Milo Karadaglić : entre André Rieu et David Garrett
Par
Thierry CADET
| Rédacteur
A 28 ans, Milo Karadaglić dévoile son premier album éponyme, composé essentiellement de reprises de grands thèmes instrumentaux jouées à la guitare. Pour les inconditionnels d'André Rieu, des Prêtres et de David Garrett, tout au plus. Découvrez le clip de sa cover des "Jeux interdits".
« La musique de cet enregistrement reflète mon caractère. Elle dit à lauditeur qui je suis », explique le guitariste Milo Karadaglić, âgé de 28 ans. Comme on peut lattendre dun citoyen du minuscule et turbulent Monténégro, ce caractère est marqué par une rare ténacité. La passion de Milo pour la guitare lui est venue dès lâge de huit ans, quand son père lui fit entendre un disque où Segovia jouait magiquement "Asturias" dAlbéniz. À neuf ans, il fait sa première apparition en public, et remporte deux ans plus tard son premier concours national, gagnant le même jour un concours de chant. Par la suite, Milo devient un interprète vedette à la télévision et à la radio, puis, à seize ans, poursuit son rêve denfance et décide dauditionner à la Royal Academy of Music de Londres. « Pendant que mes parents étaient au travail, je me suis enregistré en vidéo cinq jours de suite dans notre salon ». Il est admis comme boursier. « Quand je suis arrivé à Londres, javais un terrible mal du pays. Mais, dans le même temps, jétais soudain entouré de superbes professeurs dans une institution fabuleuse jétais enfin exposé au monde ».
Visionnez le clip de Milo Karadaglić, "Jeux interdits" :
Si dans son adolescence Milo a pris pour modèle John Williams, passé le cap des 20 ans cest Julian Bream qui devient la principale référence. « Sa sonorité et sa technique étaient très différentes de la mienne, mais écouter ses enregistrements était une source dinspiration à tous les niveaux. Quand jai ensuite reçu le prix Julian Bream de ses mains, ce fut un grand honneur ». Bon nombre des pièces enregistrées ici ont été écrites à lorigine pour le piano, mais elles paraissent parfaitement naturelles à la guitare. "Andaluza" et l"Oriental" de Granados ont été arrangés pour la guitare par Milo et son mentor Michael Lewin, de la Royal Academy de Londres. « Cest un défi, explique Milo: pendant que laccompagnement est arpégé en douceur à la basse, la mélodie en tierces arrive en haut. Jouer cela avec une seule guitare est tout à fait grisant ».
Luvre qui reflète la plus grande part de lhistoire de Milo est la suite "Koyunbaba" (1985) du compositeur-guitariste italien Carlo Domeniconi : « Je lai entendue pour la première fois quand je venais darriver à Londres. Avec son thème tiré dun chant populaire turc et son monde sonore magique, elle mévoquait bien des souvenirs et tous ces lieux que javais quittés ».
Il était inévitable que figurent ici des pièces de Francisco Tárrega, père de la guitare moderne espagnole. « Des célèbres "Recuerdos de la Alhambra" à "Lágrima" et "Capricho árabe", toutes les uvres de lalbum sont pures et magiques. En même temps, elles parlent tout autant au mélomane le plus cultivé quà lhomme de la rue. On y reconnaît la beauté et lessence véritable de la guitare classique ».
Merci à Michael Church.
Visionnez un extrait du morceau de Milo Karadaglić, "Asturias" :