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mardi 02 avril 2024 16:59

"Il m'a tripotée partout" : le DJ Arnaud Rebotini accusé d'agressions sexuelles

Par Théau BERTHELOT | Journaliste
Passionné par la musique autant que le cinéma, la littérature et le journalisme, il est incollable sur la scène rock indépendante et se prend de passion pour les dessous de l'industrie musicale et de l'organisation des concerts et festivals, où vous ne manquerez pas de le croiser.
Comme le révèle Mediapart dans une enquête, sept femmes accusent Arnaud Rebotini de harcèlements et agression sexuelles. Si aucune plainte n'a été déposée, des proches collaborateurs du musicien électro assurent que "tout le monde est au courant" dans le milieu. Face aux accusations, le DJ prend la parole et se défend.
Crédits photo : Bestimage
On le connaît pour son travail de DJ ou encore pour la BO du film "120 battements par minute", pour laquelle il a reçu le César de la Meilleure musique de film en 2019. Aujourd'hui, Arnaud Rebotini fait l'actualité mais pas pour des raisons musicales. Le musicien électro est accusé de harcèlements et agressions sexuelles par sept femmes qui ont témoigné auprès de Mediapart, qui révèle l'affaire. Toutes racontent au média les agissements du compositeur français à leur égard, qui seraient survenus dans des situations similaires : des sets nocturnes, « dans des contextes où l'alcool coulait à flots », et avec une différence d'âge « notable » entre les jeunes femmes et le DJ français de 54 ans. Les faits s'étalent sur une période de 13 ans, entre 2006 et 2019.

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"Je me suis retrouvée (...) paralysée, honteuse"


C'est avec le récit de Nolwenn (son prénom a été modifié) que s'ouvre l'enquête de Mediapart, à travers une histoire survenue en novembre 2019, en marge d'un concert au Lieu Unique à Nantes. La réalisatrice et photographe, alors âgée de 34 ans, raconte avoir pris des photos avec Arnaud Rebotini dans une cabine photomaton située dans la salle de spectacles. Le compositeur aurait alors « posé » sa main sur sa jambe. Elle a protesté mais il aurait recommencé : « Le message n'était peut-être pas assez clair puisque sa main s'est reposée à peu près au même endroit et est remontée le long de ma cuisse pour finir sur ma fesse, dans le short. (...) Je me suis retrouvée à deux pas de la cabine, paralysée, honteuse ». Son compagnon de l'époque, Nicolas, abonde en son sens : « C'est en rentrant qu'elle m'a dit ce qu'il s'était passé. Elle était doublement choquée car elle venait de voir un artiste dont elle avait beaucoup aimé la musique et elle est tombée des nues en voyant l'attitude qu'il a pu avoir après ».

De son côté, Alix (prénom également modifié) raconte avoir été victime des agissements du DJ en 2006, alors qu'elle n'avait que 24 ans. « Il m'a brusquement sauté dessus et embrassé sur la bouche par surprise, sans que je ne comprenne pourquoi. Je l'ai repoussé, il n'a pas insisté » relate-t-elle, avant de révéler qu'elle a recroisé sa route en 2021 : « Quand il est arrivé, je n'ai pas pu le regarder dans les yeux et j'ai fait une crise de panique. J'ai pris le premier train, j'ai quitté le festival pour lequel je travaillais car je ne supportais pas sa présence ». Et de poursuivre : « Avec le succès de "120 Battements par minute", il traîne beaucoup dans la scène queer. On a proposé à l'une des artistes avec qui je travaille de jouer avec lui. Comme je l'ai mise au courant, elle ne l'a pas fait et a sacrifié un beau cachet à son intégrité morale ».



"Une crevette face à un cachalot"


Autre témoignage mis en exergue par Mediapart, celui de Sophie lors du festival RaveOn en mai 2014 à Annecy. Dans les coulisses, la jeune femme qui avait 28 ans dit s'être sentie « comme une crevette face à un cachalot » : « Je l'ai salué car c'était l'artiste de la soirée. Il m'a draguée lourdement très vite. Je me suis retrouvée dans une position où il m'avait mise un peu à l'écart, derrière un camion. (...) Il m'a embrassée et tripotée de partout. Il n'était plus dans la drague, il était dans la consommation de son petit bout de viande ». L'organisateur de RaveOn explique avoir été mis au courant à l'époque de l'histoire, et se désole que cela soit « passé comme une simple anecdote ».

Et ce n'est visiblement pas le seul. Mediapart révèle que « tout le monde est au courant » dans le milieu de la musique électronique, mais que personne n'a levé le petit doigt à cause de sa popularité : « Il rapporte beaucoup d'argent, remplit des salles entières. Pourquoi renoncer à cette économie compte tenu du fait qu'aucune accusation n'a été rendue publique ? ». De nombreux collaborateurs d'Arnaud Rebotini assurent avoir été également au courant. « Des copines à moi ont subi des choses. C'est grave mais ce sont des histoires assez anciennes. Arnaud est quelqu'un qui a fait un chemin de reconnaissance de ses mauvais comportements, que je sens dans une repentance » se défend Joran Le Corre, directeur booking de l'agence Wart Music, tandis qu'un ancien manager du DJ complète : « [J'ai] toujours entendu des bruits qui couraient sur son attitude vis-à-vis des femmes. Mais je n'ai jamais assisté à une scène où je l'aurais vu agir de manière déplacée ».

"Des choses que je ne referais plus"


Interrogé par Mediapart, Arnaud Rebotini dit ne pas se souvenir de cette soirée avec Nolwenn en 2019 à Nantes : « Ce n'est pas un comportement que je pourrais avoir, même en étant saoul. Ou alors, je ne l'ai pas fait exprès. Pour moi un non, c'est un non. Je suis plutôt dans la séduction que dans le rapport sexuel ». Pour l'heure, Mediapart précise qu'aucune plainte n'a été déposée. Mais Arnaud Rebotini se défend : « Oui, j'ai été un dragueur relou, à l'ancienne, mais je ne pense pas avoir été un agresseur sexuel. Si je me suis mal comporté et qu'elles ont subi un traumatisme, je m'en excuse. Ce sont des choses que je ne referais plus, je suis complètement passé à autre chose ».

Quant à l'histoire de Sophie à Annecy, il ne se souvient pas non plus de cette soirée : « Même le festival en lui-même, je ne vois pas. Autant j'ai pu draguer des filles, les baratiner, mais plaquer une fille pour l'embrasser de force, non, je ne pense pas ». Et le DJ reconnaît sans problème que des bruits courent dans le milieu sur son comportement : « Je sais que j'ai cette rumeur qui tourne autour de moi, ça m'a beaucoup affecté. J'ai essayé de rentrer en contact avec cette personne pour essayer de comprendre. Je ne me souviens pas d'avoir eu un comportement déplacé avec elle ». Pour l'heure, l'un des prochains sets d'Arnaud Rebotini est prévu le 7 mai prochain dans le cadre du festival La Madrague à Paris. Il est toujours présent sur l'affiche. Il proposera également un remix de "Désenchantée" pour l'album "Remix XL" de Mylène Farmer qui sort le 19 avril.

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