dimanche 17 avril 2011 13:39

Francofolies 2011 : rencontre avec Kévin Douvillez, responsable de la programmation

Par Alexandre JOULIE | Rédacteur
La saison des festivals recommence, l'occasion pour Pure Charts de rencontrer les équipes. On commence cette semaine par Kévin Douvillez, responsable de la programmation des fameuses Francofolies de la Rochelle, qui se dérouleront du 12 au 16 juillet prochain.


Bonjour Kévin, en quoi consiste le boulot de programmateur du Festival les Francofolies ?
Kévin Douvillez : Il s’agit de construire une programmation d’environ 120 concerts sur 5 jours de festival, sur 7 scènes différentes, en tenant compte de l’histoire du festival, de son public habituel, de la ville de La Rochelle et bien évidemment de l’actualité musicale. La programmation des Francos, élaborée avec Gérard Pont le directeur artistique du Festival, est une sorte de « mystérieuse tambouille » destinée à générer aussi bien des moments de fêtes que des moments d’intenses découvertes et de partage ! Cela demande du temps, de l’écoute, de la patience et une envie de faire découvrir des choses qui nous touchent.

" Je vois entre 3 et 5 concerts par soir, 5 ou 6 jours par semaine. "
Est-ce le meilleur job du monde ?
C’est en tout cas un job unique !... Un job qui demande un investissement important : je vois entre 3 et 5 concerts par soir, 5 ou 6 jours par semaine et cela quasiment toute l’année. On ressent beaucoup d’émotions : de la joie face à un spectacle réussi ou une découverte, de l’angoisse face au remplissage des salles ou lors du passage sur scène d’un artiste, de la colère parfois au moment des négociations… Je ne pense pas que cela soit un job que l’on puisse faire toute sa vie mais c’est une vraie chance de l’exercer.

Te fais-tu harceler par les artistes et les tourneurs ?
J’ai très peu de contact avec les artistes. Les tourneurs sont mes principaux interlocuteurs et je respecte leur rôle. C’est une partie de leur travail de me contacter et d’essayer de me convaincre de la pertinence d’un spectacle. Je l’accepte sans problème et essaye d’être facilement joignable. Mais malheureusement, je reçois tellement de sollicitations que je ne peux pas répondre à tout le monde. C’est parfois frustrant.

Quelle est la ligne artistique des Francofolies ? Il y a quand même un grand écart entre Nolwenn et Danakil par exemple ?
C’est justement ce grand écart la ligne éditoriale des Francos ! Et encore on peut parler de "méga écart" entre Jacques Bertin et Popof ou entre Maxime Le Forestier et David Guetta ! Mélanger les genres, abattre les clivages et permettre à différentes générations, différentes classes sociales de se retrouver et partager, montrer la création musicale française dans toute sa diversité, tel est notre leitmotiv.



Alors les Francos, c’est aussi les Chantier, Not Ze Francos… On s’y perd un peu, peux-tu nous éclairer ?
C’est pourtant simple ! C’est que vous n’êtes jamais venu ! Plus sérieusement, Not Ze Francos est une scène dédiée aux expressions artistiques autres qu’en français en privilégiant l’anglais et l’instrumental. C’est un gentil pied de nez à la ligne éditoriale historique des Francos et une ouverture souhaitée vers des genres qui se développent d’une très belle manière en France depuis 10 ans : le rock, la folk et l’éléctro. Nous innovons cette année en organisant cette scène dans un club en bord de mer (le Diane’s au Casino Barrière) sur un créneau 22h - 4h du matin afin de mélanger des lives et du clubbing. Ca sera l’ébullition ! Nous avons élaboré la programmation avec David Fourrier, directeur/programmateur de la Sirène, la nouvelle salle de musiques actuelles de La Rochelle. Au programme : The Bewitched Hands, The Shoes, SoCalled, Hushpuppies, Fumuj, Brodinski, Le Catcheur et la Pute…

