Crédits photo : Bestimage
La parole se libère dans le monde du spectacle. Peu connu du grand public, Stéphane Métro est pourtant une figure importante du milieu, lui qui a joué dans de nombreuses comédies musicales comme "Roméo et Juliette" de Gérard Presgurvic ou encore "Le Bal des vampires" de Roman Polanski. Il sera jugé aujourd'hui au tribunal de Bobigny pour atteintes sexuelles sur mineurs par personne ayant autorité. «
Durant six mois »,
Libération a recueilli le témoignage de six victimes présumées, cinq femmes et un homme. «
Certains n'avaient jamais raconté leur histoire » peut-on lire dans
une longue enquête du journal. Et ce ne sera pas une première pour lui puisque l'homme a déjà été condamné en 1996 par le tribunal de grande instance de Privas (Ardèche) à 18 mois de prison avec sursis pour "atteinte sexuelle avec violence, contrainte, menace, surprise" sur deux mineurs âgés de 11 ans. Stéphane Métro avait tout juste 20 ans.
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"Ça s'est reproduit plusieurs fois"
Malgré sa condamnation, Stéphane Métro a pu travailler en tant que comédien sur la parade de Disneyland Paris, devenir professeur à l'Académie internationale de comédie musicale (Aicom), et a même été coach vocal dans "La France a un incroyable talent" et
"The Voice Kids". Aujourd'hui, parmi les victimes présumées, un visage bien connu du grand public prend la parole pour
raconter son histoire, accusant Stéphane Métro de violences sexuelles. Agé de 27 ans aujourd'hui, Gwendal Marimoutou a joué dans les comédies musicales "Le Roi Lion",
"Résiste" ou
"Saturday Night Fever", participé à "La France a un incroyable talent" et même "The Voice", tout en décrochant un rôle dans le film "Les profs". C'est dans les coulisses du télé-crochet de M6 en 2009 qu'il fait la rencontre de Stéphane Métro, alors qu'il n'a que 14 ans, avant de recroiser sa route à l'Aicom, où il est professeur. «
Il procédait avec méthode. J'avais 14 ans et demi. J'étais en train de muer, je me posais plein de questions. La semaine à l'internat, harcelé par mes camarades, j'attendais avec impatience le week-end à l'Aicom, l'école de comédie musicale. C'était mon oxygène. Stéphane Métro était l'un des profs de chant. J'allais chez lui pour répéter, avec d'autres ados comme moi » témoigne-t-il dans
Libération.
Il a également raconté la première fois qu'il aurait été agressé sexuellement par Stéphane Métro, alors qu'il dormait chez lui pour éviter les allers-retours : «
Je me souviens du McDo le premier soir, dans son salon en regardant "Roméo et Juliette" dans lequel il jouait. Il éteint les lumières et ça commence. Machinal, rapide. Il sort de la pièce pour se rhabiller ». Un véritable traumatisme pour le jeune adolescent : «
Et je me retrouve seul, un peu paumé. A chaque fois, ça s'est passé comme ça. Ça s'est reproduit plusieurs fois pendant huit ou neuf mois, avant que je n'arrive à dire non ». Gwendal Marimoutou dit avoir pu se libérer de son emprise : «
Peu à peu, j'ai réalisé. La manipulation. Son côté prédateur. L'emprise. Toute cette culpabilité que je portais depuis des années... La pédocriminalité, on a l'image d'un pervers, vieux, dégoûtant alors qu'en fait, ce n'est pas du tout ça, c'est beaucoup plus sournois ».
"C'est difficile de parler"
Aujourd'hui, Gwendal Marimoutou dit ce qu'il n'a pas su dire à l'époque. «
C'est difficile de parler. La peur de se voir coller une étiquette et de ne plus avoir sa place dans le métier. Alors, je n'ai rien dit. (...) Pendant dix ans, j'ai fait en sorte de ne pas laisser à mon cerveau le temps de réfléchir » explique-t-il, invoquant des «
crises d'angoisse terribles », lui qui a eu «
la peur panique que ça se sache » durant toutes ces années. S'il parle désormais, c'est aussi pour briser l'omerta et faire avancer la justice : «
J'ai plus à perdre qu'à y gagner pour ma carrière. Mais tant pis. (...) Force est de constater que c'est en médiatisant les affaires qu'elles bougent ». En «
colère de le voir encore sur scène », Gwendal Marimoutou se sent «
une responsabilité de parler » : «
Il le faut, aussi pour tous les enfants qui me regardent à la télé sur Gulli. Je veux leur dire qu'il ne faut pas avoir peur de parler. Que si ça leur arrive, ils ne sont responsables de rien et qu'ils pourront s'en sortir. Dire aux parents de les croire. Porter un message d'espoir ».