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dimanche 18 septembre 2016 12:30
AlunaGeorge en interview : le nouvel album "I Remember", Sia, le féminisme...
Ultra lookée, une détermination sans faille dans le regard, Aluna Francis est une femme de pouvoir. Rencontrée à Paris, le visage et la chanteuse du duo AlunaGeorge évoque la genèse de son nouvel album "I Remember", l'importance de respecter son intégrité artistique, son admiration pour Frank Ocean et sa future tournée avec Sia.
Crédits photo : Lloyd Pursall / Polydor
Il s'est passé beaucoup de choses depuis la sortie de votre premier album "Body Music" il y a trois ans. Le succès du remix "You Know You Like It" par DJ Snake a fait exploser votre cote de popularité, pas seulement au Royaume-Uni, mais aussi dans le monde entier. Dans quel état d'esprit étiez-vous au moment d'amorcer cette deuxième étape ? Simplement celui de continuer à écrire et se faire plaisir. Il n'y a rien d'autre qui compte. Cet album, c'est le nouveau bébé de deux artistes qui ont grandi musicalement. On s'est toujours efforcé de repousser nos limites, que ce soit sur le songwriting ou la production, donc c'est la suite naturelle d'un processus. On voulait continuer à se faire plaisir Vous ne vous êtes pas mis la pression ? Il y a maintenant des millions de gens qui attendent avec impatience vos prochains morceaux.Oui mais ça, ça n'a pas grand chose à voir avec la musique. (Sourire) Quand tu écris des chansons, tu ne dois te focaliser que sur la création. Tu ne peux pas réfléchir à comment vont être accueillis tes futurs morceaux, parce que tu n'as aucun contrôle là-dessus. Alors bien sûr, tu as des pressentiments ! Tu sens bien qu'en mixant telle ou telle chose, la mayonnaise prend et tu te retrouves avec du matériau solide entre les mains... Mais le potentiel commercial d'une chanson, ça ne doit pas, à mon sens, rentrer en ligne de compte. Ni dicter tes choix artistiques. Tu formes un tandem soudé avec George Reid. Comment fonctionne la répartition des tâches entre vous ? Il s'occupe de la production et moi je gère le département écriture. (Sourire) On s'inspire tous les deux, on appris beaucoup l'un de l'autre. Ce qu'il y a de très sain dans notre dynamique, c'est qu'on s'autorise à prendre des risques, à tenter de nouvelles choses. C'est très organique. Un jour on s'assoit en studio pour se mettre ensemble au travail, un jour j'arrive avec des paroles et George construit une mélodie autour... C'est toujours différent. Où as-tu trouvé l'inspiration pour vos nouveaux morceaux ? Dans la vie de tous les jours, dans les histoires des personnes que je rencontre. Mais sur cet album, beaucoup de titres sont inspirés par ma propre expérience. Avec le temps, j'arrive à prendre de la perspective, du recul sur des événements, sur ma manière d'écrire. Par exemple, j'ai écrit la moitié du texte de "I'm In Control" d'une traite, avec des paroles différentes du titre tel qu'on le connaît aujourd'hui. Et quand je me suis repenchée dessus un peu plus tard, quelque chose s'est débloquée en moi, et j'ai alors pu raconter la deuxième partie de l'histoire. Être féministe, c'est important Tu t'inspires parfois du cinéma et de la littérature ?Non, mais je pense que cela viendra plus tard. Pour le moment, j'ai du mal à me projeter dans une oeuvre, je trouve ça trop... fictionnel pour y trouver un lien avec ma musique. Je lis beaucoup, je regarde beaucoup de films mais dans une chanson, j'ai besoin d'être ancrée dans le réel, de comprendre pleinement de quoi il est question. Donc ça doit venir de moi. Je ne suis pas très douée pour inventer des personnages, en fait. (Rires) Tu as mentionné le single "I'm In Control", qui est une chanson forte sur le pouvoir des femmes. Sur le titre "I Remember", tu montres en revanche une facette plus fragile. Quel est le message que tu veux faire passer à travers cet album ? Peu importe les épreuves que tu traverses dans ta vie, tu possèdes en toi la force de les surmonter. Décrirais-tu votre musique comme féministe ? Pas exclusivement. Mais en tant que femme, qui aime se projeter en avant et encourage les autres à se dépasser, le féminisme est très important. Certains de mes textes peuvent effectivement être associés à ce mouvement, et si l'on veut les utiliser pour faire avancer la cause, je n'en serais qu'honorée ! En revanche, je ne me sers pas du mouvement féministe pour promouvoir