Crédits photo : Abaca
L'annonce était redoutée, elle est désormais officielle. Hier soir devant plus de 20 millions de téléspectateurs, Emmanuel Macron a confirmé la mise en place d'un couvre-feu dans la région Île-de-France et dans 8 autres métropoles dont Marseille, Lyon, Toulouse ou Rouen. Ce "confinement nocturne" sera effectif dès ce samedi 17 octobre, pour une durée de quatre semaines au moins, entre 21 heures et 6 heures du matin. Une annonce qui fait l'effet d'un nouveau coup de massue pour des secteurs déjà très en danger comme ceux de la restauration et de la culture. Ce couvre-feu devrait donc avoir pour conséquence la fermeture des restaurants ou des salles de spectacles, à moins que celles-ci ne s'organisent pour le contourner. «
Demain mes caissiers vont téléphoner toute la journée pour proposer aux spectateurs de venir à 19 heures, mais la pièce dure 1h25, ceux qui habitent loin ne viendront pas. On va perdre 50 à 60% de nos spectateurs, déjà qu'on était en jauge dégradée » se désole Bertrand Thamin, le président du Syndicat national du théâtre privé et directeur du Théâtre Montparnasse, dans les colonnes du
Parisien.
"C'est un énorme et énième coup de massue"
Du côté des musiciens, la gronde se fait également sentir. Le tout, alors qu'un décret devrait bientôt
prolonger l'interdiction des concerts debout jusqu'au 31 mars 2021. Quelques minutes après les annonces d'Emmanuel Macron,
Benjamin Biolay s'est fendu d'un long message sur Instagram. Le chanteur, qui doit débuter dans quelques jours la tournée pour son
album "Grand prix", poste une photo de lui, le regard noir et cigarette à la bouche : «
J'étais comme ça devant l'allocution présidentielle. Je vais évidemment vous tenir au courant dans les jours qui suivent. Il est évident que c'est un énorme et énième coup de massue que nous venons tous de prendre. Nous nous faisions une joie de vous retrouver. Nous allons lutter car désormais chaque concert est une victoire ».
"Ce ne sera pas confortable pour le public"
«
Nous savons que la situation est grave mais déplorons plus que jamais le manque de concertation et de communication de nos gouvernants. Est-il normal d'apprendre que l'on perd son emploi et sa fonction après dix minutes d'un intolérable suspens ?!? Pouvons-nous oui ou non avoir une discussion de fond » poursuit le chanteur, avant de lancer une pique à Roselyne Bachelot : «
Pour finir suis-je mesquin [Madame la Ministre de la Culture] ? Bonne soirée. Courage ». Un message notamment salué par Hoshi, Nicolas Bedos ou encore Clara Luciani, cette dernière demandant des «
solutions pour la culture ». De son côté, Slimane partage plusieurs stories sur Instagram où on le voit également dépité face aux annonces gouvernementales en se demandant si tout cela est du «
bon sens ». Un sentiment d'incompréhension que partage Stephan Eicher, également en tournée pour défendre son dernier album
"Homeless Songs" : «
On retourne sur scène avant [de] se coucher à 20h (heure d'hiver)... Après le "on est en guerre!", on est au "couvre feu" hmmmm? Il n'y a pas d'autres mots dans ce beau langage français ? »
Face à ce nouveau coup dur, les salles essaient de s'organiser pour maintenir leurs représentations quitte à les faire commencer plus tôt. «
Nous allons étudier la possibilité d'avancer tous les concerts que nous pourrons à 19 heures au lieu de 20h30, avec pour ambition que les spectateurs soient sortis à 20h20 ou 20h30 au plus tard, ou bien de les déplacer sur le week-end lorsque cela sera possible. Nous sommes conscients que ce ne sera pas confortable pour le public, mais l'hypothèse de faire venir le public à 18h30 ne me parait pas réaliste » détaille au
Figaro Laurent Bayle, directeur de Philharmonie de Paris. Un nouveau casse-tête s'annonce pour un secteur déjà en péril même si une réunion est prévue ce jeudi au Ministère de la Culture.