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Le ministre de l'Intérieur a du pain sur la planche ! Entre la lutte contre le terrorisme intérieur et pour la sécurité routière, Manuel Valls doit également répondre aux attentes des policiers, qui requièrent plus de moyens pour mener à bien leur mission de sécurité. «
Nous avons décidé d'arrêter l'hémorragie d'effectifs
de créer davantage de postes, de donner davantage de moyens aux policiers, de sortir de la politique du chiffre » confiait le ministre à l'antenne de RTL hier soir. Mais d'autres dossiers le préoccupent.
Au Sénat, Nathalie Goulet a interrogé le ministre sur les «
abus de la liberté d'expression » sur Internet faisant actuellement l'objet d'une réflexion qui pourrait amener le gouvernement à rectifier la loi de liberté de la presse de 1881, et plus précisément sur ses intentions au sujet d'«
un certain nombre de "chansons" si lon peut dire de rappeurs tels que 113, Sniper, Salif, Ministère Amer, Smala ou encore Lunatic, dont les paroles sont dune violence absolument inouïe contre la France, ses autorités civiles et militaires, son drapeau » révèle
Numérama.com. La sénatrice s'est dite indignée que de telles chansons soient «
en vente libre et diffusées sur toutes les radios », alors même que «
leurs paroles sont des appels à la violence et à la haine envers les autorités de police ».
Difficile de définir des limites
Une question qui a le mérite d'en soulever beaucoup d'autres, et notamment celles concernant les limites de l'expression dans et par l'art, au sein du rap, mouvement urbain qui puise son inspiration dans les inégalités sociales et la vie difficile dans les banlieues en mettant souvent en cause la parole politique. Difficile donc de définir des limites.
Ce n'est pas la première fois que le rap focalise ainsi les attentions. On se souvient par exemple qu'en 2009,
la chanson "Sale pute" d'OrelSan avait fait grand bruit. Face à la polémique suscitée par ce titre, la secrétaire d'Etat Valérie Létard avait à lépoque demandé à ce que le titre soit supprimé d'Internet. Le député UMP Michel Raison, lui, s'était sans doute trompé de combat en stigmatisant «
les chansons écrites par certains groupes de musique rap issus de l'immigration » à lAssemblée.
"Le rap fait partie de notre culture urbaine"
La réponse de Manuel Valls ne s'est pas fait attendre. Avec beaucoup de précautions, le ministre de l'Intérieur a expliqué qu'il comptait «
lutter contre les paroles agressives à l'encontre des autorités ou insultantes pour les forces de l'ordre et les symboles de notre République ». «
Le rap fait partie de notre culture urbaine » a-t-il réaffirmé, précisant qu'il ne s'agissait pas de remettre «
en cause la liberté d'expression et la créativité ».
Dans son allocution, Manuel Valls a également évoqué les délais de prescriptions, trop courts pour rendre n'importe quelle lutte efficace : «
Mes services sont mobilisés face à ce phénomène qui dépasse, bien sûr, le seul support du disque ou du livre et s'exprime de plus en plus sur Internet [...] Les productions que vous avez mentionnées ont été mises à la disposition du public il y a plus de trois mois ». Elles sont donc prescrites et «
appelle incontestablement une réflexion tant la presse dématérialisée sur Internet a évolué ».
La Fouine et Booba, au cur d'
un clash qui les oppose par titres interposés, n'ont qu'à bien se tenir !