Rock en Seine 2015 : Etienne Daho in, Jungle out... Les tops et les flops du festival

Par Julien GONCALVES | Rédacteur en chef
Enfant des années 80 et ex-collectionneur de CD 2 titres, il se passionne très tôt pour la musique, notamment la pop anglaise et la chanson française dont il est devenu un expert.
Rock en Seine 2015, c'est fini. Mais durant trois jours, 120.000 festivaliers ont vibré au rythme d'une programmation rock, mais pas que. L'occasion de se remémorer les tubes d'Etienne Daho ou d'Offspring, de danser sur les pépites pop de Marina and the Diamonds ou Years and Years, sans oublier quelques belles découvertes à l'instar de Seinabo Sey. Pure Charts y était et liste les tops et les flops du festival.
Crédits photo : Olivier Hoffschir
Cette année, Rock en Seine avait des parfums de vacances. Les 28, 29 et 30 août, au domaine de Saint Cloud, 120.000 festivaliers ont été frappés de coups de soleil autant que de coups de coeur, grâce à une programmation éclectique. Le rock a côtoyé l'électro, le rap et la soul ont tenté une percée, tandis que l'ancienne et la nouvelle génération ont tracé leur chemin pour parfois communier. Retour sur trois jours fous fous fous.

Retrouvez les lives de Rock en Seine en replay sur Culture Box.


Les temps forts : The Offspring, Marina and the Diamonds, Years & Years...


Pour sa 13ème édition, Rock en Seine a frappé fort dès sa première journée en rappelant de nombreux souvenirs aux trentenaires d'aujourd'hui grâce à Offspring. Ok les rockeurs ont plus de 50 ans aujourd'hui et leur répertoire décérébré est en total décalage avec ce qu'ils sont devenus, mais la machine à tubes, elle, n'a pas pris une ride. Joyeusement régressif, le son des 90's a résonné sur tout le domaine, aidé par les festivaliers s'égosillant sur "Why Don't You Get a Job?", "Gotta Get Away" ou "The Kids Aren't Alright". La nostalgie paie toujours ! Une heure plus tard, Kasabian a repris le flambeau sur la Grande Scène, aidé par un florilège de riffs énervés, d'une batterie folle et de jeux de lumière aussi explosifs que ses refrains. Mention spéciale à la tornade "Re-Wired" suivie de "Word Up!" de Cameo.

Crédits photo : Nicolas Joubard
Juste avant, Fauve a mis fin à sa tournée en nous faisant passer une nuit moite avec ses titres écorchés vifs. Deux ans après avoir foulé la scène Pression Live, le collectif a annoncé faire une longue pause, peut-être définitive. Le public a donc d'autant plus savouré les comptines pour adultes de la bande, à la fois tempétueuses et mélancoliques, sur fond de déchirure sentimentale, témoins d'une génération perdue à la recherche d'un idéal flou. Malgré une présence parfois caricaturale, Fauve n'a pas failli à sa réputation de bête de scène en enchaînant "Kané", "Nuits fauves" ou "Haut les coeurs", emportant la foule, un pincement au coeur.

Autre groupe, autre ambiance, autre style. Les petits nouveaux de Years & Years ont présenté leur premier album prometteur "Communion", propulsé par une scénographie bien pensée, alternant néons en pagaille et jeux d'ombres et de lumières. Le tout au rythme de leurs pépites taillées pour la scène comme "Desire", "Shine" ou l'explosif "King". Influencés par le R&B des années 2000, Olly Alexander et sa bande ont même repris "Breathe", tube de Blu Cantrell et Sean Paul. Guilty pleasure assuré.

Par contre, pas besoin d'artifices pour Stereophonics, qui a sans doute présenté le meilleur concert du festival, avec son rock bouleversant, bien envoyé dès la première piste "I Wanna Get Lost With You". Mais la digne Queen of pop de Rock en Seine reste MARINA and the Diamonds. Pour son premier festival français, elle a foulé la Scène de la cascade et prouvé qu'elle avait tout ce qu'il y a de plus rock'n'roll : l'attitude. Outre l'intro sur l'attendu et rebelle "Bubblegum Bitch", moulée dans une combi zébrée et futuriste et chaussée de talons compensés rose fluo, elle a fait gronder sa voix chaude sur les meilleures pistes de ses trois albums : "I Am Not a Robot" comme une revendication, les saisonniers "Froot" et "Blue", le hit live "Primadonna", pour nous abandonner trop vite après son hymne pop et garce "How to Be a Heartbreaker". Encore !

