"Sorore", Rag'n'Bone Man, Olivia Rodrigo : 3 albums au banc d'essai

Pure Charts passe en revue trois albums phares du moment. Vitaa, Camélia Jordana et Amel Bent s'unissent en harmonies sur "Sorore", Rag'n'Bone Man touche en plein coeur avec le formidable "Life By Misadventure" et Olivia Rodrigo transforme l'essai avec "SOUR". Critiques, en quelques lignes !
Crédits photo : Montage Pure Charts / Pochettes d'albums

Amel Bent, Vitaa et Camélia Jordana | "Sorore"


Liberté, égalité, sororité. Vitaa, Camélia Jordana et Amel Bent ont eu envie de se faire plaisir. En marge de leurs projets respectifs et signées sur le même label, les trois artistes prouvent une nouvelle fois que l'union fait la force. Plus que jamais. Si l'ère de "Sorore", qui signifie "soeur" en latin, a étrangement débuté avec la reprise de "Marine" de Diam's, un peu à part mais qui résonne tout particulièrement à un an de la présidentielle 2022, ce projet est en réalité un album instinctif où les trois amies artistes ont eu à coeur de regarder en arrière et de réinventer leurs propres chansons. Une manière de rappeler au public de bons souvenirs en musique, et de dépoussiérer des titres entendus et réentendus maintes fois, depuis 14 ans pour certaines ! Vocalistes hors pair, Vitaa, Amel Bent et Camélia Jordana font ici équipe avec leur hitmaker fétiche Renaud Rebillaud pour transformer de fond en comble quelques madeleines de Proust comme l'excellent "Ma soeur", dont le travail sur les harmonies est impressionnant, "Où je vais" ou encore "Ne retiens pas tes larmes", indémodable. Si le disque est beaucoup trop court (10 pistes dont 2 interludes), bien souvent ça marche, tant le groupe regorge d'idées pour faire muer leurs chansons vers le meilleur. Parfois, ça casse aussi, comme sur "Non, non, non", qui paraît inabouti. Mais celles et ceux qui s'attendent à un simple album de reprises vont être surpris : certaines relectures font redécouvrir l'intensité de certains titres comme "Moi c'est", captivant, et surtout "Pourquoi les hommes", dont le texte nous explose en pleine face à l'heure où la parole des femmes se libère. Rien que pour ça, merci "Sorore" ! JG

Ça ressemble à un projet hybride qui ravira les fans d'harmonies et les nostalgiques
A écouter : le savoureux "Ma soeur", "Moi c'est", "Où je vais", "Pourquoi les hommes", indéniablement la meilleure reprise
A zapper : "Non non non", nettement moins réussi


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Rag'n'Bone Man | "Life By Misadventure"


Humain, après tout... En 2016, c'est avec "Human" que Rag'n'Bone Man a créé la surprise et envahi les ondes. Pourtant, "Human" aurait très bien pu servir de nom à "Life By Misadventure", son deuxième album sorti au début de mois de mai, tant le chanteur y ouvre son coeur comme jamais. S'il a mis quatre ans avant de revenir avec ce disque, c'est pour mieux perfectionner les 14 chansons qui le composent. Et on comprend parfaitement son choix : dès l'ouverture sur les somptueux "Fireflies" et "Breath in Me", l'ancien aide soignant quitte la soul / R&B de "Human" pour la douceur bienvenue d'arrangements pop folk. C'est ainsi quelques notes de guitare et sa voix puissante qui ouvrent le disque, enregistré à Nashville, avec un mélange de charme et de bienveillance. Il en faut parfois peu pour toucher en plein coeur. Mais Rag'n'Bone Man n'est pas avare en surprise. Après le lumineux "Fall In Love Again" et la poignante ballade "Anywhere Away From Here" partagée avec Pink, qui devrait être un tube immense, le chanteur accélère la cadence sur le pop et enjoué "Crossfire" avant de brancher les guitares sur "All You Ever Wanted", premier single ébouriffant. Si "Time Will Only Tell" apparaît comme le seul petit point noir du projet, Rory Graham, de son vrai nom, le termine en beauté sur "Party Is Over" et "Old Habits". Déjà intime dans les sonorités, Rag'n'Bone Man l'est aussi dans les paroles de ses 14 chansons, évoquant tour à tour ses relations sentimentales compliquées mais aussi son rôle de père et la façon dont on grandit personnellement. C'est d'ailleurs à son fils Ruben qu'il s'adresse dès les premières notes de "Fireflies", comme un message de transmission : « Old man's tears for a young man's dreams / In my eyes, you're growing like the weed / I can't decide if I'm you or if you're me ». « Il n'y a nulle part où se cacher quand on propose une mélodie très sobre. Les chansons sont toujours la clé » assure-t-il en interview pour Pure Charts. Tout est dit. TB

Ça ressemble à l'album parfait pour adoucir votre été mais aussi le prochain hiver
A écouter : le bouleversant "Anywhere Away From Here", "Fireflies", les bondissants "Crossfire" et "All You Ever Wanted", "Alone"...
A zapper : "Time Will Only Tell", le seul petit point faible de l'album





Olivia Rodrigo | "SOUR"


High school musical. Comment espérer être à la hauteur des attentes quand votre toute première chanson explose tous les records et vous fait gagner des millions de fans du jour au lendemain ? Sans le vouloir, Olivia Rodrigo nous donne la réponse dans "SOUR" : en restant soi-même. Sorti six mois après le tourbillon "drivers license", ce premier album très DIY - elle a écrit et composé ses morceaux dans sa chambre, entre ses cours au lycée - ne renferme aucun gros tube hyperproduit par les hitmakers du moment qui ont sans doute rampé devant sa porte après ses débuts tonitruants. Sur le livret de ce 11-titres figure simplement Dan Nigro, musicien connu pour son travail avec Conan Gray et Sky Ferreira, et deux invités de marque : Jack Antonoff et Taylor Swift, crédités pour un sample des notes de piano du titre "New Year's Day" utilisé sur "1 step forward, 3 steps back". Le parallèle avec la superstar américaine est intéressant car, comme elle, Olivia Rodrigo possède du haut de ses 17 ans une écriture très cinématographique. "deja vu" et "enough for you" (à vous briser le coeur) regorgent de souvenirs, d'images fugaces et d'anecdotes très personnelles que la magie de sa voix, très expressive, rend universels. « So find someone great, but don't find no one better / I hope you're happy, but don't be happier » susurre-t-elle sur le slow "happier", effleurant du doigt des sentiments qu'on a tous un jour connus. S'il est beaucoup question d'amour et de ruptures dans le projet, Olivia Rodrigo prend à contre-pied l'image romantique qu'on a pu se faire d'elle en ouvrant l'album avec "Brutal", un titre rock à l'esprit punk où elle se fait la voix d'une jeunesse désabusée, avant de déclencher sa fureur vengeresse dans "good 4 u". On décèle même des accents grunge et bluesy ça et là. Une façon de prouver qu'elle a de la personnalité à revendre !

Ça ressemble à l'entrée habile d'une jeune artiste dans la jungle de l'industrie
A écouter : "drivers license", remarquablement bien écrit, les déchirants "enough for you" et "happier, "jealousy jealousy"
A zapper : "traitor", déjà entendu


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