Crédits photo : Montage Pure Charts / DR
Johnny Hallyday | "De l'amour"
Rock à Johnny. Avec
"De l'amour", le cinquantième album de sa carrière,
Johnny Hallyday a voulu se recentrer sur le rock de ses débuts. Un retour aux sources, arrangé par Yodélice, pour lequel il délaisse la variété pour se pencher sur des sonorités dépouillées, inspirées des années 50. Pour marquer le coup, l'ancienne idole des jeunes s'est entourée d'une pléiade de talents de la chanson française, de
Vincent Delerm ("Une vie à l'envers") à Christophe
Miossec ("Mon coeur qui bat"), en passant par Jeanne Cherhal. Cette dernière signe d'ailleurs les plus belles chansons du disque. Si l'amour est au programme, comme l'indique le titre de l'album et
la chanson éponyme avec son ambiance rockabilly, Johnny s'engage et milite dans des morceaux en phase avec son époque. "Valise ou cercueil" évoque l'instinct de survie des migrants, "Un dimanche de janvier" revient avec émotion sur la marche républicaine de janvier dernier suite aux attentats de "Charlie Hebdo", "Dans la peau de Mike Brown" - au texte lourd - revient sur la ségrégation et les bavures policières aux Etats-Unis... Heureusement, Johnny se livre un peu ("Tu es là") et l'espoir est évidemment de mise, grâce notamment à "Des raisons d'espérer", composé par le rockeur himself. Un cru correct, mais consensuel, qui manque de modernité et de prises de risques.
JG
Ça ressemble à l'album d'un rockeur de 72 ans
A écouter : "Tu es là", très jolie déclaration d'amour
A zapper : "Valise ou cercueil", qui nécessitait un peu plus de finesse tant dans le texte que dans le son
Anggun | "Toujours un ailleurs"
Voyage ordinaire. Autant le dire tout de suite,
Anggun n'a pas révolutionné la pop. Mais elle n'en a tout simplement pas la prétention, juste celle de chanter ce qui la touche depuis 30 ans. Pas de grand changement en vue donc pour son sixième album français, si ce n'est que l'interprète y apparaît plus apaisée. En effet, aucun éclat de voix ni de surenchère dans les aigus ne vient troubler la douceur des mélodies ("Est-ce que tu viendras ?"). La voix chaude et envoûtante de l'Indonésienne est plus posée et permet de mieux apprécier des textes plus personnels qu'il n'y paraît ("Toujours un ailleurs"), poétiques aussi, et souvent à portée universelle. L'artiste évoque notamment le besoin d'une plus grande égalité entre les hommes, de justice aussi, et nous invite à réfléchir au monde que nous laisserons derrière nous (
"A nos enfants"). C'est en qualité d'humaniste qu'elle dépasse les frontières, chantant aussi en anglais et en espagnol ("Perfect World"), et même en indonésien ("Il suffit"). La
world music côtoie ainsi la pop ("A quelques pas de nous"), donnant à entendre un disque homogène, une sorte de voyage qui manque tout de même d'un peu de relief et surtout de piquant, la faute à l'absence de titres forts. Certains arrangements sont par ailleurs désuets et le duo
"Nos vies parallèles", partagé avec Florent Pagny, déçoit.
JH
Ça ressemble à la musique d'Anggun influencée par l'Amérique Latine
A écouter : "A quelques pas de nous", pour ses churs sublimes
A zapper : "Mon capitaine", légèrement dépassé
James Morrison | "Higher Than Here"
Perdu de vue. Disparu des écrans radars depuis "The Awakening" en 2011,
James Morrison opère un
comeback bien timide avec "Higher Than Here". Difficile de retrouver dans cette collection de titres pop-soul sans relief la magie des "You Give Me Something", "You Make It Real" et autres "Broken Strings". La voix rocailleuse du chanteur britannique, qu'on a tant aimée, constitue l'un des seuls, si ce n'est la seule attraction du disque : robinet à sentiments, elle est authentique et vertigineuse, fragile quand il le faut et remet du baume au coeur quand bien même le musicien parle d'amour conflictuel ("Too Late For Lullabies"), de solitude (
"Just Like A Child") ou de vies brisées ("Right Here"), en résonance aux drames personnels qu'il a vécu avec la mort de son père et de son frère. Sa démarche est sincère mais pêche sur les finitions. L'entame brûlante du disque avec
"Demons" et "Heaven To A Fool" ne tient pas ses promesses sur la durée. Pire,
James Morrison tombe dans la facilité de disséminer ça et là des choeurs gospel pour conférer une saveur à des morceaux foncièrement génériques ("Reach Out", "We Can"...). On attendait mieux.
YR
Ça ressemble à l'inverse du retour brillant de Paolo Nutini
A écouter : le tubesque "Demons" et "Stay Like This", petit bijou qui serre le coeur
A zapper : "Need You Tonight", un sous-John Newman