Crédits photo : Capture iTunes France Pure Charts
La semaine dernière, le magazine
Challenges révélait que
Johnny Hallyday prenait la tête du classement des
chanteurs français les mieux payés en 2012 avec 7,6 millions d'euros, devant
David Guetta (3,1 millions) et
Mylène Farmer (3 millions). Des sommes astronomiques et pourtant... Que gagnent-ils réellement par vente d'album et de single, selon les supports ? Aujourd'hui s'est tenue en plein MIDEM de Cannes, marché international de la musique, une conférence de presse de l'Adami, société d'administration des droits des artistes et musiciens interprètes. L'organisme a publié une étude après avoir passé en revue un total de 662 contrats phonographiques, afin d'en dégager des conclusions sur la réalité du business, et de la rémunération des artistes, comparant les offres physique, digital et streaming.
L'étude révèle logiquement que sur une grande majorité des contrats, le partage des royalties est défini en fonction de trois paliers de ventes, et la répartition est différente selon les supports, proportionnellement à leur prix d'achat. La première concerne les albums qui s'écoulent entre 1 et 50.000 exemplaires, et le taux de partage atteint 6,4% pour un album physique (soit 80 centimes reversés pour un CD à 13 euros, par exemple), contre 5,1% en téléchargement. La seconde, entre 50.000 et 200.000 copies vendues, dévoile un taux à 8,1% pour un album physique (soit 1,05 euro reversé pour 13 euros à l'achat), contre 6,4% en digital. La troisième concerne les albums qui passent la tranche des 200.000 ventes, 9,7% pour un CD physique (soit 1,26 euro reversé pour 13 euros à l'achat) contre 7,7% en digital.
iTunes : 0,04 revient à l'artiste pour un titre vendu 1,29
Mais le plus stupéfiant reste à venir. Selon l'étude de l'Adami, un artiste ne touche que 0,04 lorsqu'un internaute achète un mp3 pour la somme de 1,29 sur le site iTunes France, soit seulement 4,7% en moyenne. Comme pour les albums, le pourcentage varie en fonction des paliers de ventes. Quand on connaît le succès timide des offres légales, le constat est inquiétant. Le rapport ne précise pas l'évolution du montant quand l'artiste, ici uniquement qualifié d'interprète, multiplie les casquettes : auteur, compositeur, voire même parfois éditeur, comme c'est le cas de
Mylène Farmer ou encore Francis Cabrel.
Concernant le streaming, un interprète est rémunéré à hauteur de 0,0001 par écoute quand l'internaute n'est pas abonné, 0,002 lorsque l'auditeur passe par une offre "bundle", abonnement Deezer via Orange par exemple, et 0,004 par écoute quand la personne a souscrit à un abonnement sur ces plateformes (Spotify...).
L'étude a même passé en revue la répartition des revenus entre producteurs et artistes en fonction de différents usages : lors de la diffusion d'un morceau à la radio, télévision ou au sein de lieux sonorisés (boutiques, discothèques...), la répartition est égale à 50/50, tout comme lors d'achats de CD vierges, permettant au public de graver des copies privées d'albums. Jusqu'ici rien d'anormal, sauf qu'une vraie disparité est clairement visible lorsque l'on s'intéresse au streaming et aux webradios puisque la balance affiche 95/5, en faveur des producteurs. La notion selon laquelle les artistes s'enrichissent par la seule vente de disques est donc aujourd'hui bien révolue, malgré la multiplication des canaux pour "offrir" son uvre au public.