Crédits photo : Montage Pure Charts
Björk | "Vulnicura"
Ces dernières années,
Björk les avait consacrées à expérimenter de nouveaux sons, proposant une musique novatrice mais difficile à aborder. Aux indigestes "Volta" (2007) et "Biophilia" (2011) succède "Vulnicura", un disque de rupture amoureuse qui devrait réconforter les nostalgiques de la pop-avant-gardiste de ses débuts.
Björk ouvre son coeur pour mieux le soigner. La chanteuse islandaise livre un disque court (neuf titres) qui fait office de thérapie suite à sa rupture avec Matthew Barney, le père de sa fille Isadora. "Vulnicura" est donc mélancolique et épuré. Et tant mieux ! Les cordes et les mélodies élégantes sont de retour, enrobées dans un écrin électronique moderne. Les émotions que procurent les sursauts alambiqués d'une voix toujours incroyablement captivante permettent à chaque chanson de trouver un juste équilibre entre intensité et simplicité. On apprécie aussi les passages énervés qui cassent un rythme aux limites de la monotonie ("Black Lake", "Family").
Dans la lignée des classiques de Björk...
On garde : L'enivrant "Stonemilker", qui touche en plein coeur
On zappe : L'anarchique "notget"
J.H.
Marina and the Diamonds | "Froot"
Le fruit défendu. Déboussolée après l'échec rencontré par l'ébouriffant (et très bon) "Electra Heart",
MARINA dit adieu à son personnage de croqueuse d'hommes délurée pour se livrer comme jamais. En ce sens, "Froot" retrouve une certaine dose d'humilité et de délicatesse : la part belle est faite aux ballades à la fois désabusées et pleines d'espoir ("Happy", "Immortal"), sur lesquelles la voix éthérée de la chanteuse est joliment mise en valeur. On aime un peu moins les effusions rock et maladroites que sont "Forget" et "Better Than That" mais heureusement, les (rares) pépites pop acidulées et dansantes relèvent le niveau : "Froot" (piste éponyme), comme "Blue et "Savages", sont les premiers rayons de soleil du printemps qui pointe. Dans sa globalité, l'album est un peu linéaire et souffre d'un manque de folie mais l'ensemble se croque sans déplaisir.
Dans la lignée de Lily Allen, en mieux
On garde : "Blue", summer anthem instantané
On zappe : "Gold", à la production entraînante mais cruellement lisse
Y.R.
Faada Freddy | "Gospel Journey"
The Voice. Écouter l'album de Faada Freddy reste une expérience car aucun instrument n'a été utilisé pour son enregistrement. "Gospel Journey" résulte en une avalanche de choeurs et de percussions corporelles, tandis que l'artiste sénégalais - véritable bête de scène - nous lance sa voix chaude mais écorchée, et son univers gorgé de pop, de soul, de gospel et R&B en plein visage. Avec une bonne humeur communicative et un sens imparable de la mélodie ("We Sing In Time", lumineux), Faada Freddy mélange les ambiances, parle de la vie, de ses coups durs et de spiritualité, tandis qu'il transforme et s'approprie des titres aux antipodes. Il reprend aussi bien Rise Against the Machine ("Génération Lost") que Sia ("Little Black Sandals"), Alexander Ebert sur un "Truth" bluffant et enraciné, ou Daara-J, son groupe, sur "Borom Bi". Organique mais pas chiant. Audacieux.
Dans la lignée d'une world music accessible
On garde : "Lost", pleine d'âme et single potentiel
On zappe : "Generation Lost", moins éclatante
J.G.