Pourquoi le Bataclan a été la cible des terroristes ?

Par Yohann RUELLE | Journaliste
Branché en permanence sur ses playlists, il sait aussi bien parler du dernier album de Kim Petras que du set de techno underground berlinois qu'il a regardé hier soir sur TikTok. Sa collection de peluches et figurines témoigne de son amour pour les grandes icônes de la pop culture.
Haut lieu de la vie nocturne parisienne et des amateurs de rock, le Bataclan avait déjà fait l'objet de menaces de groupes radicaux dans le passé. Le groupe Eagles of Death Metal, qui s'y produisait au moment où la fusillade a eu lieu, avait effectué une tournée en Israël cet été.
Crédits photo : Emmanuel Wino / Une des dernières images du concert des Eagles of Death Metal avant l'attentat
Au lendemain des attentats perpétrés en plein coeur de Paris, ces questions nous hantent-ils l'esprit : Pourquoi le Bataclan a-t-il été le théâtre d'un bain de sang ayant coûté la vie à 82 spectateurs ? Pourquoi a-t-on abattu de sang froid 132 parisiens profitant d'une soirée étonnamment douce de l'automne ? Pourquoi 352 blessés sont encore entre la vie et la mort dans les hôpitaux ? Pourquoi, tout simplement ? Il y a, bien sûr, beaucoup d'incompréhension. Et le sentiment d'une injustice cruelle. Mais c'est une certitude : ces attaques d'envergure ont été minutieusement préparées en amont.

"Une fête de perversité"


Dans son communiqué de revendication des attentats, l'Etat islamique a désigné le Bataclan comme le lieu « où étaient rassemblés des centaines d’idolâtres dans une fête de perversité ». La localisation de la salle mythique parisienne, au milieu du grand boulevard Voltaire, et son accès rapide depuis l'entrée qui donne directement sur la rue ont forcément pesé dans le choix du lieu. Mais le Bataclan faisait également depuis plusieurs années l'objet de menaces de la part de groupes radicaux, comme l'explique Le Monde dans un papier exhaustif. Et qui rappelle cette phrase, glaçante : « Nous avions un projet d'attentat contre le Bataclan parce que les propriétaires sont juifs ». Elle avait été prononcée en février 2011 par des membres de "Jaish al-Islam", l'Armée de l'islam, dans les bureaux de la CDRI tandis que les services français enquêtaient sur l'attentat-suicide ayant coûté la vie à Cécile, une jeune étudiante française qui participait à un voyage municipal au Caire en 2009.

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Des menaces antisémites


Les deux années qui ont précédé ce tragique événement, le Bataclan était en effet dans le collimateur de groupuscules extrémistes. En cause ? La tenue régulière de conférences ou de galas par des organisations juives, dont le "Magav", la police des frontières israéliennes. En décembre 2008, une dizaine de jeunes masqués sous des keffiehs s'en prenaient directement aux responsables du Bataclan dans une vidéo vindicative publiée sur la toile. Le meeting annuel du Magav avait été annulé dans la foulée. Depuis, les hostilités reprenaient de plus belle dès qu'un événement lié à la communauté juive était organisé.

Les Inrocks rappellent également que les Eagles of Death Metal avaient effectué une tournée en Israël cet été, malgré des appels au boycott. Le chanteur Jesse Hughes avait commencé son concert à Tel-Aviv en rappelant qu'il ne « boycotterait jamais un endroit comme celui-ci ». Invité au journal de France 2, l'ancien juge antiterroriste Marc Trévidic expliquait ce week-end qu'un terroriste présumé, arrêté en août dernier, avait reçu comme instruction de « commettre un attentat dans un concert de rock ». Si lui a échoué, d'autres sont parvenus à faire de leur dessein une affreuse réalité.

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