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Arnold Turboust en interview

Trois ans après "Toute sortie est définitive", le fiancée d'Adélaïde est de retour dans les bacs avec un quatrième et nouvel album, "Démodé", signé sur le label de Marc Toesca, Monte-Carlo Records. Nous l'avons rencontré. Arnold Turboust se produira par ailleurs le 9 décembre prochain, sur la scène du Sentier des Halles de Paris.
Bonjour Arnold, dans quel état d'esprit es-tu depuis que ton nouvel album, "Démodé", est disponible en bacs (Thierry Cadet, Rédacteur en Chef adjoint) ?
Arnold Turboust : Je suis envahi par un sentiment de grande solitude et de doutes, mais c'est normal d'être stressé, je dois dire que je le suis plus souvent qu'à mon tour (sourire).

Quelle est la différence fondamentale entre ce nouvel album, et son prédécesseur, "Toute sortie est définitive", que tu as produit en 2007 avec David Séchan et Stéphane Loisy, sur A3T2 Music ?
Il y a beaucoup plus de spontanéité dans "Démodé", que dans mes précédents disques. Ce nouvel album a un côté instantané et brut, que les autres n'avaient pas. J'ai laissé plus de choses que je n'aurais pas laissées d'habitude. J'ai évité de faire, défaire, et refaire. La raison est simple, en fait lorsque le label de Marc Toesca, Monte-Carlo Records (ndlr : Nicolas Ghetti, Yara Lapidus...), est venu me trouver pour me proposer un contrat, je me suis alors mis à travailler plutôt dans l'urgence, même si j'ai essayé de repousser de nombreuses fois les échéances (rires). Pour les albums antérieurs, j'ai eu beaucoup plus de temps, treize ans pour "Toute sortie est définitive" (sourire) !

Quel est pour toi l'avantage d'être signé sur un label indépendant ?
Je ne me voyais pas aller démarcher les Majors avec mes démos. Je pense que l'avenir appartient aux labels à taille humaine, plus réactifs que les grosses maisons qui ne vont pas très bien dans l'ensemble...

Je pense que l'avenir appartient aux labels à taille humaine
Le premier single issu du disque est "J'en parlais pas", pourquoi ce choix ?
Il ne s'agit pas vraiment du premier single officiel. Bien-sûr les radios l'ont reçu via BYA (ndlr : le site professionnel sur lequel elles peuvent télécharger les titres afin de les diffuser), mais nous allons prochainement passer au suivant. Cela dit, "J'en parlais pas" est la première chanson que j'ai écrite et composée pour cet album.

"A Little Bit" ?
(sourire) C'est drôle parce que tout le monde me parle de cette chanson comme étant la plus efficace. On ne sait pas encore. Mais je l'aime beaucoup moi aussi, elle est partie d'une boutade.

Ecoutez "A Little Bit" dans son intégralité, sur Sud Radio :
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"C'est bien ma veine" et "Je régresse" me paraissent être également d'excellents singles potentiels...
Merci. Elles reçoivent elles aussi un beau retour.

Les années 80, je les vois avec beaucoup de tendresse. Je me suis vraiment amusé
"Je régresse" qui traite d'ailleurs de ce phénomène des “adulescents”, ces trentenaires ou ses quadra se tournant avec nostalgie vers le passé. «Un paquet de fraises Tagada .../... car Pokemon en m'en parlant, ça se défend, c'est même un plus .../... ma tata c'est Lady GaGa, il parait que je ne suis pas le seul dans ce cas là». Est-ce ton cas ?
Non, je vais de l'avant. Mais ce phénomène m'a en effet interpelé. Cela dit, les années 80, celles de ma jeunesse, je les vois avec beaucoup de tendresse. C'était le temps de l'insouciance la plus totale, c'était formidable. Je me suis vraiment amusé.

Tu as écrit tous les textes de cet album, ce qui n'était pas spécialement le cas sur l'album précédent, et encore moins dans le passé, pourquoi ?
J'avais déjà écrit la plupart des textes sur "Toute sortie est définitive", sauf celui qui donnait son nom à l'album justement, signé Yves Calvez. Mais c'est vrai que depuis une dizaine d'années, depuis "Mes amis et moi", c'est véritablement devenu une évidence pour moi de les écrire. Tu n'interprètes pas les chansons de la même manière quand ce sont tes mots. Et puis surtout les textes m'appartiennent, je peux en faire ce que je veux, ça me rend indépendant, et en adéquation avec moi-même. Même si je n'ai rien contre l'idée de recevoir un texte de quelqu'un, s'il me plait. Pour cet album, "Démodé", j'ai écrit tous les textes sur les musiques, sauf pour "A Little Bit" et "Mon bel oiseau". Là, ce fût le contraire.

