Nouveau bras de fer entre les radios et Aurélie Filippetti : les quotas sont-ils adaptés ?

Par Jonathan HAMARD | Rédacteur
Le ton est monté à Cannes. A l'occasion de l'ouverture du Midem, la ministre de la Culture Aurélie Filippetti a donné son point de vue sur le débat opposant le SNEP aux radios musicales, dont une partie ne veut plus se voir imposer des quotas de titres français. La ministre a tranché et donne raison au SNEP.
Crédits photo : ABACA
Aurélie Filippetti ne compte pas se laisser faire ! La ministre de la Culture a réaffirmé sa détermination à maintenir la règlementation des quotas de titres français imposés aux radios privées. Depuis 1994, celles-ci sont contraintes de jouer « un minimum de 40 % de chansons d'expression française » et à des « heures d'écoute significative ». Seulement, le collectif "Pour que ma radio reste libre", formé par NRJ, Virgin, RTL2, RFM, Rire & Chansons, Nostalgie, Oui FM et Chérie FM, veut débattre autour de cette réglementation censée permettre une meilleure représentation de la chanson française sur les ondes.

Les "effets pervers" des quotas imposés aux radios privées


Le collectif explique qu'il est difficile d'atteindre ces 40% en raison du succès que rencontrent de nombreux artistes français - nouveaux talents ou confirmés - chantant en anglais. C'est le cas notamment de Daft Punk, qui a cartonné tout au long de l'année 2013 avec son album "Random Access Memories", des Nantais de C2C, de Lilly Wood & The Prick et de la révélation HollySiz pour ne citer qu'eux. Le CSA (Conseil Supérieur de l'Audiovisuel) soutient le mouvement "Pour que ma radio reste libre" en soulignant l'« effet pervers » des quotas. En effet, ils seraient à l'origine d'une concentration des diffusions de titres français sur seulement quelques morceaux : 2% d'entre eux représentent 70% des diffusions totales de titres français.

Un marché français trusté par les artistes français


Seulement, le SNEP (Syndicat National de l’Édition Phonographique) ne l'entend pas de cette oreille et a publié sur son site internet officiel un communiqué assassin en réponse au vent contestataire. Le SNEP évoque des « arguments mensongers et provocants pour justifier la pauvreté de la diversité musicale sur les ondes », et qui sont « en totale contradiction avec la réalité des chiffres de la production locale ». Dans son argumentaire, le Syndicat explique que, parmi les 200 meilleures ventes d'albums de 2013, « 92% des artistes francophones chantent en français » : « La part des artistes français présents dans le Top Albums 2013 chantant en anglais est donc résiduelle ». D'autant plus que « le constat est identique sur les plus gros succès de l’année : 17 artistes dans le Top 20 sont francophones » renchérit le Syndicat.

Selon lui, « les radios ont les moyens de respecter les quotas de chansons francophones puisque la production francophone est plus vivante que jamais ». Mais les Français qui ont acheté les albums de Zaz Christophe Maé, Vincent Niclo et Florent Pagny sont-ils ceux qui écoutent les radios jeunes, leader des audiences (Fun, NRJ, Skyrock...) ? C'est la question, légitime, que s'est posée la rédaction du Nouvel Observateur. Seulement, les auditeurs ne se sont-ils pas plutôt détournés des radios parce qu'elles ne diffusaient plus assez de titres français ?

Sans doute agacées de lire ces lignes, les radios musicales « appellent Aurélie Filippetti à ne pas céder aux tentatives du SNEP de mettre leur programmation sous tutelle » et se demandent si on peut « imposer aux radios en 2014 les mêmes règles de diffusion de musique qu’en 1994 ».

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