Crédits photo : Montage Pure Charts / DR
Lara Fabian | "Ma vie dans la tienne"
Pure classicisme. 45 ans sonne l'heure du bilan. Entourée de David Gategno et Elodie Hesme,
Lara Fabian revient avec un disque très classique, dans la lignée de ses premières compositions. Après avoir enchaîné les projets complexes, à l'instar du double-album
"Le secret", l'artiste mise donc sur une plus grand sobriété en présentant cet automne une série de 11 chansons mélodieuses, faisant la part belle à une voix toujours très bien maîtrisée, mais malheureusement pas assez captivantes. Peu de prises de risques, hormis peut-être "Envie d'en rire", où l'accordéon nous traîne sur le terrain de la bossa nova. De manière générale, les titres les plus rythmés sont les moins réussis, à l'instar du single
"Quand je ne chante pas", un peu désuet, ou "Ton désir", romantique, certes, mais dont le texte paraît bien trop naïf une fois qu'il est comparé à ceux des autres pistes. Car ce sont bel et bien les paroles qui sont ici le point fort.
Lara Fabian rend hommage à sa meilleure amie ("Ma vie dans la tienne") et à son mari ("Lillusionniste"), lorsqu'elle ne se confie pas sur les erreurs qui lui ont permis d'avancer. Un regard mature qui devient saisissant lorsqu'elle chante "S'il ne restait qu'un ami", une ballade émouvante, tout comme l'est "L'oubli", évocation du regret. "Ma vie dans la tienne" révèle donc subtilement les joies, les blessures et les attentes d'une femme et artiste. Dommage que l'habillage ne soit pas toujours à la hauteur.
JH
Ça ressemble aux albums "Nue" et "Carpe Diem"
A écouter : "S'il ne restait qu'un ami" et "L'oubli" sont deux ballades touchantes, et "Elle danse", un rien entraînant
A zapper : "Envie d'en rire" et "Quand je ne chante pas", des prises de risque auxquelles on n'adhère tout simplement pas.
Ellie Goulding | "Delirium"
Forte fièvre. C'est ce qu'on redoutait le plus : qu'Ellie Goulding dilue sa singularité sur des productions radiophoniques tristement faciles. Depuis qu'elle s'est acoquinée avec
Calvin Harris sur une succession de tubes, la chanteuse britannique semble avoir rompu définitivement avec la pop fragile et lumineuse de ses débuts.
"Delirium" vient donc cristalliser cette mue moins passionnante. Avec les
hitmakers Max Martin et Greg Kurstin,
Ellie Goulding fait le job mais sans passion sur un disque qui s'écoute, se danse et s'oublie dans la foulée. Oui, les rutilants
"On My Mind" et "Something In The Way You Move" sont calibrés pour accrocher l'oreille en quelques secondes... mais on leur préférait cent fois les ballades mélancoliques de "Halcyon", d'autant que la voix de la chanteuse semble noyée dans un déluge d'effets sonores. Ce n'est pas sa nouvelle popularité qu'on lui reproche mais plutôt l'insipidité de cet album fourre-tout, pas vraiment cohérent et croquant tous les styles, où
Ellie Goulding apparaît victime de son propre succès. Heureusement, quelques coups d'éclats sont là pour illuminer le tableau : l'inspiré "Around U", les sonorités exotiques de "Lost and Found", la douceur de "Army" et le superbe
"Love Me Like You Do", preuve qu'elle est capable de proposer des titres populaires de qualité.
YR
Ça ressemble à de la soupe pop FM sans sel
A écouter : "Army" et sa délicatesse, vestige d'un passé enfoui
A zapper : les productions cheap de "Devotion" et "Keep On Dancin'"
Seinabo Sey | "Pretend"
Sey bo. Et si la nouvelle reine de la soul, c'était elle ? Seinabo Sey, 25 ans et suédo-gambienne, a déjà trouvé son chemin sur son premier album "Pretend", largement inspiré de sa vie sentimentale... chaotique. Avec un naturel fou et une facilité déstabilisante, la chanteuse, croisement d'Emeli Sandé et Nina Simone, enchaîne les titres forts. Brisant toutes les barrières, à l'image des excellents singles "Younger", "Pretend" ou "Poetic", ses chansons piochent tour à tour dans la pop, la soul, l'électro ou le trip-hop. L'élégance des productions, le velours de la voix de Seinabo, les choeurs gospel, les voix robotiques et la puissance des textes permettent au disque de devenir l'un des albums incontournables de l'année. Dès les premières écoutes, les morceaux accessibles, et même les plus expérimentaux, ont une résonance profonde (l'acoustique et sur le fil "Still", le vibrant "Who"...). Un diamant brut.
JG
Ça ressemble à la soul du futur
A écouter : "Sorry", superbe ballade sombre, taillée pour le générique d'un James Bond
A zapper : "Easy", percutante mais trop similaire à "Hard Time"