vendredi 24 juillet 2020 16:08

Reprise des concerts : le coup de gueule des professionnels contre le gouvernement

Par Théau BERTHELOT | Journaliste
Passionné par la musique autant que le cinéma, la littérature et le journalisme, il est incollable sur la scène rock indépendante et se prend de passion pour les dessous de l'industrie musicale et de l'organisation des concerts et festivals, où vous ne manquerez pas de le croiser.
Les acteurs du secteur musical sont toujours dans le flou quant à la reprise des concerts, normalement au mois de septembre. Le Syndicat des Musiques Actuelles (SMA) partage une lettre ouverte pour demander au gouvernement des répondes plus claires. Une tribune signée par -M-, Pomme ou Jeanne Added.
Crédits photo : Yann Orhan / Coadic Guirec / Cyril Moreau / Bestimage
Ils n'en peuvent plus. Tourneurs, producteurs et gérants de salles de concerts sont toujours dans le flou quant à la reprise entière des activés. Si le mois de septembre semble être celui du retour des concerts, à l'instar de l'Accor Arena qui annonce sa réouverture avec M. Pokora, les consignes du gouvernement restent toujours vagues quant à l'encadrement des concerts et autres spectacles. Ainsi, 1.500 acteurs du secteur musical, dont de nombreux artistes (-M-, Jeanne Added, IAM, Pomme...), des festivals (Europavox, Marsatac...), des tourneurs (Uni-T Production, A gauche de la lune...) ou des salles de spectacles (Zénith de Paris, Le Bataclan) signent une lettre ouverte partagée par le Syndicat des Musiques Actuelles (SMA) pour interpeller le Président de la République, le Premier Ministre, et la Ministre de la Culture afin d'obtenir des réponses plus précises.

"Nous nous sentons abandonnés"


« Depuis le 31 mai dernier, il nous est en effet interdit (...) de produire, interpréter, organiser des spectacles en station debout pour le public dans les établissements recevant du public. Plus le temps passe, plus il y a urgence pour nos professions à relancer l’activité malgré les dispositifs d’accompagnement économique et financier mis en place que nous saluons, mais qui ne sauraient garantir la pérennité de notre secteur » commence la lettre. Si les acteurs espèrent « une reprise à 100% des capacités publiques » dès le 1er septembre, ils craignent que cette date butoir soit « de plus en plus difficilement envisageable pour des questions inhérentes à la programmation et à l’organisation de tournées notamment » : « Nous sommes aujourd’hui dans une situation économique, sociale et morale plus que délicate ».

"Personne ne comprend le mutisme nous concernant"


Si « d'autres secteurs professionnels » comme les restaurants ou les cinémas ont obtenu une réponse précise de la part du gouvernement, ce n'est toujours pas le cas pour l'industrie musicale. La majorité des festivals ont été annulés et la reprise des concerts à la rentrée semble de plus en plus inimaginable. Alors que les salles risquent de faire face à un embouteillage des artistes et des programmations, certains se voient déjà obligés de reporter leurs concerts à 2022, faute de places disponibles d'ici là : « Nous vous avons remis des propositions concrètes dans le cadre de l’élaboration d’un protocole relatif à de possibles aménagements quant à l'accueil du public, en vue d'aboutir avec vous à des scenarii de reprises de nos activités (...) Personne ne comprend le mutisme nous concernant, à commencer par le public qui nous interroge de manière insistante et qui nous dit son envie de reprendre le chemin des concerts. Nous nous sentons abandonnés et méprisés par nos partenaires publics ».

Le SMA espère ainsi que la récente nomination de Roselyne Bachelot au Ministère de la Culture peut faire avancer les choses : « Ne pouvant plus vivre dans l'expectative, nous vous demandons des perspectives claires et cohérentes de scenarii et d'échéances dès le prochain conseil de défense afin de pouvoir travailler au redémarrage de nos activités. Nos organisations professionnelles restent à votre disposition pour finaliser avec vous ce protocole en concertation avec l'ensemble des acteurs concernés ». Une pétition a été lancée sur Change.org et recueille déjà plus de 9.000 signatures.

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