Crédits photo : Stéphane Lemouton / Bestimage
«
C'est le coup de grâce ». Les mots d'Antoinette Colin, directrice de la salle du Point Virgule sont forts mais justes. Emmanuel Macron a bel et bien confirmé l'instauration du reconfinement en France qui sera effectif dès ce soir à minuit et jusqu'au 1er décembre au moins. «
J'ai décidé qu'il fallait retrouver à partir de vendredi le confinement qui a stoppé le virus » a déclaré le président dans son discours, précisant que les écoles resteront néanmoins ouvertes. Si Emmanuel Macron n'a pas évoqué clairement le monde de la culture, il a annoncé que «
les rassemblements publics seront interdits » et que «
les établissements recevant du public » seront fermés durant les quatre semaines du confinement. Une mesure qui vise directement tous les lieux culturels tels que les cinémas, les musées, les théâtres, les salles de spectacles ou de concert, mais aussi les librairies. Cette annonce est donc un nouveau coup dur pour le monde de la culture, déjà en grave danger depuis la mi-mars. En effet, si plusieurs lieux culturels ont rouvert leurs portes (musées, salles de cinémas), d'autres salles de spectacles (comme le Zénith de Paris) sont à l'arrêt depuis plus de sept mois.
"On n'a pas d'alternative"
Une décision dure mais malheureusement compréhensible pour les nombreux directeurs de salles de spectacles, obligés de baisser une nouvelle fois le rideau, après des derniers mois très compliqués. «
C'est la mesure la plus radicale. On est capables de s'adapter, on l'a montré avec la jauge, le couvre-feu, mais, là, on n'a pas d'alternative » se désole Antoinette Colin, directrice du Point Virgule au
Parisien. Logiquement, ce nouveau confinement d'au moins quatre semaines met également fin aux autres sorties culturelles comme le cinéma, les musées ou les quelques concerts qui avaient lieu.
«
Annuler deux tournées en moins d'un an, je dois battre des records ! » ironise
Izïa Higelin dans les colonnes du
Monde, assurant que ses principaux revenus proviennent de ses concerts : «
J'ai l'impression d'avoir été fauchée en pleine prise d'élan ». De son côté, Pierre-Alexandre Vertadier, directeur de Décibels Prod, dit avoir tout fait pour maintenir quelques concerts de Louis Chedid ou de Benjamin Biolay. «
On a estimé qu'il était important que les gens ne perdent pas l'habitude de sortir. On a voulu montrer aux pouvoirs publics qu'on était des grands garçons, capables de faire respecter les mesures et que les gens étaient des adultes responsables. D'ailleurs, aucun cluster n'a été signalé dans une salle de spectacles ! » explique-t-il au
Parisien, ajoutant que c'est «
une illusion de penser que l'on peut vivre sans culture ».
Roselyne Bachelot prendra la parole ce soir
Si plusieurs plans d'aides financiers ont été annoncés par la ministre de la Culture au fil des mois, dont un de 115 millions d'euros pour le spectacle vivant et le cinéma le 22 octobre dernier, ils ne seront certainement pas suffisants pour soutenir un secteur catastrophé. Selon une étude de l'association Tous Pour La Musique, publiée en juin dernier, l'industrie musicale pourrait essuyer
4,5 milliards d'euros de pertes cette année. Si Emmanuel Macron n'a donc pas évoqué directement le secteur culturel durant son discours, ce qu'a relevé l'auteur de bandes dessinées Joann Sfar dans un tweet, Roselyne Bachelot vient d'être ajoutée à la liste des ministres qui seront présents lors de la conférence de presse que donnera Jean Castex à 18h30.