"Démodé", pourquoi ce titre d'album ?
D'abord j'aime bien quand c'est une chanson du disque représentative de l'univers, qui donne son titre à l'album. Et il me semblait que "Démodé" avait cette fonction. Egalement parce que j'ai toujours aimé la sonorité de ce mot (sourire). Quant à son sens, être démodé signifie qu'on a été à la mode, et qu'on ne l'est plus, ce qui est mon cas d'une certaine façon. C'est la vérité.

Etre démodé signifie qu'on a été à la mode, et qu'on ne l'est plus, ce qui est mon cas
Pour un artiste démodé, tu as quand même participé aux projets de nombreux jeunes chanteurs qui sont venus te trouver, de Cédric Atlan à Yvon Chateigner, et collaboré sur ce nouvel album avec Stéphane Alf Briat, qui l'a réalisé. Un monsieur qui a notamment travaillé pour Phoenix, Air, Charlotte Gainsbourg, Thomas Dutronc, Camélia Jordana... y'a pire non ?
(sourire) Certains m'ont dit que je ne devais pas appeler mon disque "Démodé", parce que je donnais le bâton pour me faire battre. Mais je ne le pense pas.

A propos, que devient Cédric Atlan (ndlr : "Enfin on plaît aux filles" en 2003), dont nous n'avons plus aucune nouvelle ?
Je crois qu'il a tout arrêté et qu'il a complètement changé de voie.

Visionnez le clip d'Arnold Turboust, "Hillary" (2008) :
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Comment est née la rencontre avec Stéphane Alf Briat ?
On s'est souvent croisé en studio. J'avais beaucoup aimé son travail sur l'album de Jean-Benoit Dunckel, du groupe Air, et dernièrement, celui qu'il a réalisé sur l'album d'Arnaud Fleurent-Didier, "La reproduction". Je suis allé le trouver, et il a accepté. C'est d'ailleurs lui qui m'a aiguillé sur "Démodé", sinon, mis à part les guitares, réalisées par un pote, les basses et la batterie, par un autre, j'ai tout réalisé moi-même.

Dans ton aquarium ?
"Histoire de déplafonner" (sourire).



Tu as cette faculté à réaliser des chansons au textes souvent sombres, sur des mélodies légères et nonchalantes. As-tu conscience de cette patte Turboust ?
Je trouve que c'est effectivement plus intéressant. Ça évite le plombage complet (rires). On peut dire des choses graves sur un ton léger. En ça, je suis assez fan de l'univers de Philippe Katerine par exemple.

J'ai beaucoup donné à Etienne, énormément. C'est pas mal compliqué
Pourquoi la collaboration avec Etienne Daho a-t-elle pris fin il y a quatorze ans, avec l'album "Eden" ?
Pour tout te dire, c'est pas mal compliqué Etienne et moi, il y a souvent des situations de froid, de flottement. Mais je ne dis pas qu'un jour... je n'en sais rien en fait. Nous allons d'ailleurs nous croiser le 4 novembre prochain sur le plateau de l'émission "Le rendez-vous", à 19h00, sur France Culture, sur lequel nous sommes invités tous les deux, lui pour son album avec Jeanne Moreau, et moi avec "Démodé" (sourire). J'y jouerai un titre en live.

Tu as pourtant enregistré une reprise de son titre "La balade d'Edie S." pour l'album tribute "Tombés pour Daho", il y a deux ans (Top 114 en 2008). Quel retour as-tu eu de sa part ?
Et bien tu fais bien de m'en parler, parce que je me rends compte que je n'en ai eu aucun. Aucun retour de sa part.

C'est pas très classe...
(sourire).

Sincèrement, souffres-tu de la comparaison immédiate avec Etienne Daho de la part des journalistes lors des interviews, ou même du public qui a longtemps confondu son timbre de voix au tien ?
Plus maintenant. J'en ai pas mal souffert au début, sur l'album "Let's Go A Goa" notamment, il y a longtemps donc. Tu sais, j'ai beaucoup donné à Etienne, énormément. Ensuite j'ai compris que de toutes façons le style lui appartiendrait, et que m'en détacher serait difficile. J'ai laissé tomber.

