Les concerts et festivals menacés à l'été 2024 à cause des Jeux Olympiques de Paris ?

Par Théau BERTHELOT | Journaliste
Passionné par la musique autant que le cinéma, la littérature et le journalisme, il est incollable sur la scène rock indépendante et se prend de passion pour les dessous de l'industrie musicale et de l'organisation des concerts et festivals, où vous ne manquerez pas de le croiser.
Les Jeux Olympiques de Paris 2024 vont demander une mobilisation massive des forces de l'ordre et des agents de sécurité. L'organisation de cet événement pourrait donc mettre à mal la tenue des concerts et festivals à l'été 2024. Devant le manque d'alternatives, les professionnels du secteurs voient déjà rouge.
Crédits photo : Bestimage
L'été 2023 sera encore chargé en concerts. Rien qu'en regardant la programmation du Stade de France, s'enchaîneront entre mai et juillet les spectacles de Soprano, Harry Styles, Depeche Mode, Mylène Farmer et Rammstein, tandis que Paris La Défense Arena accueillera sur la même période Bruce Springsteen, Pink, M. Pokora ou Stromae. Sans compter les tournées de Beyoncé, The Weeknd ou Taylor Swift qui devraient être bientôt annoncées... Une grosse saison en prévision avant un été 2024 sans concerts ni festivals ? C'est une situation qui pourrait devenir réalité, non pas à cause du Covid mais de l'organisation des Jeux Olympiques à Paris. Un événement pour lequel de nombreux lieux seront réquisitionnés, tout comme énormément de forces de police pour assurer la sécurité de l'événement mondial. Et pour le gouvernement, le choix semble être fait : privilégier les JO au grand dam des concerts et festivals potentiellement prévus en 2024.

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"Ce n'est pas à moi d'annuler tel ou tel événement"


« Le principe, c'est le report ou l'annulation des grands événements sportifs ou culturels mobilisant de nombreuses forces de police et de gendarmes » a indiqué le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin mardi devant les sénateurs. Invité ce jeudi matin sur France Inter, il ajoute : « Les Jeux Olympiques à Paris, c'est une fois par siècle. (...) Ça demande 45.000 policiers et gendarmes par jour pendant trois mois, parce qu'il y a la flamme et aussi les Jeux Paralympiques. Toutes les unités de forces mobiles seront prises par les Jeux Olympiques ». « Ce n'est pas à moi d'annuler tel ou tel événement. Il y a des moments où on a demandé de décaler » précise Gérald Darmanin, assurant notamment que le Tour de France débutera un peu plus tôt que prévu : « C'est pas le ministre de l'Intérieur qui annule les festivals. On dit simplement que les moyens de police et de gendarmerie seront consacrés à la sécurité de nos concitoyens et aux Jeux Olympiques ».

Le ministre veut également « annuler les congés des policiers entre juin et septembre » et surtout « ne pas reproduire » le fiasco du Stade de France durant la finale de la Ligue des Champions. Ainsi, il faut comprendre que si les événements peuvent se tenir, ils se feront avec beaucoup moins d'agents de sécurité que d'habitude.

Les professionnels dans le flou


Du côté du ministère de la Culture, des réflexions sont à l'étude : « Une concertation avec les acteurs aura lieu, pour voir comment concilier les besoins des jeux avec ces événements estivaux qui font partie de l'ADN culturel de la France. Ils sont très attendus par les publics et moteurs de l'économie locale ». Mais Malika Seguineau, la directrice générale du Prodiss, ne veut pas revivre une situation similaire à l'interdiction des concerts pendant le Covid : « La culture ne peut pas être sacrifiée sur l'autel des jeux Olympiques. Le Comité Olympique assure que les JO seront bénéfiques à tous les secteurs, ce qui est faux ». Et la situation est déjà inquiétante pour les professionnels du secteur de la musique et des concerts.



Selon Le Figaro, des festivals comme Solidays ou Lollapalloza Paris, prévus en juin et juillet à l'Hippodrome de Longchamp, devront être décalés entre janvier et avril. Rock en Seine, prévu fin août au Domaine de Saint-Cloud, pourrait être également impacté. « Un festival en plein air est lié à la météo, à la disponibilité du lieu et des tournées des artistes. On ne peut pas le décaler de trois mois comme ça. Je n'ai pas eu les précisions espérées. (...) Ne pas avoir un Rock en Seine en 2024 équivaut à une perte de plusieurs centaines de milliers d'euros » explique son directeur Matthieu Ducros. Et les grandes salles parisiennes que sont l'Accor Arena, Paris La Défense Arena et le Stade de France ne seront pas disponibles pendant plusieurs semaines cet été là. « On nous a simplement indiqué que les salles fermeraient, sans nous préciser la période, et surtout sans nous demander comment on pouvait nous aider » déplore Angelo Gopee, PDG de Live Nation, qui analyse la situation en chiffres : pas de Stade de France à l'été 2024, c'est « 50 à 70 millions d'euros » de pertes. Dix concerts à l'Accor Arena sont d'ores et déjà en jeu à ce moment-là, « soit 10 millions d'euros de chiffre d'affaires ».

"Tout un écosystème est en danger"


Un coup dur pour un secteur déjà durement touché depuis 2015 entre les attentats, les grèves, les gilets jaunes puis la crise sanitaire. Sylvie Robert, rapporteur du budget de la culture, assure même que « tout un écosystème est en danger » avec cette nouvelle contrainte. Mais Paris ne sera pas la seule région touchée par l'organisation des Jeux Olympiques. Aux Vieilles Charrues ou aux Eurockéennes de Belfort, l'inquiétude est aussi de mise et un report est « une quasi-certitude ». Si les équipes d'Elisabeth Borne veulent que « les annulations doivent être évitées au maximum », les professionnels du secteur ne sont pas pour autant rassurés. Comme le rappellent nos confrères du Télégramme, le célèbre festival anglais Glastonbury n'avait pas eu lieu en 2012, année où les Jeux Olympiques se tenaient à Londres. Par manque de sécurité mais aussi pour une raison plus insolite : il n'y avait pas assez de toilettes provisoires, principalement réquisitionnées pour les JO.



Face à l'inquiétude, la ville de Paris a publié un communiqué pour apporter « son soutien aux acteurs culturels » durant les Jeux Olympiques : « Consciente des enjeux de sécurité qu'une telle organisation demande (...), la Ville de Paris travaillera main dans la main avec ses partenaires, mais sans laisser le monde de la culture de côté ». Il est également précisé que « les organisateurs de festivals et de concerts » sont soutenus afin « qu'ils aient bien lieu durant l'été 2024 ».

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