Les bonnes surprises : Etienne Daho, Tame Impala, Seinabo Sey...


Les derniers échos d'Etienne Daho en live n'étaient pas alléchants. Tel un phoenix, à 59 ans, Etienne Daho a fait revivre ses succès 80's avec brio. Souriant souvent, ému parfois, l'artiste a balancé son best-of en live devant un public de tous les âges, acquis dès les premières notes de "Satori Pop Century". Bercés d'illusions, les festivaliers ont senti la fièvre du samedi soir monter de titre en titre. Après un "Week-end à Rome" revisité avec délicatesse, et "Comme un boomerang", l'homme en noir a fait se succéder ses meilleures pistes dans une ambiance électrique : "Tombé pour la France", "Le premier jour (du reste de ta vie)", "Les chansons de l'innocence", "Epaule Tattoo". Un grand monsieur.

Avec un univers aux antipodes, les Libertines et Young Thug ont fait souffler un véritable vent de fraîcheur, tandis que Tame Impala a aussi fait des étincelles sur la Grande Scène. Un show magistral, sobre mais maîtrisé, lancé par "Let it Happen", extrait du nouvel album "Currents". Rayonnant et chaleureux, Kevin Parker a vu le soleil se coucher sur le domaine de Saint Cloud et en a profité pour nous emmener loin, très loin, avec ses pistes sous influence, kaléidoscopes d'émotion, comme "Eventually", "The Less I Know The Better" ou "Apocalypse Dreams", qui a mis fin à un voyage, non sans turbulences, sur la planète Tame Impala. On y reviendra !

Mais la révélation féminine de ce Rock en Seine restera sans aucun doute Seinabo Sey. Venue tout droit de Suède, dans sa robe rouge de déesse néo-soul, la sensation a mis tout le monde d'accord avec sa voix puissante. Malgré un talent indéniable, les festivaliers ne sont pas venus en masse découvrir les pistes personnelles et intimistes, mais puissantes et solaires, de ses différents EP. Difficile de résister à la fougue insolente de "Pretend", la grande classe de "Poetic", coup de coeur immédiat, "No Fool", interprété a capella, la force sombre de "Hard Time" et évidemment au fulgurant single "Younger", déjà remixé par Kygo. Un nom à retenir.

Crédits photo : Victor Picon

Les déceptions : Miossec, Ben Howard, Jungle...


Mais, comme chaque année, les déceptions ont également été au rendez-vous. Parfois, c'est la programmation qui a joué des tours aux artistes. C'est ce qui est arrivé à Miossec. Attendu sur la scène de l'industrie, l'artiste a dû faire face aux échos rugissants du concert de Offspring. « Faudrait piquer les vieux punks » ou « Achetez leur un skateboard ! » a-t-il lancé entre deux morceaux comme "Le défroqué" ou "La fidélité". Difficile pour le public de s'attacher aux textes ciselés de l'artiste breton, obligé alors de zapper ses ballades pour ne pas se faire recouvrir par le show d'Offspring sur la Grande Scène. "Brest" sera tout de même offert en rappel. Un joli moment.

Ben Howard était aussi très attendu mais sa musique folk contemplative n'avait visiblement pas les épaules pour un tel festival, surtout un samedi à 17h ! Sur scène, l'artiste britannique n'a pas fait beaucoup d'efforts pour rectifier le tir, alors que ses morceaux sont de petits joyaux, dont le troublant "Small Things" ou "I Forget Where We Were", déchirant. Si Jamie XX a présenté un DJ set brouillon et peu fédérateur, Jungle, pourtant très attendu, n'a pas galvanisé la foule comme prévu. La joyeuse bande s'est pourtant impliquée, présentant ses titres rock, fun et funky comme "Platoon" ou "Son of a Gun", mais l'alchimie n'a pas eu lieu. Triste jungle !

On a aimé : le soleil de plomb, l'ambiance générale des festivaliers à la cool et l'absence de blogueuses m'as-tu vu, les points d'eau, les scènes bien agencées, la programmation ouverte à la pop et l'électro...

On a détesté : la gadoue, le prix exorbitant des chouchous, les files d'attente partout, l'état des toilettes, certains choix de programmation...

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