"Adélaïde" a été un raz de marée, on l'a entendue partout
En 1986, "Adélaïde" (Top 23), en duo avec Zabou (ndlr : Breitman, devenue depuis réalisatrice) est sur toutes les lèvres, et en tête des charts. La suite a-t-elle été difficile ?
"Adélaïde" a été un raz de marée, même si la chanson a mis trois mois à démarrer en radios. Ensuite, on l'a entendue partout. Ce qui s'est réellement passé, c'est qu'au moment de lancer le single suivant, "Les envahisseurs", la direction artistique de mon label Philips, celle qui y croyait et le défendait, a été remerciée. Comme c'est souvent le cas dans ce genre de remaniements, l'équipe nouvelle n'était évidemment pas motivée de la même manière. Le single, qui venait depuis 15 jours d'être intensément travaillé, en a évidemment souffert. Ça l'a plombé net. Finalement j'ai travaillé d'autres titres, et quand je les ai présentés au label, ils se sont décidés, séduits, à lancer l'album. Il était sans doute un peu tard (sourire).

Visionnez le clip d'Arnold Turboust et Zabou Breitman, "Adélaïde" (1986) :
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C'était en 1989, l'album s'appelait "Let's Go A Goa", chez Phonogram/Philips, produit par Rico Conning et toi même, avec les auteurs Tess, Benjamin Minimum, Etienne Daho - notamment sur le single "Francine' Song", et un visuel de Jean-Baptiste Mondino. Est-il toujours disponible ?
Non je ne crois pas, ou peut-être sur certains sites.

Penses-tu un jour réaliser une réédition de tes albums ?
Pourquoi pas.

Est-il envisageable aussi d'imaginer à un Best Of ?
Ça je t'avoue que j'aimerai beaucoup (sourire). Avec des versions originales, inédites, mais aussi des remixes. Il est très probable qu'une compilation voit le jour, car j'y pense déjà depuis un petit moment (sourire).

Qui est aujourd'hui propriétaire des bandes et des éditions d'"Adélaïde" ?
La production c'est Universal, puisque le 45 tours était à l'époque chez Phonogram, et les éditions rachetées par Virgin, sont donc aujourd'hui chez EMI.

Il est très probable qu'une compilation voit le jour
Ensuite il y a donc l'opus "Mes amis et moi", en 1994, produit par Jack Bally, Bertrand Burgalat et toi même, et signé chez Barclay.
Oui, et j'ai été très déçu que cet album ne rencontre aucun succès. Il a vraiment laissé tout le monde indifférent, les médias et le public. Aussitôt après la promo, j'ai commencé le travail sur "Eden" avec Etienne, et j'ai co-réalisé deux morceaux pour l'album de Brigitte Fontaine, "Genre humain", dont un avec Les Valentins. En parallèle, j'ai réalisé de nouvelles chansons avec Jack Bally, un grand partenaire musical pour moi. Un album devait paraitre en 2002, mais ce dernier est décédé, et toute cette aventure s'est envolée. Je ne voulais rien sortir sans lui. C'est bien plus tard qu'un ami, Stéphane Loisy, est venu me trouver pour me dire qu'il fallait que je chante à nouveau.

Visionnez le clip d'Arnold Turboust, "Mes amis et moi" (1994) :
Le player Dailymotion est en train de se charger...


Entre temps, il y a quand même ta vie personnelle, ta vie de famille.
Oui, j'ai construit ma famille, j'ai eu des enfants, qui sont adolescents aujourd'hui (sourire).

J'ai été très déçu que cet album ne rencontre aucun succès
Quel regard portent-ils sur le travail musical de leur papa ?
Ils ne savent pas grand chose de ce que j'ai pu faire (sourire). Je ne leur en ai pas souvent parlé. C'est à dire que mes enfants m'ont toujours connu à faire de la musique, ça n'a rien d'exceptionnel pour eux. Ils trouvent ça normal, puisqu'entre mes disques, je réalise des musiques publicitaires, des génériques pour la télévision, notamment Eurosport, ZDF, TF1... ou récemment pour la compilation "Revisited Into Lounge Music", aux côtés de Pimpi Arroyo, Ana M, Le Tone. Et ils n'ont évidemment pas connu la grande période 80's.

Maintenant avec Internet, ils ne peuvent pas y échapper, tu vas être démasqué !
(rires) Mes enfants écoutent pas mal de groupes de rock, grâce à eux j'ai découvert Vampire Weekend ou Pete Doherty par exemple (sourire).