La bande annonce de la scène Not Ze Francos :
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Le Chantier des Francos est une initiative parallèle au festival destinée à repérer et accompagner des artistes émergents dans la création de leur spectacle. Cela nous occupe une bonne partie de l’année. Une petite dizaine d’artistes viennent donc chaque année à La Rochelle, d’octobre à juillet, travailler leur spectacle avec des intervenants expérimentés et spécialisés comme Christophe Mali de Tryo, Christophe Gendreau des Wriggles ou encore Néry. L’équipe du Chantier, dirigée par Emilie Yakich, accompagne ces artistes des premiers pas sur scène jusqu’au festival et souvent bien au-delà. Le Chantier, c’est notre cheval de bataille, notre petite pierre à l’édifice de la création… On est émus et fiers de voir la réussite d’artistes qui sont passés au Chantier : Emily Loizeau, Ours, Zaz, Arnaud Fleurent Didier ou encore récemment L et Cascadeur…

Qu’est-ce qui différencie les Francos des autres festivals ?
C’est tout d’abord un festival qui se déroule dans un cadre magnifique : en plein cœur de cette belle ville de La Rochelle, entre la mer et les remparts, au milieu des restaurants, des bars et de l’animation de la rue. Ensuite, je pense sincèrement qu’un festivalier aux Francos, peu importe son âge ou ses goûts musicaux, pourra trouver son bonheur sur une des 7 scènes du festival. L’offre des spectacles est large, diverse et de qualité. C’est le grand écart que nous évoquions précédemment… Aujourd’hui, un amateur de musique écoute de tout : de la chanson, de la folk, du rock, de l’électro, du hip hop, du slam. C’est justement possible aux Francos et aussi bien en extérieur avec 10 000 personnes qu’en intérieur avec 250 personnes. Ce qui est rare sur un festival de musique d’été. Et enfin les nuits rochelaises sont longues… très longues !

Les artistes vendent moins de disques, le prix des cachets flambent, comment faites vous face à cela ?
C’est effectivement une réalité... mais malheureusement pas pour tous les artistes. Il s’agit en grande partie des têtes d’affiches. Nous nous battons pour garder un prix d’entrée plus que raisonnable (32€ la scène principale) et à maintenir auprès des autres artistes un minimum décent, mais cela devient de plus en plus difficile et tendu. Nous comprenons ce phénomène (un artiste doit être rémunéré pour sa création) mais cela prend parfois des dimensions irraisonnables et disproportionnées. Il y a certains artistes que nous ne pouvons plus solliciter… Cela va tout d’abord engendrer la disparition des scènes découvertes des Festivals et dans un second temps les festivals eux-mêmes. J’espère que les artistes et producteurs vont rapidement prendre conscience de ce que cette inflation va engendrer… Nous nous battrons jusqu’au bout pour maintenir les tarifs et les scènes découvertes.

Si tu devais mettre en avant un jeune talent de ta programmation, ce serait lequel ? D’ailleurs comment les déniches-tu ?
Malheureusement, il m’est impossible d’en choisir un seul ! Je dirais en priorité les artistes du chantier 2010-2011 : Mesparrow, Giedre, Francois & The Atlas Mountains, Twin Twin, Damien Robitaille, La Féline, Lamarca, Lisa Portelli, Rover, June et Lula, Ginkgoa, Lise et Janski Beeeats. Je les choisis en les découvrant sur scène parmi les 900 concerts que je peux voir dans l’année… Du temps et de la patience !

Parmi toutes les productions des artistes présents cette année à l’affiche, peux-tu me donner ton clip préféré?
Oui, c'est Jerome Van Den Hole.



Le mot de la fin ?
Alors on danse ? Oui mais aux Francos !
Pour en savoir plus, visitez le site officiel, rejoignez la page Facebook officielle, ou suivez le Festival sur Twitter.
Découvrez la Bande annonce des Francofolies :

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