Crédits photo : capture d'écran Pure Charts / site internet officiel de My Major Company
Le succès a toujours attisé la curiosité et fait l'objet de vives critiques. C'est même monnaie courante, pourrait-on dire. Les "success-stories" à la française sont difficilement appréciées, c'est un fait. Mais qu'elles soient critiquées injustement, c'est autre chose. C'est en quelques mots le débat qui oppose aujourd'hui
Le Point au label communautaire My Major Company. Dans un article paru le 9 janvier sur la toile, intitulé
"My Major Company, le revers peu reluisant de la médaille", le journaliste Sébastien Tortu pose certaines questions sur le fonctionnement du label créé en 2007 par Simon Istolainen, Michael Goldman, le fils de Jean-Jacques Goldman, et Sevan Barsikian. Evoquant l'opacité des dépenses, «
la colère des producteurs », des «
artistes maltraités » et même «
une dictature »,
Le Point frappait fort.
Un concept novateur en 2007
Il est vrai que l'idée était belle lors de son lancement. My Major Company annonçait un programme alléchant ayant pour but de donner la possibilité à des artistes de se produire sans avoir à obtenir la signature d'un label, chose encore aujourd'hui difficile à obtenir. Le label communautaire apparaissait comme une alternative aux grandes majors de l'industrie du disque Universal, Warner, Sony et EMI, et aux labels indépendants que sont Naïve, Because, Play On et bien d'autres. Le principe est simple et connu : un internaute peut investir dans la jauge d'un artiste. Lorsque la jauge est pleine, à hauteur de 100.000 euros, l'équipe se met au travail et promet la sortie du premier album de l'artiste. Les investisseurs, qui signent un contrat, ont par la suite un retour sur investissement selon les ventes de l'album, et bien évidemment à hauteur de l'argent déposé sur le site pour le projet. C'est ainsi que le chanteur
Grégoire a émergé en 2008 avec son tube "Toi+moi". Un franc succès pour le label et l'artiste. Plusieurs centaines de milliers de disques sont vendus, au grand bonheur des internautes ayant investi.
Des succès en 5 ans : Grégoire, Irma et "Génération Goldman"
Seulement, tous les artistes ne vendent pas autant. Cinq ans après sa création, My Major Company compte quatre vrais succès : Grégoire,
Joyce Jonathan (aujourd'hui
signée chez Universal),
Irma ("I Know") et
la compilation "Génération Goldman", actuellement au sommet des charts et affichant 520.000 ventes au compteur deux mois après sa mise en rayon. Mais
Le Point s'est focalisé sur les autres artistes, ceux qui n'ont pas aussi bien réussi. Et ils sont nombreux ! Trop peut-être. Dans son enquête,
Le Point évoque les travers de l'entreprise, affirmant que «
le délai de production chez MMC est long (jusqu'à 2 ans) », ce qui expliquerait qu'«
au moment où l'artiste arrive sur le marché, il est souvent "has been" ».
Autre remarque formulée à l'encontre du label, son «
manque de transparence sur les dépenses » : «
Les producteurs en herbe devraient avoir accès aux comptes et aux bilans. Or, MMC ne justifie aucune dépense et aucun budget ». «
Dans certains cas, l'argent récolté sert à rémunérer des prête-noms, et non à investir dans la promotion de l'album », affirment même nos confrères. Pire encore, le label demanderait aux artistes «
d'abandonner 100 % de leurs droits d'édition », ce qui est légalement interdit selon la direction du label, qui vient de publier un droit de répondre (ci-dessous). Evoquant un traitement inégal entre les artistes alors que les investissements sont les mêmes pour chacun d'eux,
Le Point évoque également la maltraitance de certains artistes désireux de couper les ponts : «
Difficile de se libérer des griffes de MMC. Tout est fait pour vous décourager : intimidation, dénigrement, menaces, voire insultes ».
Si
Le Point promet de publier prochainement les détails de son enquête, le label compte toutefois rétablir sa vérité dans un communiqué de presse, diffusé sur sa page Facebook.
Droit de réponse du label My Major Company
Déclaration de MyMajorCompany suite aux articles publiés récemment
La polémique actuelle trouve sa source dans un groupe Facebook de quelques centaines dinternautes que nous connaissons très bien. Nous entendons leur grogne et la vivons comme un échec personnel, forcément. Il y a des artistes que nous navons pas du tout réussi à développer, qui se sont avérés être des insuccès commerciaux et parfois même artistiques. Nous navons absolument pas la prétention davoir tout réussi dans notre parcours et assumons sans problème notre part de responsabilité dans ces échecs. Nous le disons dautant plus sereinement que nous sommes certains davoir commis des erreurs aussi sur les projets que nous avons réussis.
Parmi les reproches qui nous sont faits, nous retenons le sujet de la transparence dans les comptes de chaque artiste qui est un sujet sur lequel nous avons le devoir et la volonté dêtre irréprochables. Depuis le début nous avons fait le choix de ne pas publier automatiquement ces chiffres mais ceux-ci ne sont absolument pas cachés ! Chaque internaute peut à tout moment demander un état des lieux des dépenses sur lartiste quil a soutenu. Nous lui fournissons systématiquement. Nous allons améliorer dans les semaines qui viennent la lisibilité et la fluidité de cette procédure qui mérite manifestement dêtre clarifiée.
