Eddy de Pretto, Sheila, Noé Preszow : 3 albums au banc d'essai

Pure Charts passe en revue trois albums phares du moment. Eddy de Pretto confirme l'essai avec "A tous les bâtards", Sheila fait le bilan d'un carrière riche sur "Venue d'ailleurs" et Noé Preszow impressionne sur son premier album "A nous". Critiques, en quelques lignes !
Crédits photo : Marie Schuller / Pochettes d'albums

Eddy de Pretto | "A tous les bâtards"


Je, tu, ils. Comment donner suite à une arrivée fracassante dans le game ? Cette question, Eddy de Pretto se l'est posée maintes et maintes fois durant les trois années qui séparent la sortie de "Cure", premier disque percutant, et "A tous les bâtards", son successeur. Un disque très attendu qui fait autant office de suite logique que de version augmentée de "Cure". Finies les sonorités urbaines et froides du premier disque : le Eddy de Pretto cru 2021, "Kid" transformé en freak, c'est plus de pop, plus de mélodies solaires mais aussi plus de chant. Sur les excellents "Freaks" ou "Nu", le chanteur emmène sa voix dans des tessitures jusqu'ici inavouées, prouvant qu'il n'a pas encore abattu toutes ses cartes. Déjà mise en avant dans sa "Cure" initiale, la thématique de la différence et du refus de la normalité imprègne tout l'album, que ce soit sur "Parfaitement" ou "A quoi bon". Si la thématique tourne parfois en rond au bout de plusieurs titres, le chanteur revient à son point de départ, évoquant, avec une nostalgie teintée de regret, sa jeunesse ("Créteil Soleil", "Rose Tati") avant d'aller vers un constat social avec "Val de larmes" où il évoque sa situation privilégiée d'homme blanc ayant grandi en banlieue. Si l'album "A tous les bâtards" semble un peu trop généreux (15 titres), Eddy de Pretto offre ici un disque plus que convaincant, qui se redécouvre avec plaisir au fil des écoutes. Se livrant comme jamais sur le final "Tout vivre", Eddy de Pretto finit en clamant qu'il ne sait pas s'il écrira un troisième album. Gageons que celui-ci verra le jour dans quelques années... TB

Ça ressemble à un deuxième essai aux allures de confirmation
A écouter : "Nu", "A quoi bon" et "Freaks", les trois hymnes de l'album, "Bateaux-mouches" et "La fronde"
A zapper : "Créteil Soleil" et "Parfaitement", plus faibles




Sheila | "Venue d'ailleurs"


L'école est finie. Sheila s'apprête à fêter ses 60 ans de carrière. Rien que ça ! Pour célébrer ce cap pas tout à fait comme les autres, la chanteuse a voulu faire un bilan de son incroyable parcours et de sa vie personnelle à travers les 11 chansons, multiples et sans prétention, qui composent l'album "Venue d'ailleurs". Son 27ème album, qui pourrait tout fait être son dernier projet tant il boucle la boucle. Parfois aux antipodes, ses nouveaux titres multiplient les genres, révélant ainsi plusieurs pans de la personnalité de l'artiste, Sheila revisitant ses époques phares entre les années yéyé (le rétro "Tous yéyé", "Baby Doll") et son épopée disco, tout en se laissant aller à l'émotion et même à laisser parler sa spiritualité ("Chaman"). Ainsi, l'artiste de 75 ans retrouve l'illustre Nile Rodgers sur l'hymne disco "Law of Attraction", une véritable machine à remonter le temps qu'il co-écrit et produit, ou Keith Olsen ("Ooh La La") : des collaborations pensées pour nous rappeler des souvenirs et nous donner envie de danser. Sans fard, Sheila se libère aussi des tabous qui l'entourent, évoquant son fils Ludovic, décédé en 2017, sur la ballade "Cheval d'amble", qui aurait mérité un texte plus poignant, et fait le point sur "La rumeur" qui l'a poursuivie toute sa vie à travers une jolie ballade. Sans grande surprise certes, la chanteuse propose ici un album aussi léger qu'intime, sans excès de jeunisme, restant simplement fidèle à elle-même. JG

Ça ressemble à une autobiographie en musique
A écouter : "Chaman", le dansant "Law of Attraction", "Venue d'ailleurs"
A zapper : "7ème continent", trop attendu, et "Cheval d'amble", au texte trop imagé pour saisir l'émotion




Noé Preszow | "A nous"


Les derniers seront les premiers. Noé Preszow est un OVNI dans le paysage musical francophone. Introverti et timide, le chanteur belge renferme en lui un monde fascinant et il nous en ouvre l'accès privilégié à travers son premier album "A nous". A l'écoute de ses 13 chansons bouillonnantes, l'artiste possède à la fois la splendeur des plus grands et la ferveur des débutants, qui ont à coeur de se raconter, de se (dé)livrer à tout prix. Une urgence qui s'est ressentie dès la sortie de son single éponyme, sorte d'hymne populaire à cent à l'heure qui contient tous les atouts pour que la jeunesse s'en empare en le scandant à tue tête. Toujours avec beaucoup d'humanité et de poésie, il parvient à renouveler l'exploit à plusieurs reprises sur ce disque intense, notamment sur les deux petits chefs d'oeuvre "Que tout s'danse" et "Le monde à l'envers", dénonçant les violences policières, le poing et le coeur serrés. Ce côté fédérateur sans vraiment vouloir l'être ne se détache jamais des titres de Noé Preszow qui manie, avec un talent inné, aussi bien les mots que les mélodies. La mélancolie en bandoulière et l'âme à vif, le petit prodige parle de lui et finalement de nous, ne s'épargne pas, alignant les chansons ciselées, portées par des mots à la fois percutants et plein de délicatesse. Son interprétation, brisée, désespérée et vibrante, comme s'il avait vécu mille vies, vient à chaque fois les sublimer. Noé Preszow ou la chanson française dans ce qu'elle propose de meilleur. JG

Ça ressemble à un premier album brillant
A écouter : les excellents "Que tout s'danse" et "Le monde à l'envers", l'hymne "A nous", le mélancolique "Je te parle encore", "Ce silence"
A zapper : "Exils", moins fort


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