Crédits photo : Pexels / Edoardo Tommasini
C'est probablement l'un des secteurs les plus durement touchés par la crise sanitaire mondiale, et son cas est souvent passé sous silence. Depuis près d'un an, le monde de la nuit vit une situation catastrophique puisque les discothèques et boîtes de nuit sont les rares endroits à n'avoir jamais rouvert depuis la mi-mars 2020. Une situation difficilement tenable pour les nombreux acteurs du secteurs, qui ne cessent de demander des directives claires de la part du gouvernement. Alors que
Bob Sinclar se dit
« dépité » par la situation, Laurent Garnier a écrit
une lettre ouverte adressée à Roselyne Bachelot : «
Le manque flagrant de considération, l'ignorance émanant de votre ministère envers le secteur de la nuit et des clubs est clairement interprété par beaucoup d'entre nous comme une forme de mépris incompréhensible ».
"La discothèque, c'est un art de vivre"
En ce début 2021, la situation est à un point dramatique. En effet, près d'un tiers des boîtes de nuit françaises ont dû définitivement fermer à cause de la crise sanitaire. Pour être plus précis, 430 des 1.500 clubs présents dans l'Hexagone ont mis la clé sous la porte. Dans une interview accordée à nos confrères de
Franceinfo, Patrick Malvaës, le président du Syndicat National des Discothèques et Lieux de Loisirs, s'inquiète de l'avenir des discothèques françaises, notant que cette vague de fermetures pourrait s'accentuer.
Bob Sinclar évoque la difficile situation du monde de la nuit sur Europe 1 :
«
Un tiers des boîtes de nuit françaises ne rouvriront pas après la crise, on peut en être assuré parce que cette dérive des 430 va pouvoir passer à 600 très rapidement » se désole-t-il, précisant d'ailleurs que le bilan fait état de 200 fermetures judicaires et autant de fermetures volontaires de la part des dirigeants ou des propriétaires des lieux. Décrivant la situation comme «
catastrophique » pour les DJs, videurs ou barmen, Patrick Malvaës explique que les acteurs du secteur font face à des dégâts matériels et psychologiques : «
Vous imaginez un peu tout le personnel qui n'est plus du tout en contact avec la clientèle, qui n'est plus du tout en contact avec la direction. C'est un manque terrible parce que la discothèque, c'est un art de vivre ».
Les discothèques bientôt transformées en centre de vaccination ?
Pour autant, Patrick Malvaës ne se dit pas complètement optimiste face à la réouverture, toujours inconnue, des lieux du monde de la nuit. Selon lui, la crise sanitaire va obliger le secteur à se réinventer dans les mois ou les années à venir. «
Je suis parfaitement conscient qu'il y a un risque sanitaire majeur, que les mesures actuellement proposées, même par le biais de protocoles sanitaires, sont des mesures insuffisantes et inopérantes. De toutes façons, le protocole nous soumettrait à de telles contraintes que l'établissement ne pourra pas redémarrer » précise-t-il, avant d'ajouter qu'il est hors de question d'envisager une réouverture dans un «
mode dégradé ».
Au sujet de cette possible réouverture des boîtes de nuit, le président du syndicat refuse toute alternative en mode «
bar, bar-dansant » mais évoque une idée plus inattendue : «
Moi, j'ai dit c'est de la foutaise. La rentabilité ne sera pas au rendez vous. La seule reconversion qui serait possible, et je ne fais pas de l'humour, ce serait de nous transformer en centre de vaccination, et ça, on y est tout à fait prêt, mais il faudrait encore qu'on nous sollicite. On le ferait tous avec grand plaisir ! On a même fait un sondage dans ce sens auprès de nos mandants. Pourquoi pas transformer les 1.500 établissements de France en centres de vaccination ? Toutes les discothèques répondraient présent ». Une reconversion inattendue mais qui pourrait accélérer la campagne de vaccination française.