Camélia Jordana, Kimberose, Arlo Parks : 3 albums au banc d'essai

Pure Charts passe en revue trois albums phares de ce mois de janvier. Camélia Jordana s'engage avec malice sur "Facile/Fragile", Kimberose brise ses chaînes sur "Out" et Arlo Parks touche en plein coeur avec "Collapsed in Sunbeams". Critiques en quelques lignes !
Crédits photo : Hellena Burchard / Clément Dezelus / Alex Kurunis

Camélia Jordana | "Facile/Fragile"


Toujours le poing levé. « Mesdames, mes femmes, prenons les armes ». Voilà comment le double album "Facile/Fragile" de Camélia Jordana commence. Que les haters poursuivent l'écoute, les paroles de l'hymne féministe "Femmes" ne reflètent pas un appel à la violence, mais une volonté de transmettre sa force et son optimisme à la gent féminine, d'appeler à une révolution pacifiste. En contraste à celles que mènent les hommes. Et des hommes, il en est finalement beaucoup question sur ce projet, concocté avec Renaud Rebillaud, Tristan Salvati, Woodkid ou Jérémy Chatelain, et scindé en deux parties : l'une pop urbaine, l'autre plus intimiste. Deux facettes opposées, parfois déroutantes, mais complémentaires. Avec malice, Camélia Jordana s'adresse avec férocité à un homme de pouvoir (Christophe Castaner ?) sur le texte tranchant de "Silence", sur une mélodie légère et radiophonique. Voilà la force de la face "Fragile" : continuer ses combats sur des airs accrocheurs et dans l'air du temps, que le plus grand nombre pourra chantonner sans forcément prendre conscience du poids de ses mots. Aussi clivante que passionnante, l'artiste, toujours maitresse de son destin dans ses paroles, s'entoure de Soolking et Dadju sur des duos efficaces mais un peu faciles justement, se met dans la peau d'un homme destructeur sur l'entêtant "Le monde en main" aux allures reggae, et excelle sur les ballades ("Nos chansons", "Si j'étais un homme"), sublimes déclarations d'amour aux hommes. Plus dépouillée et authentique, la face "Fragile", dans la lignée de son précédent album "Lost", n'en a malheureusement pas l'éclat de bout en bout, mais réserve de beaux moments ("Jusqu'au bout des cils", "Les garçons"). Un album engagé, sans en avoir l'air. JG

Ça ressemble à un tour de force sous des airs "faciles"
A écouter : les ballades magnifiques "Nos chansons", "Les garçons", "Si j'étais un homme" et "While You Breathe", le léger "Ta vie pour toi", le tube imparable "Facile", "Jusqu'au bout des cils"
A zapper : "J'oublie vite", moins fluide, "Nata Lova"




Kimberose | "Out"


Kimberley ose. Rien n'est plus beau que de voir une jeune artiste pétrie de talent se trouver dans une industrie où il est parfois difficile de se perdre. Quand Kimberose faisait les présentations il y a deux ans avec "Chapter One", on y a autant vu des débuts éblouissants que l'aboutissement d'un long parcours pour l'ancienne participante de "Nouvelle Star", qui a mis du temps à trouver sa voie et sa voix. Et quelle voix ! Avec son empreinte unique conviant tous les fantômes de la soul américaine, la chanteuse a récolté tous les superlatifs et le joli succès de son disque, certifié d'or, lui a permis de mûrir, en tant que femme et en tant qu'artiste. L'entité Kimberose n'est désormais plus un groupe. C'est en son nom seule que Kimberley porte sur ses épaules son projet musical. "Out", son deuxième album, est logiquement traversé par cette idée d'émancipation, de liberté. De délivrance. « Back on my feet / I hit the street / I finally found a way out » lance-t-elle avec conviction sur le refrain de "Back On My Feet", déterminée à s'épanouir, sans compromis, sans s'excuser d'être elle-même ni d'avoir des failles comme elle le chante sur "Weak and Ok". Ce deuxième opus sonne moins jazzy mais beaucoup plus pêchu, avec de grandes envolées de cuivres, des guitares bluesy, une écriture plus pop qui donne naissance à de formidables chansons ("Warning Signs") et certains titres sont même polis par des synthétiseurs comme "Thin Air" et "Pull Me Down". Un voyage initiatique qui appuie parfois sur le bouton "pause" pour mieux accrocher le coeur, avec comme moments suspendus deux titres en piano-voix réalisés avec le pianiste Sofiane Pamart dont "L'envie de valser", tout premier titre en français pour Kimberose. Qui, peu importe les mots employés, sait indéniablement parler le langage de la musique comme peu savent le faire. YR

Ça ressemble au cri d'un coeur de velours
A écouter : "Sober", "Warning Signs", "The Secrets", "L'envie de valser", le superbe "Keep on Loving"
A zapper : "Escape", qui donne l'impression d'avoir déjà été entendu




Arlo Parks | "Collapsed In Sunbeams"


Rayon de soleil soul. Notez-le : 2021 est l'année d'Arlo Parks. A seulement 20 ans, la jeune chanteuse londonienne s'affirme comme une des voix les plus prometteuses de la scène anglaise actuelle. Il faut dire que depuis 2018, l'artiste délivre un univers délicat entre pop, jazz, R&B et soul, qui la fait marcher dans les pas de ses consoeurs Amy Winehouse ou Jorja Smith. Véritable rayon de soleil en ce début d'année pluvieux, son premier album "Collapsed In Sunbeams" vient confirmer tous les espoirs que l'on plaçait en Arlo Parks. De l'intro-titre poétique au rétro "Portra 400" en guise de final, la chanteuse livre un premier album puissant et classieux, à la production léchée et aux arrangements de toute beauté, emmené par sa voix de velours et son accent anglais attachant. Se faisant la voix de la jeunesse, Arlo Parks évoque ses relations amicales, amoureuses et même ses propres sentiments, tout en citant allègrement Thom Yorke, Sylvia Plath ou "Twin Peaks". Un mélange d'influences qui donne une touche particulière à ce premier essai plus que réussi. Toujours sobres mais bien ficelés, les 12 morceaux de "Collapsed in Sunbeams", décrits comme « une série de vignettes et de portraits intimes », apparaissent comme une délicate et touchante carte de visite. Les quelques notes de guitare, de piano et de cuivres qui traversent "Hurt" et "Hope" se heurtent à la douceur de "Caroline" (très Clairo dans l'esprit), à la touche R&B de "Green Eyes" et "Eugene" ou à l'esprit plus solaire d'un "Just Go", pour former un tout aussi éclectique que cohérent. Un formidable premier album d'une artiste qui mérite qu'on s'y intéresse de près. TB

Ça ressemble à une carte de visite élégante, entre pop, soul et R&B
A écouter : les formidables "Hurt", "Hope", "Caroline", "Bluish" et "Green Eyes"
A zapper : Aucune, l'album s'écoutant comme un tout !


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