


Pour un premier album, ce n’est pas rien de reprendre un titre de Mika.
Oui, sauf que j’oublie totalement que cette chanson est celle de Mika. Elle avait sa place sur l’album au milieu des autres titres. Elle a cette couleur que je voulais apporter. Je me la suis appropriée comme si c’était la mienne. D’ailleurs, pour l’anecdote, l’éclairagiste qui travaille avec moi est allé au Liban pour un festival auquel MIKA participait. Le soir, il m’a appelé en me confiant que MIKA avait chanté l’une de mes chansons sur scène. Tu vois, cette reprise est tellement cohérente dans la setlist de l'album qu'on la confond avec mes propres chansons. Cependant, ce n’est pas pour avoir une reprise ou mettre un nom connu sur ce disque que je l'ai intégrée. Ce n’était pas du tout un coup marketing, loin de là. C’était une partie de moi qu’il avait réussi à exprimer et que j’aurais aimé faire aussi.

Donc bientôt une collaboration ?
J’aimerais tant ! Je crois qu’on lui a donné mon album. Mon tourneur en Belgique l’a donné au tourneur de Mika. Apparemment, ce sont des personnes fiables qui lui ont donné. Affaire à suivre !

Autres artistes dont tu sembles assez proche, les deux membres du duo AaRON. Tu as chanté en première partie de leur dernière tournée. Comment les as-tu rencontrés ?
Écoute, j’y suis allée au culot. Je n’avais pas d’albums, ni de concerts à mon actif. Nous étions entrés dans la phase d’enregistrement de mon disque. Je n’avais que "Broken Dreams" sur mon MySpace. J’ai vu qu’ils passaient à Bruxelles. J’ai alors envoyé un message au duo en leur proposant mon premier titre. Ils m’ont répondu dès le lendemain en formulant une très bonne critique de ma chanson. Très rapidement, j’ai vu qu’elle figurait sur leur MySpace. Trois semaines plus tard, j’ai reçu un appel du manager qui m’expliquait que c’était impossible que je chante en première partie du concert à Bruxelles. En revanche, il m’a certifié qu’AaRON tenait absolument à ce que je fasse une de leur première partie. Ils m’ont alors proposé de venir chanter à Marseille. A mon goût, c’était un peu trop tôt. Je n’aurais pas fait ce que j’ai fait de cette manière. A l’époque, c’était beaucoup de filles qui criaient pour venir applaudir AaRON. J’ai proposé un set totalement acoustique et très calme qui ne correspondait pas à l’ambiance du concert. On a dit à ce moment là que j’étais une fausse Émilie Simon.

Qui ne chante pas du tout la même chose que toi…
Absolument pas, on est bien d’accord. Mais tu sais comme moi que les gens s’arrêtent facilement à une image. On m’a donné l’étiquette d’une fausse Émilie Simon sans charme si je me souviens bien.

Selon ce que tu me dis, j’ai le sentiment que tu es partisane de l’idée que le destin n’est pas écrit, et que c’est à nous-mêmes de provoquer la chance
Je pense effectivement que tout ce qui m’arrive est le résultat de tout ce que j’ai voulu. Ce n’est pas de la prétention de penser que l’on a entre les mains beaucoup plus de pouvoir pour infléchir sur les évènements que ce que l’on veut bien le croire. Il y en a qui croient au destin et au sort, et pour ma part, je considère que nous sommes responsables de notre vie.

Retrouvez toutes ces informations sur le MySpace d'Auryn.
Écoutez et/ou téléchargez "Today" en cliquant sur ce lien.
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Visionnez le teaser de l'album "Winter Hopes" :

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