Fermeture des rayons culturels : une décision "inadaptée" pour le patron d'Universal Music

Par Théau BERTHELOT | Journaliste
Passionné par la musique autant que le cinéma, la littérature et le journalisme, il est incollable sur la scène rock indépendante et se prend de passion pour les dessous de l'industrie musicale et de l'organisation des concerts et festivals, où vous ne manquerez pas de le croiser.
Le reconfinement ainsi que la fermeture des rayons culturels est un nouveau coup dur pour l'industrie musicale. Interrogé par Le Parisien, Olivier Nusse, le patron d'Universal Music France, partage son incompréhension face aux mesures gouvernementales et espère que la pétition lancée par le SNEP fera bouger les choses.
Crédits photo : Montage Pure Charts / Bestimage
C'est un nouveau coup de massue. Le reconfinement généralisé ainsi que la fermeture des rayons culturels des grandes surfaces, considérés comme "non essentiels", mettent à nouveau à mal l'industrie culturelle, et notamment le secteur musical. Tandis que de nombreux artistes ont poussé un coup de gueule, une pétition a été lancée par le SNEP pour obtenir la réouverture de ces rayons. D'autant plus que le mois de novembre est très chargé en sorties musicales : si certains, comme Raphaël ou Thomas Dutronc, ont été obligés de repousser la sortie de leurs albums, d'autres la maintiennent, à l'instar de Marina Kaye. « Je n'ai jamais vu de rassemblement excessif devant un rayon culturel il me semble. Ça fait des mois que toute la culture se bat pour continuer à exister, que des dizaines de métiers sont mis en péril, c’est à croire que nos professions ne sont toujours pas considérées comme telles. Je sors personnellement un album dans une semaine, 75% de mes ventes sont physiques depuis le début de ma carrière, cette image me glace » s'inquiète la chanteuse, qui sort ce vendredi son troisième album "Twisted".

"On ferme tout et on pénalise tout le monde"


Si une « tolérance » est acceptée jusqu'à mercredi pour la vente des produits "non essentiels", ces dernières annonces gouvernementales sont « totalement aberrantes et surtout incohérentes » pour Olivier Nusse. Interrogé par Le Parisien, le patron d'Universal Music France est dans l'incompréhension totale face à ces nouvelles mesures. « Sous prétexte de ne pas vouloir créer de concurrence déloyale entre les différents réseaux de distribution, on ferme tout et on pénalise tout le monde, les artistes les premiers mais aussi le public » explique-t-il, ajoutant que les deux derniers mois de l'année représentent 40% du volume annuel de ventes physiques d'albums en France.



La fermeture des points de vente culturels est donc synonyme de chute des ventes dans les semaines à venir : « Les grandes enseignes culturelles, les supermarchés et les hypermarchés représentent à elles seules 75% de ventes physiques. La Fnac, c'est un tiers des revenus des ventes physiques en France. Alors que le premier confinement était plus strict, leurs rayons culture étaient restés ouverts. Et cela avait permis de maintenir un tant soit peu l'activité, même si le printemps est une période de consommation moins forte pour le disque. Tout fermer en cette fin d'année, c'est extrêmement dommageable ».

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L'accumulation du reconfinement et de la fermeture des rayons culturels a déjà des conséquences. Par exemple, Calogero a annoncé le report de son album "Centre ville", censé sortir ce vendredi 6 novembre, à une date ultérieure pour le moment non connue. Une véritable déception pour le chanteur, qui aurait pu profiter des fêtes de fin d'année pour signer un nouveau succès commercial. « Quand on a comme lui travaillé pendant deux ans sur son album et que l'on apprend à une semaine de la sortie que tous les magasins seront fermés, c'est plus que frustrant, c'est violent ! C'est son seul projet de l'année, c'est sa vie qu'il joue » se désole Olivier Nusse, rappelant à quel point Calogero s'est « beaucoup impliqué pendant le premier confinement » avec la chanson caritative "On fait comme si".

"On met à mal une grande partie de la création française"


Comme de nombreux artistes, Olivier Nusse ne comprend pas pourquoi la vente de disques et de livres est interdite alors que les autres rayons des grandes surfaces restent ouverts : « On sait mettre en place des mesures sanitaires renforcées, sans prendre de risques (...) Et dans une grande surface, quand les gens viennent acheter des aliments, je ne vois pas en quoi circuler dans un rayon de disques change les choses ». Avec la pétition lancée par le SNEP et signée par de nombreux artistes et des maisons de disques comme Warner ou Sony, Olivier Nusse l'assure : « On se doit d'y croire (...) Ce qui se passe est très violent pour eux [les artistes, ndlr]. Ils ne peuvent déjà pas faire de concerts. Sans les ventes, qu'est-ce qu'il leur reste? Si rien ne bouge, on met à mal une grande partie de la création française et pour longtemps ». Espérons que son appel soit entendu...

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