Alors que les chiffres officiels des ventes de l'année passée tomberont prochainement lors de lédition 2011 du MIDEM, à Cannes, nous pouvons d'ores et déjà confirmer que les ventes de musique en téléchargement ne se sont pas envolées en 2010. De quoi inquiéter les majors qui comptaient certainement encore promouvoir leurs artistes pas Internet.
Cest très certainement ce qui pousse les groupes Universal Music et Sony Music a proposer de nouvelles méthodes marketings pour rendre facile le téléchargement sur Internet. Cest sur la réactivité quils misent en proposant la stratégie "On Air On Sale" qui a déjà fait ses preuves.
Ce principe consiste, comme il lindique, à rendre disponible un nouveau titre sur les plateformes de téléchargement dès sa première diffusion en radio. Concrètement, cest ce qui sest produit la semaine dernière pour Britney Spears. Plutôt que dattendre plusieurs semaines entre les premières diffusions radios, qui permettent au morceau de sinstaller sereinement au sein des airplays, et mettre en vente un titre sur Internet, Sony proposait "Hold It Against Me" sur iTunes le 10 janvier, quelques heures seulement après que nous vous layons présentés sur notre site. Notons à ce sujet quil était pourtant programmé pour le lendemain, soit le 11 janvier. Le résultat est éloquent : la chanteuse place son titre premier sur iTunes dans pas moins de 17 pays en quelques heures ! Pendant les longues semaines qui dhabitude permettent la diffusion progressive dun morceau, auquel se greffe un clip, le titre aurait été quoi quil en soit, par un moyen ou un autre, téléchargé par les fans de la chanteuse. Un gros manque à gagner pour Sony car ces auditeurs, soyons réalistes, nauraient peut-être pas acheté le titre par la suite alors que lalbum serait paru dans les jours suivants !
Toutefois, il faut noter les limites de cette stratégie. Les rotations radios se caleraient-elles sur les classements des « downloads » ? Comprenez par là que si un titre tout juste dévoilé ne fonctionne pas sur les plateformes, les radios pourraient alors stopper sa diffusion afin de rester en accord avec les goûts de ses auditeurs. Cest ce qui sest produit pour la charmante Duffy. Celle qui a vendu le plus dalbums en France en 2008 avec "Rockferry", est aujourdhui bien loin de réitérer ce palmarès avec son nouvel album "Endlessly". Passé inaperçu, il est bien loin datteindre le palier des 50 000 exemplaires qui le récompenserait dune certification en or. Il est défendu par le titre "Well Well Well", une chanson plutôt efficace et radiophonique qui a été mise en ligne et diffusée en radio presque simultanément en octobre dernier. Très rapidement, le titre na plus été diffusé sur les ondes et le clip supprimé des programmations sur les chaines de télévision. Pourquoi ? Cest le journaliste britannique Peter Robinson ("The Guardian") qui lexplique : «
Duffy est jouée pour la première fois un dimanche soir, et sort simultanément sur iTunes. Il stagne à la 35ème place des charts le mardi, les radios arrêtent donc de le jouer le mercredi, et le titre disparaît des charts. Au bout de trois jours de campagne marketing, celle-ci est morte est enterrée, lalbum et lartiste avec. ».
En conclusion, les artistes ayant une base de fans assez importante peuvent la mobiliser en seulement quelques heures et ainsi corrompre le système du téléchargement illégal avec cette méthode "On Air On Sale". En revanche, quen est-il pour les artistes qui débutent, ou pour les morceaux qui mettent plus de temps à simposer dans le cur du public ? Ajoutons néanmoins que "le cas Duffy" nest pas forcément représentatif, ni unique. Prenons l'exemple de Guillaume Grand. Alors quil nétait pas célèbre il y a quelques mois, il sest imposé lentement dans les charts avec une première chanson intitulée "Toi et moi". Les diffusions radios sont très largement calquées sur son succès sur les plateformes de téléchargement. Cest leffet boule de neige : le morceau marche bien sur Internet, les radios le diffusent davantage, et le titre gagne en popularité et en ventes.