Alain KlinglerVariete Francaise » Variété française
mardi 18 janvier 2011 8:30
Alain Klingler chante la froideur de Catherine Deneuve
Par
Mathieu Rosaz
| Rédacteur
Le chanteur Alain Klingler est de retour sur scène à Paris au Zèbre de Belleville le 19 janvier 2011 et dans les bacs le 17 avec son quatrième album "Un invisible écrasement" (Ad Libitum-Ovniprod/Rue Stendhal) aux sonorités pop/rock ou acoustiques vintage : découvrez l'uvre d'un garçon venu d'une autre planète en visiteur inspiré, et écoutez notamment un extrait de son titre avec la voix de Catherine Deneuve !
Il y a une dizaine d'années, Alain Klingler publiait son premier album "Arrêtés pour vagabondage", très pianistique, dans lequel on devinait les influences de William Sheller, de Barbara, ou encore de Jean Guidoni, entre autres. Depuis, le musicien est allé explorer d'autres contrées : la pop anglaise, les musiques de films ou expérimentales, minimalistes ou grandiloquentes sans pour autant avoir tiré un trait sur sa formation classique qui fait de lui un pianiste hors-pair ayant le rare don de l'oreille absolue ! Si le titre de l'album "Un invisible écrasement" laisse présager des paysages obscurs, il pourrait s'appeler aussi "Un lumineux envol" tant les sujets et les climats sont variés, et donnent l'impression d'une mise à plat avant la renaissance. Alain Klingler compose toutes ses musiques et écrit la quasi-totalité de ses textes, même s'il lui arrive de faire appel à Benedict Abalio ou encore à la prolifique Elisa Point - écoutez sur ce lien (Christophe, Diane Tell, Caroline Loeb, le duo "Désolé" ). D'un titre ludique et sexuel comme "Gameboy" (« J'aimais bien tes manières de princesse / Tu jouissais pour de bon / Agrippé par la crinière ») , on passe à "La froideur" (« Je n'aime pas les sentiments tièdes / Les gens mous et les gens moites ( ) / Je préfère la froideur ( ) la politesse des rêveurs ») où le chanteur, en compagnie de son fou savant d'arrangeur Etienne Dos Santos, n'hésite pas à emprunter la voix de Catherine Deneuve lisant du Marguerite Duras avec crudité et élégance. "La froideur", l'une des plus belles réussites de l'album. Plus vraiment une chanson, mais une sensation, un parfum. Les réalisateurs David Lynch ou Stanley Kubrick, que Klingler adore, hantent cet album trouble et délicatement sophistiqué qui nécessite plusieurs écoutes et ne cesse de surprendre tant la richesse des sonorités est inépuisable. Alain Klingler est souvent là où on ne l'attend pas. Le contraire d'une autoroute, plutôt un chemin de traverse où il nous est impossible de deviner la phrase qui nous attend au prochain tournant comme cela arrive malheureusement régulièrement dans les productions de certain(e)s « Je sais très bien où vous en êtes / Ca fait longtemps que je vous vois / Je lis ce qu'il y a dans vos têtes / On se demande ce qu'on fout là ( ) Ou peut-être que je me projette » Visionnez Alain Klingler live, "Un invisible écrasement" : Alain Klingler fait partie de ces artistes en perpétuelle recherche et en constant renouvellement, ce qui lui a permis de réaliser l'habillage sonore de projets aussi divers que "Chroniques d'ici", un texte d'Anne Calas dit par Arthur H en 2009 (Editions Item) ou encore "Projet Replay - mémoires de répondeur" du comédien-plasticien Christophe Roussel, la même année, et dont un extrait clôt l'album sous forme d'une petite compilation de messages téléphoniques drôles, angoissés, coquins, graves, joyeux, enchantés, mis en musique avec habileté et sensibilité. « Je ne sais pas de quoi le passé sera fait / Les choses en savent plus que moi » chante-t-il dans "J'archive". L'artiste semble être arrivé à un carrefour musical aujourd'hui. Avec lucidité et intégrité, il va au bout de ses fantasmes et réussit une vie d'artiste libre dans un domaine de plus en plus formaté. Chapeau. On guette la suite tout en vivant l'instant et l'instant justement, c'est le spectacle "Un invisible écrasement" qui est de passage un soir seulement à Paris le 19 janvier prochain, au Zèbre de Belleville. A ne pas manquer ! |