Restrictions : la colère des producteurs de spectacles face à ce nouveau "coup de massue"

Par Yohann RUELLE | Journaliste
Branché en permanence sur ses playlists, il sait aussi bien parler du dernier album de Kim Petras que du set de techno underground berlinois qu'il a regardé hier soir sur TikTok. Sa collection de peluches et figurines témoigne de son amour pour les grandes icônes de la pop culture.
Les nouvelles mesures de restriction concernant les spectacles et concerts entrent en vigueur aujourd'hui en France. Face aux jauges de limitation et un calendrier surchargé en raison des multiples reports, les producteurs font face à un véritable casse-tête : "Il y a franchement de l'usure".
Crédits photo : Bestimage
« Un vrai coup de massue ». Le Prodiss, le syndicat national des producteurs diffuseurs, festivals et salles de spectacle musical, accuse le coup après l'annonce du gouvernement de la mise en place de nouvelles mesures pour enrayer la cinquième vague de l'épidémie de Covid-19, qui submerge la France en raison de l'extrême virulence du variant Omicron. Un record de 232.200 contaminations quotidiennes a été enregistré vendredi dernier, du jamais vu depuis le début de la pandémie. Pour freiner cette flambée, le Premier ministre Jean Castex instaure à partir de ce lundi 3 janvier une série de restrictions dont l'interdiction des concerts debout et le retour des jauges de limitation pour les événements accueillant du public, fixées à 2.000 personnes en intérieur et 5.000 en extérieur. Les conséquences sont lourdes pour le monde du spectacle, alors « que les gens avaient recommencé à acheter des places et qu'on avait très bien redémarré ces six derniers mois ». « On est replongés un an en arrière. Pourtant, on a joué le jeu du pass sanitaire à 100% » se désolé Olivier Darbois, le président du Prodiss, dans les colonnes du Parisien.

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"Tout ne pourra pas être reprogrammé"


Alors que certains artistes en colère envisagent de se porter candidats à l'élection présidentielle pour contourner cette réglementation ne concernant pas les meetings politiques, Orelsan a d'ores et déjà annulé le début de sa tournée, dont le coup d'envoi devait être donné à Caen le 15 janvier. « On va profiter de ce délai pour préparer un show encore plus fou » a promis le rappeur, qui veut garder espoir. Mais l'inquiétude est réelle dans l'industrie car c'est le serpent qui se mord la queue. « Dès que l'on pourra à nouveau accueillir du monde, on va avoir de plus en plus d'embouteillages. Tout ne pourra pas être reprogrammé. C'est sûr, il y aura des annulations sèches » prévient Olivier Darbois. Pour Claude Cyndecki, à la tête de la société Cheyenne Productions, c'est un véritable casse-tête. « La tournée de Gims, on l'a reportée cinq fois, vous imaginez ? Qu'est-ce qu'on fait de nos dates qui affichent complet ? De nos concerts en formule debout ? C'est pas cool, monsieur Castex, de nous laisser comme ça » fustige-t-il au micro de France Bleu Touraine.

"Les gens commencent à déprimer"


Malgré toute la volonté de ses équipes, le sentiment d'abandon et la longévité de cette crise qui n'en finit plus a un impact certain sur le moral des troupes. « Il y a franchement de l'usure. Les gens commencent à déprimer. A Cheyenne, j'ai perdu 50 à 60% des gens du bureau, qui sont partis faire autre chose. On est franchement en péril et la situation ne s'arrange pas » déplore-t-il en tirant la sonnette d'alarme. Olivier Poubelle (Asterios Productions) n'est pas plus optimiste : cet engorgement est « un vrai problème pour la profession », estime-t-il. « On peut imaginer qu'on va discuter, s'entendre, trouver un équilibre. Si la crise perdure, les producteurs devront se mettre autour d'une table pour réfléchir à ce qu'être solidaire veut dire. Une saison réduite à six mois, parce que l'hiver deviendrait un risque pendant plusieurs années, c'est deux fois moins de dates. Comment faire pour que tout le monde y ait accès ? » s'interroge-t-il dans Télérama.

Petites, moyennes et grandes salles, tout le monde vogue dans le même bateau battu par les vents. Le défi sera donc collectif, pour Aurélie Hannedouche. « Si c'est pour faire une saison qui commence en avril et finit en novembre, ça n'a plus de sens. A un moment, il va vraiment falloir vivre avec ce virus » martèle la déléguée générale du Syndicat des Musiques Actuelles (SMA).

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