Crédits photo : Montage Pure Charts
Mathieu Saikaly | "A Million Particles"
Folkstar. Révélé dans "Nouvelle Star", dont il a
remporté la saison 10 en 2014 face à Yseult, Mathieu Saikaly, 22 ans, fait enfin le grand saut avec son premier album "A Million Particles". Un disque à dominante folk, intime et mélodieux, dont il a écrit et composé tous les titres, taillés pour la scène. L'univers de Mathieu se révèle moins théâtral que le laissaient penser ses prestations dans le télé-crochet. Maîtrisées, ses chansons oscillent entre une atmosphère magique et planante ("A Million Particles"), de jolies déclarations légères parfois naïves (
"Cliché cosmique", "Pour Bubz"), et des ballades où l'émotion bouillonne. Les textes ciselés, aussi réussis en français qu'en anglais, s'accompagnent de choeurs fédérateurs et de productions sobres mais soignées, à l'instar de
"Poison (Berceau de Caucase)", belle représentation d'un opus sublimé par deux pistes instrumentales, mais qui manque peut-être d'un ou deux tubes, et aussi d'un peu de rythme. JG
Ça ressemble à Elliott Smith et Jay Brannan, candide et made in Fance
A écouter : "Je t'ai cherchée", une chanson d'amour savoureuse, accrocheuse et positive, au rythme enlevé
A zapper : "Dans l'espace" au son saturé et au refrain raté
Years & Years | "Communion"
Amen. Oui, Years & Years est une petite machine à tubes. Le trio l'a prouvé en explosant le paysage musical avec
"King", hit pop-house ravageur, mais aussi les solaires "Desire" ou
"Shine". Sauf qu'à l'écoute de
"Communion", Y&Y montre une autre facette. Certes, la bande d'Olly Alexander a un talent fou pour concocter des mélodies radio-friendly ("Ties") et le flow du leader est savoureux du début à la fin. Mais Years & Years installe aussi une ambiance plus langoureuse, par le biais de nombreux titres mid-tempos. Sur "Foundation" ou "Worship", la voix du leader résonne en écho, des beats inspirés par le R&B fusionnent avec des nappes de synthés nocturnes, et Years & Years nous emmène ailleurs, presque dans l'univers de The Weeknd, entre deux ballades ("Without" est particulièrement réussie). On regrettera peut-être la trop grande homogénéité du disque et le manque d'étincelle parfois ("Real"). JG
Ça ressemble à Bastille qui aurait mangé The Weeknd
A écouter : "Take Shelter", enivrant avec sa touche tropicale
A zapper : "Eyes Shut", joli mais très facile et attendu
Tame Impala | "Currents"
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Tellement je tame. En deux albums, Kevin Parker, la tête pensante et pierre angulaire de Tame Impala, a dessiné les contours d'une pop psychédélique tout droit tirée d'un songe et d'une décontraction insolente. L'accueil dithyrambique réservé à "Lonerism" (2012) aurait pu effrayer la bande australienne, mais "Currents" vient placer la barre encore plus haut. Plus pop, plus abouti, plus onirique, plus direct aussi, ce troisième opus s'impose sans effort comme la bande-son rafraîchissante de l'été. Peu de déchets parmi ses 13 pistes groovées aux sonorités 80's, qui ne s'imposent aucune limite de temps pour nous égarer dans un dédale de synthés supersoniques, de riffs endiablés et de cordes planantes. Brandie comme une figure de proue dès l'entame de l'album, "Let It Happen" est le point de départ d'une odyssée remplie de musicalité (le rythme de "The Moment", la fin éblouissante de "Yes I'm Changing") et de moments de bravoure ("Eventually", "New Person, Same Old Mistakes"). Bref : effortlessly cool ! YR
Ça ressemble à la bande-son pour faire l'amour sur la plage
A écouter : "Let It Happen", chef d'oeuvre hypnotisant de 7 minutes
A zapper : "Cause I'm A Man", loop narrative d'un ennui mortel