Eurovision 2022 : l'Ukraine demande l'exclusion de la Russie après l'invasion du pays

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« À cet acte de guerre, nous répondrons sans faiblesse avec sang-froid, détermination et unité ». Lors d'une allocution télévisée organisée à 13h à l'issue d'un Conseil de défense d'urgence, le président Emmanuel Macron a durci le ton face au lancement d'une opération militaire de grande ampleur par les forces armées russes, qui ont franchi ce matin les frontières de l'Ukraine sur fond de dispute sur la souveraineté de deux territoires séparatistes prorusses situés dans le Donbass, à l'Est du pays. « La France se tient aux côtés de l'Ukraine. Je veux saluer le courage et la détermination du président ukrainien, du peuple ukrainien. Le président [Vladimir Poutine] n'a pas seulement attaqué l'Ukraine, il a décidé de porter l'atteinte la plus grave à la paix, à la stabilité de notre Europe depuis des décennies » a déclaré avec gravité le chef de l'État, devant trois drapeaux aux couleurs de la France, de l'Union européenne et de l'Ukraine, pour la symbolique.



Durant les événements dramatiques de cette nuit, des explosions ont été entendues dans plusieurs villes dont la capitale Kiev. Et le début des hostilités sur le terrain, unanimement condamné par la coalition internationale, a déjà des conséquences politiques, économiques et culturelles tangibles. Alors que l'édition 2022 du concours Eurovision de la chanson doit se tenir du 10 au 14 mai prochains à Turin, en Italie, un an après la victoire du groupe Maneskin, le président de la télévision publique ukrainienne UA:PBC, Mykola Chernotytsky, demande très solennellement à Delphine Ernotte, la présidente de France Télévisions élue à la tête de l'UER (Union européenne de radio-télévision) depuis le 1er janvier 2021, de bannir la Russie du concours de chant. Dans une longue lettre, la chaîne ukrainienne s'indigne que Moscou « a ignoré le droit international, la charte des Nations Unies, et violé la souveraineté et l'intégrité territoriale de l'Etat ukrainien ». Selon Mykola Chernotytsky, la participation de la Russie à l'événement « en tant qu'agresseur et profanateur des lois internationales ébranle l'idée même de la compétition (...) d'unifier l'Europe ».

"Les valeurs de l'Eurovision ne sont pas juste des slogans"

« L'exclusion de la Russie de cet événement musical de grande ampleur sera une réponse puissante de la communauté internationale des radiodiffuseurs publics aux actions agressives et illégales inacceptables de la Fédération de Russie et un soutien à la politique d'agression hostile des radiodiffuseurs publics du pays » estime l'UA:PBC, qui s'appuie notamment sur la suspension de l'adhésion de la télévision publique biélorusse BTRC, décidée en mai 2021 au motif d'une « détérioration progressive de la liberté des médias en Biélorussie », pour réclamer l'exclusion de la Russie de l'Eurovision. L'organe ukrainien accuse les chaînes Channel One et VDTRK d'être les « porte-paroles du Kremlin » et « des instruments-clés dans la propagande politique financée par l'Etat russe ». « Ces diffuseurs répandent constamment et systématiquement de la désinformation, enfreignent l'éthique journalistique, alimentent les hostilités et sont un élément moteur de la guerre de l'information du gouvernement russe contre l'Ukraine et le reste du monde civilisé » est-il écrit. A ce titre, il est donc demandé à l'UER d'intervenir. « Les valeurs communes et les principes des membres de l'UER ne sont pas juste des slogans. Nous attendons un soutien unanime de nos partenaires diffuseurs sur le sujet » conclut le PDG de la chaîne ukrainienne.

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"L'Ukraine ne veut pas la guerre"

Ce matin, l'ancienne gagnante de l'Eurovision Jamala, qui avait été sacrée en 2016 pour l'Ukraine, a pris la parole pour lancer un appel à l'aide. A l'époque, elle avait remporté le Concours grâce à sa chanson revendicative "1944", qui raconte l'histoire de ses aïeuls déportés par les autorités russes durant la Seconde guerre mondiale. « L'Ukraine ne veut pas la guerre ! Nous sommes pour la paix, nous sommes dans notre propre maison. (…) Veuillez soutenir l'Ukraine, s'il vous plaît » a-t-elle imploré dans une vidéo filmée depuis son appartement à Kiev avec ses deux enfants.