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Ce n'est un secret pour personne, le streaming musical a bouleversé le visage de l'industrie en proposant des offres d'écoute illimitée 100% légales. Moyennant une dizaine d'euros par mois, l'utilisateur peut ainsi accéder à des catalogues riches de millions de morceaux, disponibles d'un simple clic et sans limite d'écoute sur tous les supports numériques et mobiles. Présenté comme porte-étendard de la lutte contre le piratage, ce service connaît un
essor spectaculaire dans le monde entier : le nombre d'abonnés payants à des services musicaux numériques a progressé de 44% en 2012 avec 20 millions dutilisateurs, selon la Fédération internationale de l'industrie phonographique (IFPI). En France, ce phénomène est encore plus important qu'aux Etats-Unis ou chez nos voisins outre-Manche : le streaming représente
40% des parts de marché du numérique selon une étude de la SNEP.
Si les utilisateurs sont les grands gagnants de l'opération, il n'en est pas nécessairement de même pour les artistes. La rémunération réelle des ayant-droits présents sur ces plates-formes demeure très floue. Mi-juillet, Thom Yorke
jetait un pavé dans la mare en dénonçant le faible soutien à la créativité. «
Les nouveaux artistes sont payés une misère » s'était insurgé le leader de
Radiohead dans une diatribe sur les réseaux sociaux. Des propos qui faisaient écho
aux déclarations des Black Keys, de Grizzly Bear ou de l'ADAMI, qui publiait en janvier dernier
un rapport inquiétant sur la rémunération des artistes en ligne.
Spotify joue la transparence
Régulièrement remis sur le tapis, ce débat va (enfin) pouvoir s'appuyer sur des chiffres concrets. Spotify, le numéro 1 du marché mondial du streaming, vient de lancer un
nouveau site à destination des artistes, dans lequel il explique en détails le fonctionnement de son système de rémunération. Dans un souci de transparence et pour étouffer les polémiques à répétition, le géant suédois révèle verser entre 0,006 et 0,0084 dollar par clic aux ayant-droits, soit une moyenne de 0,007 dollar (0,005 euro) pour chaque titre écouté. Cette statistique se base à la fois sur la rémunération au clic de l'abonnement premium, estimée à 0,01 dollar, et du service gratuit financé par la publicité.
La société suédoise stipule également qu'elle ne récupère que 30% de ses revenus, laissant 70% de sa manne financière aux artistes et à leurs maisons de disques. En 2013, ce montant représente 500 millions de dollars, selon l'entreprise. Pour appuyer ses déclarations, Spotify prend l'exemple de plusieurs albums pour le mois juillet 2013, dont les noms ont été masqués mais qui ont été triés selon leur portée. Un disque ciblé "indépendant" a ainsi touché 3.300 dollars de rémunération, tandis que l'album le plus écouté du mois a touché 425.000 dollars de recettes. Reste que dans les faits, un titre écouté un million de fois ne rapporte donc qu'entre 6.000 et 8.400 dollars à son propriétaire - des scores très loin d'être approchés par des artistes débutants et bien loin des scores générés par la vente d'albums physiques ou dématérialisés sur des plateformes comme iTunes.