Peut-on envisager la fin du CD en 2012 ?

L'industrie du disque est en pleine mutation depuis le début de la crise qui touche tous les artistes et toutes les Majors. Des évolutions en faveur d'une progression des ventes de musique au format numérique au détriment du traditionnel compact disc ? Certains prédisent la fin du disque en 2012. Qu'en est-il réellement ?
Crédits photo : montage Pure Charts
Le marché physique domine encore très largement.
L'avènement et la progression de la part du numérique dans les ventes de musique poussent certains sites comme Slide Line à annoncer la fin du disque en 2012. La musique pourrait-elle être simplement exploitée en digital ? A cette question, deux Majors de l'industrie du disque n'ont pas su nous répondre, niant entre les lignes cette éventualité. Et on le comprend ! Même si les ventes numériques ont progressé de 20% au cours des neuf premiers mois de l'année 2011, elle ne représente encore qu'une petite part sur le total des ventes d'albums. Le marché physique domine encore très largement. Du moins en France ! Aux Etats-Unis, les ventes numériques et physiques s'équilibraient au premier semestre 2011. Un constat qui n'est pour l'heure valable que dans ce pays, même si certains marchés comme celui de la Grande-Bretagne s'en rapprochent doucement. Plus de 70% des ventes d'albums sont encore comptabilisées au format physique outre-Manche. Et c'est bien cela qui rend impossible toute possibilité d'imaginer la fin du disque dès l'année prochaine : il faudrait que les Majors tombent toutes d'accord alors que les configurations du marché sont disparates d'un pays à l'autre. Seulement, ni aux Etats-Unis, ni en Europe, aucune des grandes maisons ne semble prête à abandonner le CD. Impossible d'imaginer de trouver le dernier album de Rihanna ou de Katy Perry uniquement en digital outre-Atlantique et en disque sur le Vieux Continent ! Selina Webb, responsable de la communication d'Universal UK, s'est exprimée sur le sujet pour le site "NME" en novembre dernier : « Nous n'avons aucune intention d'arrêter la production de CD ».


Le rapport à la musique évolue, le marché en parallèle


Ajoutez à cela que les besoins et les envies des consommateurs de musique évoluent également. On télécharge beaucoup plus facilement un titre unique sur une plateforme comme iTunes ou Deezer qu'un album en intégralité. Et pour preuve, les ventes de titres chaque semaine. Shakira, actuellement n°1 du Top Titres, propose son nouveau single "Je l'aime à mourir" uniquement en digital. Impossible de trouver un CD 2 Titres, à moins qu'il s'agisse d'un fake ! D'ailleurs, sur les dix titres les plus vendus en France cette semaine, seulement deux sont proposés à la fois sur les plateformes et au format physique : "Danza Kuduro" de Lucenzo et "Logobitombo" de Moussier Tombola. Les ventes physiques ne représentent que seulement 30% du total de titres écoulés pour ces deux artistes. A l'inverse, du côté des albums, la part des ventes en téléchargement est moindre, voire infime. Adele, actuellement n°1 du Top Albums, a vendu un peu plus de 110.000 exemplaires de "21" en digital depuis le début de l'année contre 830.000 en physique. Aucune comparaison possible. L'actuel n°3, Laurent Voulzy, a trouvé 51.783 preneurs pour son nouvel opus "Lys And Love" dont seulement 631 se sont vendus sur les plateformes, soit moins de 0,02%. Le constat est sans appel.

Le format CD est encore très prisé.
D'autant que les périodes de Noël nous rappellent bien que le format CD est encore très prisé car il devient un cadeau. On ne voit pas offrir une carte-cadeau iTunes. Du moins en France ! Dans ce cas précis, on remarque qu'il existe un attachement culturel au disque. De plus, les offres sont nombreuses et répondent à une véritable demande : compilation, best-of, coffrets de collection. Autant de supports pour la musique qui sont également des objets que le numérique ne pourra jamais remplacer. Enfin, rappelons tout de même que les compilations représentent une part des ventes très importante en France (plus d'un million de compiles NRJ vendues en 2011), comme dans le reste du monde. Celles-ci témoignent également de l'attachement des auditeurs au disque. Elles se vendent encore au format physique et pas seulement en digital. Et pourtant, il n'y a aucun attachement particulier à un artiste mais seulement à des titres qui pourraient eux aussi être achetés sur Internet pour moins cher.


Sortie de crise en 2013 : ventes numériques et physiques complémentaires


La seule motivation qui pourrait éventuellement poser la question de l'arrêt de la production du CD, et ce dans plusieurs années, c'est l'évolution du rapport entre le public et la musique. La musique devient un produit de consommation que l'on jette aussi rapidement qu'on l'a acheté. On préfère de plus en plus écouter seulement un à plusieurs titres d'un album plutôt que l'intégralité. Cette logique pourrait évidemment conduire à la fin du CD. Cependant, dans une interview accordée au mensuel "Capital", le PDG d'Universal Music France Pascal Nègre parle d'une sortie de crise pour l'industrie du disque en 2013, évoquant simplement des ventes numériques capable de compenser la baisse des ventes physiques, mais en aucun cas d'un arrêt de la production du CD.

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