Pourquoi avoir fait appel à Barbara Carlotti, en duo sur "Mon bel oiseau" ?
C'est mon ami Jean-Emmanuel Deluxe qui m'a parlé d'elle. J'avais la chanson, que je voyais en duo. Il me l'a alors présentée, et nous nous sommes très bien entendus. C'est une grande interprète, de plus avec une véritable identité vocale, ça m'a bien plu. Je trouve qu'elle incarne très bien le personnage de cette chanson.

A la maison, c'est la loi des enfants !
Qui apprécies-tu de la jeune génération d'artistes français ? Tu as notamment récemment réalisé le nouvel album d'Yvon Chateigner.
Yvon est venu me demander de réaliser son disque (ndlr : sur lequel on retrouve aussi Dorval, Marie-Amélie, Pierre Faa de Peppermoon), ce que j'ai fait. Je lui ai également offert la chanson "Les fleurs bleues". Sinon, j'ai bien aimé ces dernières années la démarche des albums de Nouvelle Vague, j'ai craqué sur Emily Loizeau "A l'autre bout du monde"... mais tu sais, à la maison, c'est la loi des enfants (rires) !

«Vol au dessus d'une dépression» sur la chanson qui clôt l'album, est-ce autobiographique ?
Non. D'une manière générale d'ailleurs, mes chansons ne sont pas toutes autobiographiques. Je m'inspire aussi de ceux qui m'entourent. J'aimais juste cette idée descriptive selon laquelle tu es planté comme sur un hamac, face à un ciel bleu, qui d'un coup s'assombrit en dessous. Toi, au dessus de la dépression, tu ne veux pas en sortir. Que se passe-t-il alors ?



"La machine à sous", c'est une chanson dédiée à Jean-Luc Delarue non ?
(sourire).

"A l'Est est l'Ouest" traite des voyages, y es-tu sensible ?
Evidemment. Voyager c'est s'échapper, on en a besoin.

Pourquoi n'y a-t-il aucune photo de toi sur le visuel ?
C'est voulu. Je me suis rendu compte que chacune de mes pochettes d'albums contenaient du bleu et du blanc, avec un portrait. J'ai donc voulu du rouge ! Et sans photo (rires) ! J'aime aussi beaucoup la typo atypique du visuel.

Et ce signe, que représente-t-il ?
Selon toi ?

Une boule de Noël ?
Chacun s'y fera son interprétation, la signification de ce signe restera secrète (sourire).

Concernant "Adélaïde", es-tu étonné de ce que suscite encore cette chanson, vingt-quatre ans après sa création ?
Oui, surtout qu'à l'époque, je l'ai enregistrée très rapidement, en huit jours à Bruxelles, pendant que je réalisais des sessions sur l'album d'Etienne, "Pop Satori". La maison de disques était contente, moi pas vraiment. Depuis, elle a en effet été reprise de nombreuses fois, notamment par Thierry Cadet et Mônica Passos (sourire), et dernièrement j'ai découvert celle du duo japonais Kumisolo & Momus, c'est très surprenant (sourire) !

Visionnez le clip du duo Kumisolo & Momus, "Adélaïde" (2008) :


As-tu entendu celle qu'Alizée et Alain Chamfort ont chanté à la télévision ?
Non.

Est-ce qu'on t'a proposé de participer aux tournées nostalgiques, tels que celles de "RFM Party 80" ?
Non. Mais je ne sais même pas de quoi il s'agit exactement. Qui participe à ces concerts ?

Desireless, François Feldman, Début de Soirée...
Ah, ok (sourire).

J'ai hâte de remonter sur scène
Pour finir, parlons scène, tu seras sur celle du Sentier des Halles de Paris, le 9 décembre prochain. Comment va s'articuler la logistique de ce concert ?
Il s'agira d'une formule à trois. Juste claviers (et programmations) par moi-même, guitare par Xavier 'Tox' Geronimi, et basse/contre-basse par Roberto Briot. On est en train actuellement de tout mettre en place. J'ai hâte de remonter sur scène, car pour "Toute sortie est définitive" je n'avais pas réalisé beaucoup de concerts (ndlr : à L'Archipel de Paris en 2008), ne parlons pas des précédents... Là, j'imagine une bonne vingtaine de chansons, toutes représentatives de ma carrière, survolant les différentes époques, avec cohérence.


Merci Arnold.
Merci à toi Thierry, et à Charts in France.
Pour en savoir plus, visitez arnoldturboust.com, ou le MySpace officiel.
Pour écouter et/ou télécharger le nouvel album d'Arnold Turboust, "Démodé", cliquez sur ce lien.
Pour réserver vos places de concert, cliquez sur ce lien.

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