Crédits photo : Facebook de We Love Disney
Projet facile à première vue, la compilation "We Love Disney" est aussi un pari risqué. Initiée par le label Mercury, qui a racheté les droits des bandes originales des films Disney, cette compilation regroupe de nombreux artistes populaires. Apparemment destiné à un public jeune, "We Love Disney" séduira davantage les adultes qui ont grandi avec les dessins-animés réalisés dans les années 90, comme "Aladdin" et "Le Roi Lion", les mieux représentés avec chacun trois titres.
De jolies orchestrations qui manquent parfois de puissance
La compilation fait majoritairement référence à la décennie 90 avec également des reprises de "Pocahontas", "La Belle et la Bête" et "Le Bossu de Notre-Dame". Seuls deux titres "récents" ont été retenus, dont le tout nouveau "Libérée, délivrée" d'Anaïs Delva, extrait de "La Reine des Neiges". "We Love Disney" intègre majoritairement de vieux morceaux comme
"Un jour mon prince viendra", qui aurait sans doute sonné désuet sans l'interprétation impeccable dÉlodie Frégé. Les arrangements, réalisés avec orchestre, y sont aussi pour beaucoup. C'est d'ailleurs le point fort de toute la première partie de l'album, réalisé chronologiquement. Les orchestrations de "Quand on prie la bonne étoile" ("Pinocchio"), repris par Nolwenn Leroy, et de "La Belle et la Bête", duo de
Garou et
Camille Lou, sont vraiment très classes et confèrent à "We Love Disney" le crédit nécessaire pour éviter l'écueil du projet ringard.
Si l'on redécouvre certains morceaux, d'autres en revanche déçoivent. A l'instar du duo "Ce rêve bleu" d'Olympe et Joyce Jonathan. La magie n'opère pas non plus avec "L'amour brille sous les étoiles", une ballade amoureuse avec laquelle
Christophe Willem ne convainc pas. On peut en dire autant de "L'histoire de la vie" de Zaho, qui manque de puissance. Tout les ingrédients sont réunis pour que ça fonctionne, en vain... Ajoutez à cela que la collégiale "Hakuna Matata" est de loin la reprise la moins percutante, et on peut conclure que lensemble des titres associés au "Roi Lion" déçoit. La faute peut-être à des artistes qui ne parviennent pas à amener ces reprises dans leur univers ou à des titres trop ancrés dans des films cultes.
Ben L'Oncle Soul, Jenifer et Thomas Dutronc s'en sortent haut la main
En revanche,
Ben L'Oncle Soul apporte sa touche jazz et soul et assure vocalement sur
"Être un homme comme vous" ("Livre de la Jungle"). La chanson "Rien qu'un jour" ("Le Bossu de Notre-Dame"), avec ses cordes et ses cuivres, pourrait tout à fait se retrouver sur un album d'Emmanuel Moire tant la patte de l'artiste est perceptible sur les arrangements. On pourrait en dire autant de Rose, qui a choisi le titre "Au bout du rêve" ("La princesse et la grenouille"), en totale adéquation avec l'état d'esprit de
son dernier opus, chronique d'un passage difficile à l'âge adulte. Mais ces artistes font-ils rêver la jeune génération, plutôt séduite par Tal, M Pokora et
Shy'm ? Aussi justes soient-ils dans leur interprétation, Garou, Alex Beaupain,
Thomas Dutronc et Laura Smet s'adressent habituellement à un public plus mature et positionnent donc le disque sur une cible plus âgée.
Si globalement il se dégage de cet album une bonne humeur contagieuse, quelques titres tirent leur épingle du jeu. C'est le cas de
"L'air du vent" de Jenifer ("Pocahontas"), qu'on n'avait pas entendue chanter aussi bien depuis trop longtemps. Quant au "Prince Ali" d'Alex Beaupain, il détonne avec ses churs, alors que le tandem complice Thomas Dutronc/Laura Smet séduit avec
"Toute le monde veut devenir un cat" ("Les Aristochats").
"We Love Disney" s'adresse finalement davantage aux grands enfants qu'à la nouvelle génération qui grandit avec d'autres classiques plus récents. Cet album n'en demeure pas moins réussi avec une sélection de titres aux arrangements classieux, dont certains surprennent et tirent l'album vers le haut, là où d'autres déçoivent.