Crédits photo : Montage Pure Charts
Julie Zenatti | "Blanc"
Elle s'en sort. Julie Zenatti revient à l'essentiel. Peuplé de ballades, "Blanc" sonne comme un bilan pour la chanteuse de 34 ans. Avec nostalgie mais sans pessimisme, elle évoque la vie, ses aléas, l'amour déçu, le temps qui passe, les souvenirs et l'avenir sur un disque lumineux. La voix est pleine d'émotions et le piano est omniprésent, mais Julie Zenatti ne nous plonge pas pour autant dans la dépression (heureusement). Touchante quand elle baisse la garde et se montre vulnérable ("D'où je viens", "Presque"), elle injecte avec des mots simples une dose de pop, parfois folk, ("La force des liens", "Les amis") pour éviter l'overdose de sentiments. Sans jeunisme et avec une maturité maitrisée, entourée de Da Silva ou Patrick Fiori, Julie Zenatti vise souvent juste.
Dans la lignée d'un disque de variété française
On garde : "Pars sans rien dire", la voix est sur le fil, le piano et le texte percutent
On zappe : "Là où nous en sommes", bancale et sans relief. Dommage, elle ouvre l'album !
JG
Selah Sue | "Reason"
Le coeur prend le pas sur la raison. Après la belle surprise et l'immense succès qu'a été son premier album éponyme (2011),
Selah Sue devait relever un nouveau défi. Séduire à nouveau sans non plus se répéter. Défi relevé haut la main, à quelques détails près. On reconnaît d'emblée la patte
Selah Sue sur "Reason", notamment sa voix éraillée qui transpire d'émotions et de musicalité. La jeune Belge EST musique. La profondeur de certains textes ne s'oppose absolument pas à la légèreté des autres, tout comme les rythmiques quasi techno de "Falling Out" ne dénotent pas avec les sons électro-acoustiques de "Fear Nothing", ni avec les ambiances soul de "Sadness" ou "Alone", et l'allure hip hop que prend le brillant "Together". Ce savant mélange qui donne la pêche et émeut en même temps n'a rien de présomptueux, séduira les auditeurs prêts à sortir des sentiers battus et avides de sensations. On regrette néanmoins la production trop chargée qui peut parfois prendre le pas sur l'émotion ("Right Where I Want You") et nous perd en chemin.
Dans la lignée d'Amy Winehouse et Lauryn Hill... et de Selah Sue. Inclassable !
On garde : "Alone", "Together" et "I Won't Go For More"
On zappe : "Right Where I Want You", qui donnerait presque mal à la tête
JH
Madeon | "Adventure"
Pixel art. Le voici enfin ! Le premier album de Madeon, ce jeune prodige français qui, du haut de ses 20 printemps, aligne sur son CV les noms de Lady Gaga,
Coldplay ou Ellie Goulding. Dans un milieu de la nuit où le disque est devenu presque obsolète, le Nantais prouve qu'avec un peu de passion et une créativité bouillonnante, on aurait tort d'enterrer ce format. "Adventure" porte bien son nom à merveille, dans le fond comme dans la forme. Les couleurs musicales des titres, tantôt synthpop, funk, électro et house, sont autant de passerelles vers un monde futuriste régie par la même volonté : procurer de l'émotion. Aux extatiques "Pay No Mind" et "OK" se heurtent de délicates ballades électroniques ("Innocence", "Home") soufflés par un parfum de nostalgie. Madeon a eu en prime la bonne idée de rajouter sur l'édition deluxe tous ses premiers morceaux. En résulte, en définitive, une collection de pépites ébouriffant de maîtrise, à l'univers dense et fascinant.
Dans la lignée des heures les plus glorieuses de la french touch
On garde : "Pay No Mind", divine collision de la funk et de la pop
On zappe : "Beigns", plaisante mais qui peine à sortir du lot
YR