ma musique, ou dicter aux gens leur façon de penser. Avec ce qu'il s'est récemment passé à Orlando ou ici à Paris, penses-tu que la musique a le pouvoir de changer le monde ? Je pense que les gens ont le pouvoir de changer le monde. La musique, elle, a le pouvoir d'unir les peuples. Découvrez le clip "I'm In Control" d'AlunaGeorge : J'admire Kendrick Lamar J'ai l'impression que vous vous êtes éloignés de ce mélange pop-R&B qui enrobait votre premier album pour explorer d'autres d'horizons sur celui-ci. Il y a du dancehall, des reflets jazzy, des collaborations avec Flume, Zhu, Popcaan... On essaie de proposer quelque chose de différent sur chaque morceau. Flirter avec le dancehall, ça s'englobe donc dans ce processus de renouveau. On ne voulait aucune collaboration sur le premier disque. Pour définir notre propre son. Mais ces derniers mois, ces dernières années, on a rencontré énormément de musiciens avec qui les idées ont fusé. George et moi, on s'est senti plus flexibles, plus libres de traduire nos divers amitiés en chansons. Parce que maintenant, le public nous connaît déjà ! (Sourire) Notre identité existe déjà. Donc on peut jouer avec... Après, notre méthode de travail est exactement la même que sur notre premier disque. En fait, la plupart du temps, nos morceaux étaient déjà terminés et on demandait ensuite à un artiste d'ajouter sa touche personnelle. On a aussi invité Leikeli47 et Dreezy, deux rappeuses américaines qui envoient du lourd. On aurait voulu plus de collaborations mais elles n'ont pas pu aboutir... Manque de temps ou d'alchimie ? Pas assez de temps en studio ! Quand tu bosses avec d'autres artistes, c'est très compliqué de s'accorder. Ils sont en tournée, tu es en tournée... C'est un miracle de se retrouver autour de la même table ! (Rires) Avec qui aimerais-tu collaborer dans le futur ? Simplement quelqu'un que je rencontre et apprécie. Après, j'admire Kendrick Lamar, Frank Ocean, Santigold, M.I.A... J'ai des goûts très éclectiques. "Mediator" est un morceau assez singulier dans l'album, langoureux et très seventies. Comment est-il né ? On l'a écrit à Henley, une petite ville campagnarde de l'Angleterre, pas très loin de Londres. On était dans une belle résidence et un soir, George a fait venir ses amis musiciens pour enregistrer la partie instrumentale. Moi je n'étais pas là, je les ai laissés faire leur business ensemble. (Sourire) Je crois que ce titre atteste bien de la divergence de nos goûts musicaux. Lui est beaucoup branché R&B, soul et folk que moi, qui vénère par dessus tout la dance et la pop alternative. C'est là, c'était son bébé ! On n'est pas dans un conflit d'égo Comment faites-vous pour maintenir cette complicité entre vous, alors que vous possédez chacun votre propre identité artistique ? J'imagine que vous tombez parfois en désaccord...On est pas plus intelligents que d'autres, ni spéciaux. On a juste eu la chance de se rencontrer ! Je crois que nos personnalités collent bien ensemble, mais on ne fait rien de particulier pour ça marche, on ne se force pas. C'est une évidence depuis le tout premier jour, où il s'est chargé de remixer l'un des titres de mon ancien groupe sur MySpace. On éprouve beaucoup de respect l'un envers l'autre et on n'est pas dans un conflit d'égo. C'est peut-être ça la clé de notre relation. Vous partirez cet automne en tournée avec Sia et Miguel. Sur le papier, c'est très surprenant comme association ! Vraiment ? Je trouve qu'elle est parfaitement logique ! C'est un line-up très excitant, surtout pour nous. C'est très difficile de trouver le bon artiste avec qui partager l'affiche. Mais Miguel et Sia sont tous les deux capables de maîtriser des morceaux comme personne, des titres avec des messages puissants. Je suis super impatiente. C'est Sia qui est venue vous chercher et ce sont vos labels respectifs qui ont arrangé ça ? Non, en fait je l'ai rencontrée lors d'une soirée organisée après les Grammy Awards par Katy Perry, que je connais très bien. Sia chantait ce soir-là et on a pu discuter très brièvement. Elle est géniale. Je connais bien Miguel également, donc je ne sais pas, peut-être qu'on lui a suggéré notre groupe et qu'elle s'est dit "Pourquoi pas ? Ca peut être cool !". Nous on est en première partie donc notre but ça va de chauffer le public. Et ça, on sait faire ! Crédits photo : Lloyd Pursall / Polydor .
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