Crédits photo : Montage Pure Charts / iTunes
Dans les pays du Moyen-Orient où la "police morale" sévit toujours, les popstars ne sont pas les bienvenues. Sauf si elles enfilent quelques vêtements supplémentaires ! Pour s'adapter aux traditions et croyances des sociétés conservatrices sans froisser les autorités religieuses, les maisons de disques se voient dans l'obligation d'édulcorer l'univers charnel d'artistes comme
Katy Perry ou Lady Gaga, considéré sur place comme une aberration. A l'heure où les corps se dénudent sur tous les supports (les récentes polémiques sur "Game of Thrones", à l'univers jugé trop sexuel, sont là pour en témoigner), cette censure peut paraître étonnante aux yeux du public occidental. D'autant que le résultat est parfois à la limite du grotesque.
Le "comité de la vertu" voit rouge
Rajout de pulls, de tissus noirs, de jupes pour cacher les bouts de chair trop exposés... Tous les moyens technologiques sont bons pour recouvrir la moindre parcelle de peau, scrutée en Arabie Saoudite par le "Comité pour le commandement de la vertu et la répression du vice". Une entité gouvernementale chargée de faire respecter la Charia jusque sur les étalages des disquaires, quitte à retoucher elle-même les pochettes coupables d'enfreindre la morale. Sur le visuel illustrant
"ARTPOP" (2013), le troisième album de Lady Gaga, la sculpture sphérique bleue de Jeff Koons a ainsi été agrandie pour recouvrir totalement la poitrine de la chanteuse américaine, laquelle est partie, d'un coup de pinceau magique, enfiler des collants noirs. Pas de string non plus sur le single
"Do What U Want" : c'est une jupette rose qu'arbore Lady Gaga. Nue sur la pochette de "Teenage Dream",
Katy Perry est ici recouverte de nuage.
Christina Aguilera ? Une déesse florale pour "Lotus" !
Une pratique qui remonte à loin
Le jeu du avant/après proposé par le
Daily Mail montre que la pratique existe depuis des décennies. L'une des cibles favorites de la censure religieuse ? Mariah Carey. Sur la pochette
girly et constellée d'étoiles de "Glitter" (2001) comme celle, sobre mais avec nombril apparent, de "Butterfly" (1997), la diva aux cinq octaves est rhabillée pour l'hiver avec une petite laine plus décente. Sexy en diable dans le clip culte de
"Can't Get You Out of My Head" et sur le photoshoot de "Fever" (2001),
Kylie Minogue a quant à elle complètement changé de... corps. La retouche photo, d'une qualité médiocre, se distingue parfaitement : sa tête a été incrustée sur le corps d'une danseuse orientale vêtue d'une tunique faite de voiles noires.
Une censure aléatoire
Interrogée par le
Huffington Post britannique, la blogueuse
Susie d'Arabie, qui a déménagé des États-Unis pour Jeddah en Arabie Saoudite en 2007, raconte que si la censure des corps féminins est très courante, elle est aussi très aléatoire. «
Des magazines, des packagings, des CD, des manuels médicaux et d'autres objets qui pourraient présenter des photos de femmes sont parfois trafiqués. Mais pas toujours », révèle-t-elle. «
J'ai vu déjà du marqueur noir camoufler des parcelles de peau nue pour faire croire à un vêtement. Ce qui est frappant, c'est l'inconsistance à laquelle ce filtrage est exercé. Dans les centres commerciaux, les visages de femmes sont souvent pixelisés ou floutés voire carrément noircis, alors que d'autres fois, ils sont laissés intacts », témoigne-t-elle. On ose à peine imaginer le travail de retouche exécuté sur
le fessier rebondi de Nicki Minaj pour "Anaconda"...