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Les événements et les tests se multiplient pour étudier la propagation du virus dans les salles de spectacles. Après
deux expériences réussies menées à Leipzig et Barcelone, deux syndicats français (le SMA et le Prodiss) planchent sur l'organisation de
plusieurs concerts-tests à Paris et Marseille. De l'autre côté du Rhin, une autre étude a été menée par des chercheurs allemands, cette fois-ci lors au Konzerthaus, une salle de 1.500 places à Dortmund, les 2, 3 et 20 novembre derniers. Organisée par l'Institut Fraunhofer Heinrich Hertz de Goslar et la société de mesure des particules Parte Q, cette nouvelle étude n'a pas fait appel à des spectateurs mais à un mannequin de haute technologie, appelée Oleg, afin de simuler la respiration humaine dans la salle de spectacles de Dortmund.
"Les salles de concerts et de théâtres ne sont pas des lieux d'infection"
En mesurant la transmission d'aérosols dans la salle, l'auditorium et le foyer, les organisateurs en sont venus à la conclusion que le risque qu'une personne puisse infecter des personnes avec le coronavirus à travers «
la transmission par aérosol peut être presque exclu », à condition que tous les spectateurs portent des masques et que la salle dispose d'un bon système de ventilation. «
Les salles de concerts et de théâtres ne sont pas des lieux d'infection. Ces derniers mois ont montré que les politiques ont besoin de preuves scientifiques pour prendre des décisions. Avec notre étude, nous voulons nous assurer que les salles de concerts et de théâtres pourront accueillir assez de public quand elles rouvriront » se félicite
Raphael von Hoensbroech, docteur et directeur du Konzerthaus de Dortmund.
Les résultats de l'étude allemande prouvent donc que l'organisation de concerts est possible à moins de respecter quelques règles : une bonne ventilation tout d'abord, mais aussi des règles sanitaires actuellement en vigueur, comme le port obligatoire du masque dans l'enceinte de la salle, et un système d'occupation d'un siège sur deux. Néanmoins, pour le moment, le Konzerthaus dit ne pas être en mesure de mettre en place un événement de grande envergure, étant donné que son système de ventilation actuel met 20 minutes à remplacer l'air intérieur par de l'air extérieur. «
Cette étude nous fournit une base importante pour évaluer le risque de transmission du virus Sars Cov-2 (Covid-19, ndlr) durant les concerts avec un public » conclut l'expert en hygiène Martin Exner.
Semaine après semaine, ces études tendent donc à prouver que l'organisation d'événements culturels semble bel et bien possible en cette période de pandémie mondiale. Pourtant, certains n'ont pas attendu pour le faire. En effet, comme le relaie
Le Canard Enchaîné dans un article, les lieux culturels espagnols sont toujours restés ouverts depuis le mois de juin, tout en respectant des règles sanitaires en vigueur. Idem en Pologne, en Croatie ou au Portugal. En Nouvelle-Zélande, un festival devant plus de 10.000 personnes a même été organisé, le pays étant débarrassé de tout cas de coronavirus et ayant repris une vie presque normale. De quoi presser le gouvernement français à réagir, alors que la grogne des artistes s'intensifie face à la fermeture prolongée des salles.