Mais ce que nous nacceptons pas dans cette polémique, ce sont les attaques sur lhonnêteté de notre fonctionnement portées par une méconnaissance des réalités du marché et de nos processus internes. Nous regrettons que certains médias sen fassent lécho sans plus de mesure.
Pour répondre en vrac à ce que nous avons pu lire :
NON les internautes ne perçoivent pas dargent après récupération des dépenses de MyMajorCompany, mais bien dès le premier disque vendu ; NON MyMajorCompany na jamais utilisé largent dun artiste pour le dépenser au profit dun autre ; NON les artistes ne sont pas particulièrement mal rémunérés sur MyMajorCompany, bien au contraire, ils perçoivent en moyenne près du double de ce que toute autre maison de disque pourrait leur offrir ; NON MyMajorCompany ne sattribue pas 100% des droits des auteurs-compositeurs, cest même absolument impossible à faire opérationnellement et juridiquement en France ; OUI MyMajorCompany prend un risque sur chaque projet produit, dune part en prenant notamment en charge les frais de fonctionnement dune plateforme digitale et dun label rassemblant une trentaine de salariés et dautre part en investissant régulièrement au- delà des jauges ; OUI cest le label et lartiste qui prennent la décision finale sur la façon dutiliser la jauge et non les internautes : sans cette règle, lexercice de notre métier serait tout simplement impossible ; NON nous navons jamais acheté le moindre disque dun de nos artistes pour créer le buzz, encore moins avec largent des internautes. Nos comptes, régulièrement visés par un expert-comptable et audités par un commissaire aux comptes, sont là pour le confirmer.
Puis il y a toutes les attaques qui viennent dartistes ou de leur entourage, heurtés ou déçus par leur expérience avec nous. Malheureusement chaque cas est particulier et appellerait des réponses personnalisées qui nélèveraient pas le débat. A ce stade nous navons que 2 choses à dire :
- Notre chiffre daffaires est constitué à plus de 70% de ventes de disques. Le développement dartistes est le cur de notre activité. Notre intérêt est évidemment quun maximum dentre eux rencontrent un succès commercial. Nous navons aucun plaisir ni aucun intérêt à connaitre des échecs.
- Il est très rare quun artiste et son entourage direct, quand il échoue commercialement après avoir signé dans un label, considère que ça nest pas essentiellement la faute du label mais plutôt celle de son travail, surtout quand il est soutenu par des milliers dinternautes. Cest probablement un des dommages collatéraux de notre modèle, nous navons aucun mal à le reconnaitre.
Après 5 ans dexistence, notre système a permis à 56 artistes de récolter les fonds nécessaires à leur production. MyMajorCompany recense près de 300.000 membres dont 70.000 ont investi sur un ou plusieurs projets. Aujourdhui, lentreprise compte une trentaine de salariés et réalise un chiffre daffaires de 11 millions deuros. Malgré la croissance de la société, la complexité de son champ daction, la taille de sa communauté, le nombre dinterlocuteurs et toutes les erreurs que nous aurions pu commettre, nous navons jamais eu à subir la moindre procédure judiciaire !
Enfin, quand nous avons créé MyMajorCompany en 2007 nous étions 4 jeunes garçons de 25 ans de moyenne dâge à lancer le premier label participatif au monde dans un contexte de crise du secteur considérable. Nous avons reçu un accueil médiatique formidable qui a probablement suscité des attentes et des espoirs démesurés et peut-être aussi une vision « romantique » de ce que nous étions. Nous navons aucun problème à le reconnaitre. Mais nous navons jamais prétendu être autre chose que ce que nous sommes. Nous ne réalisons aucun miracle mais nous pouvons clamer haut et fort que nous navons jamais volé personne. Nous sommes droits dans nos bottes, avec notre modèle, nos évolutions, nos échecs et nos succès.
A lheure où MyMajorCompany souvre à tous types de projets (comédie musicale, spectacle, théâtre, patrimoine, dessin, écriture,
) et où la crise du disque continue à faire de nouvelles victimes, nous sommes plus que jamais convaincus de la pertinence de notre entreprise. Le financement participatif est un outil formidable, générateur de vocations, dactivité, et dhistoires éminemment positives dans leur immense majorité. Nous sommes aussi convaincus de bien le faire. Tous nos chiffres, tous nos succès et tous nos indicateurs tendent à prouver la même chose.
Chacun est bien évidemment libre de se faire sa propre opinion et, en attendant les résultats de cette enquête, Pure Charts vous invite à découvrir tous les artistes du label en interview sur le site, témoignage de l'investissement de My Major Company sur des projets dont peu ont entendu parler pour certains. Signe peut-être qu'au fond, la sincérité de l'équipe en 2013 demeure la même qu'en 2007. Quoi qu'il en soit, le débat ne fait que commencer...
Retrouvez nos interviews d'Irma, Baptiste Giabiconi, Licia Chery, Mani, Lola...