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Propos recueillis par Julien Gonçalves.

En quoi c'était important pour toi de célébrer la funk brésilienne sur ton nouvel album "Funk Generation" ?
Oh ça oui, c'était vraiment important ! Ça a toujours été un rêve pour moi, l'envie de sortir un album de funk brésilienne. Et c'est très simple : ce sont mes origines, c'est là d'où je viens, c'est la musique avec laquelle j'ai grandi aussi. C'est ce style de musique qu'on fait dans les favelas, donc c'était plus qu'important de faire un album qui embrasse vraiment ma culture. J'adore plein d'autres styles, et j'en ai fait beaucoup d'autres, comme le reggaeton, et vraiment j'adore ça, ce sont des genres qui me passionnent, mais je suis heureuse d'avoir ce projet qui représente ma culture et ma vie, qui je suis.

Et c'est un genre qui a été souvent marginalisé aussi...
Oui, pendant de nombreuses années, faire de la funk brésilienne c'était considéré comme un crime, comme ça venait du ghetto, des gens pauvres... C'était associé à la criminalité, à la violence. Donc oui c'était aussi très important de faire cet album pour ces raisons-là, pour montrer que le Brésil et ses favelas ce n'est pas forcément ce qu'on entend partout. On est tellement plus que ça ! On aime la culture, on est intelligents, on a toujours le sourire, on est heureux même avec peu. J'aime ça chez nous. Je voulais quelque part réhabiliter ce style et ce peuple que j'aime tant. C'est un style qui réunit les gens et qui fait du bien.

Ce que j'aime chez toi, c'est ta liberté. Que ce soit sur scène, dans tes clips, dans tes paroles parfois très explicites... C'est puissant de chanter des mots crus, d'être qui on a envie d'être ?
(Elle rit) Alors, la raison pour laquelle les chansons de cet album sont particulièrement explicites, c'est surtout parce que quand on fait de la funk brésilienne, c'est comme ça. Les paroles sont toujours très frontales, très sexuelles. Donc j'ai essayé de faire ça dans les règles de l'art, d'être la plus loyale possible au genre, à ses codes, à cette culture, au rythme... Mais oui j'aime chanter ça, la sexualité ça fait partie de nos vies, à tous. On doit arrêter de stigmatiser les gens qui en parlent ou qui le chantent. On devrait être libres d'être sexuels ! C'est la vie ! Et puis on a plusieurs facettes, on n'est pas qu'une seule chose. Ce n'est pas parce que je suis quelqu'un de sexuel que je ne suis pas une personne spirituelle par exemple ou que je ne suis pas très attachée à la famille.



Et puis les hommes chantent tout le temps des paroles sexuelles, et ça ne dérange personne...
Exactement ! Il y a tellement d'artistes masculins qui le font... S'ils le font, et parfois de manière bien plus explicite, pourquoi ce serait un problème quand c'est au tour des femmes ? On doit pouvoir faire la même chose, et sans être jugées.

Tu chantes en anglais, en espagnol, en portugais bien évidemment, et même un peu en français ou en italien. Quelle est la langue dans laquelle tu préfères chanter ?
Evidemment, le portugais est ma langue natale mais je dirais l'espagnol ! En vrai, j'aime bien les défis, et j'aime bien essayer de nouvelles choses. En ce moment, je me sens super à l'aise quand je chante en espagnol car je me sens libre, en sécurité, j'aime vraiment beaucoup cette langue. L'anglais ce n'est pas encore aussi naturel. Je vais être honnête, chanter en français, c'était super difficile ! (Rires) Mais je me suis éclatée à le faire. Et en plus, le français c'est une langue super sexy. D'ailleurs, j'ai adoré mes concerts en France, c'était vraiment génial. Mais là, comme on est à Milan, je vais chanter mes chansons en italien.

Tu voyages et chantes dans le monde entier, j'ai l'impression que tu n'arrêtes pas. Tes deux séries documentaires sur Netflix montrent à quel point tu es une acharnée de travail. Comment tu fais pour préserver ta santé mentale et physique ?
En réalité, je suis devenue très spirituelle, et ça m'aide beaucoup à gérer le stress et la fatigue, car c'est vrai que j'ai un rythme assez intense. J'essaie de trouver toujours du temps - et encore plus quand je suis en tournée - pour me faire des sessions de méditation et du yoga kundalini. J'en ai encore fait ce matin. Quand on est en tournée, c'est difficile d'être vraiment ancré car on change de ville, de pays ou d'Etat tous les deux jours ou tous les jours. Donc quand j'arrive dans une nouvelle ville, j'ai besoin de me recentrer pour aller mieux, me sentir bien là où je suis.

Sur scène, tu danses non-stop. C'est très physique ! Comment tu fais pour que ton corps ne souffre pas trop ?
Ce n'est pas du tout une chose simple, c'est vrai. Il faut faire attention à l'alimentation déjà, je dois faire pas mal d'échauffements. C'est aussi une partie très difficile quand je suis en tournée. En vérité, quand je suis en tournée, je ne suis jamais aussi healthy que je le devrais, car c'est vraiment un rythme de dingue, on mange en décalé, on dort en décalé, il y a énormément d'adrénaline et puis ça chute, et ce n'est pas évident à gérer sur le long terme.



Tu as décroché un tube en France avec Dadju sur "Mon soleil"...
Oh oui, je l'adore !

Tu aimerais refaire un titre avec lui ?
J'adorerais oui ! Absolument. C'est un super mec, il est adorable et très talentueux. S'il m'appelle pour faire un autre morceau, je dis oui tout de suite. J'ai vraiment adoré ce qu'on a fait sur "Mon soleil". On n'en a pas encore parlé mais je suis dispo là, maintenant ! (Rires)

Avec quels autres artistes français aimerais-tu collaborer ?
Aya Nakamura, bien sûr ! C'est la meilleure ! Elle a tellement de succès. J'adore ce qu'elle fait et j'aime beaucoup sa personnalité. C'est une femme forte comme moi. Je pense qu'on pourrait faire des trucs vraiment dingues toutes les deux. Après, j'aimerais aussi travailler avec Tayc. Il est très cool, j'adorerais faire un truc avec lui, j'aime beaucoup ce qu'il fait, sa musique est super. Je suis prête donc les deux, c'est quand ils veulent !

Dernière question, quel est ton lien avec la France et le public français ?
Oh j'adore la France ! Qui n'aime pas la France ? Et surtout j'adore les gens en France. Ils ont vraiment une super énergie, malgré ce qu'on peut entendre parfois. J'ai l'impression que les Français sont passionnés de musique, qu'ils aiment vraiment plein de styles différents, ils sont ouverts, et ils ont beaucoup de goût. Du coup, je me sens super libre de jouer ma musique chez vous, de vous présenter ma culture. Et vraiment, je ne dis pas ça car tu es en face de moi, mais le public français a été incroyable quand j'ai fait mes concerts à Paris il y a quelques jours. Vraiment, je n'en revenais pas. C'était le feu ! J'ai déjà hâte de revenir car je crois que ce sont les concerts où je me suis le plus éclatée sur scène.