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Le secteur souffle un grand coup... mais n'est pas entièrement rassuré ! Comme l'annonçait le gouvernement fin avril, les lieux culturels tels les musées, les cinémas ou les théâtres vont pouvoir
rouvrir leurs portes dès le 19 mai en France, après plus de six mois de fermeture continue. Un soulagement pour l'industrie, d'autant plus qu'à cette date, les salles de spectacles pourront enfin accueillir à nouveau du public assis, 800 personnes en intérieur puis 1.000 personnes en extérieur. Ensuite, la jauge grimpera à 5.000 personnes, sous réserve d'une bonne évolution de la situation sanitaire et de la présentation d'un test PCR négatif ou d'une preuve de vaccination. De plus, Roselyne Bachelot a annoncé le retour des
concerts et festivals debout dès le 1er juillet, mais à condition d'une jauge de 4 mètres carrés par spectateur. Une bonne nouvelle pour le monde du spectacle vivant, même s'il est encore peu probable de voir des concerts se jouer dès le 19 mai au soir.
Comme l'affirme Aurélie Hannedouche, la déléguée générale du Syndicat des musiques actuelles (SMA) à nos confrères du
Jour, «
on n'ouvre pas une salle de concert en une semaine ». «
C'est pas un magasin de fringues ! » souligne-t-elle. Avec une jauge réduite à 35% de la capacité maximale le 19 mai, qui passera ensuite à 65% début juin, mais toujours en configuration assise, les tourneurs et organisateurs ne voient pas comment organiser des représentations dans de telles conditions. En raison de sa forme particulière, une salle comme le Trabendo à Paris en viendrait à drastiquement réduire le nombre de spectateurs présents par concert. «
On a une jauge normale de 700 places. Si on la met assise (...) on tombe à 250. Si on commence à mettre une chaise vide entre chaque spectateur, on tombe à 30 spectateurs. Clairement, c'est impossible » détaille le directeur des lieux Matthieu Meyer, mettant en avant une difficulté autant économique que musicale, étant donné que la salle accueille de nombreux artistes anglo-saxons qui ne pourront pas faire le déplacement.
Une reprise plutôt en juin ?
Pour le Syndicat National des Entrepreneurs du Spectacle (le SNES), ces annonces gouvernementales sont incompréhensibles : «
Je ne vois pas du tout comment économiquement ceci est possible. D'autant plus que la mise en place des fonds de compensation est toujours en discussion... ». Des règles également dénoncées par le SMA dans une lettre ouverte, pointant des «
zones d'ombre » comme le couvre-feu, qui passe à 21 heures le 19 mai puis à 23 heures le 9 juin, ou l'obligation d'un pass sanitaire qui «
pose un réel problème sur les plans éthique, économique et logistique ».
Si l'optique de la reprise des concerts dès le 19 mai, c'est-à-dire dans une dizaine de jours, semble de moins en moins évidente, tous les professionnels ont davantage les yeux tournés vers le mois de juin et la saison estivale. «
J'ai encore des concerts au mois de juin qui potentiellement peuvent avoir lieu et je vais tout faire pour ce qu'ils aient lieu en replaçant parfois les gens, en appliquant les conditions sanitaires, en changeant les dates dans certains cas... On veut montrer au public qu'on revient dans les salles ! » détaille au micro de
BFM TV, Pierre Alexandre Vertadier, le président de Décibels Production.
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Parmi les artistes de son catalogue ? Alain Souchon, Amir ou Kendji Girac, qui devraient assurer quelques concerts courant juin avant de se produire dans les festivals maintenus cet été. «
De voir que des masques, c'est vrai que c'est bizarre car on a pas l'habitude de voir ça mais en fait la glace se rompt très très vite car les gens sont là pour faire la fête » assure de son côté Louis Chédid, qui a été l'un des rares à pouvoir donner quelques concerts en octobre dernier avant le confinement.
Si les grands événements de l'été tels que
Solidays, Hellfest ou Lollapalooza Paris ont baissé les bras face à l'obligation d'un festival en configuration assise, d'autres résistent comme
les Nuits de Fourvière, malgré une jauge limitée à 1.000 puis 2.000 spectateurs sur les 4.500 que peut accueillir le théâtre lyonnais dans lequel il se déroule. «
Notre objectif numéro un c'était de faire un festival (...) On sera dans les théâtres gallo-romains, on sera présents. Et surtout avec du théâtre, de la danse, de la musique et du cirque donc l'ADN du festival n'est pas atteint par le covid » commente Dominique Delorme, le directeur de l'événement. Et bon nombre des concerts prévus entre le 1er juin et le 30 juin, comme ceux de Pomme, Benjamin Biolay,
Alain Souchon ou Philippe Katerine, affichent déjà complets. Preuve que le public a plus que jamais envie de retourner applaudir les artistes sur scène !