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On le sait, le secteur culturel a été l'un des plus impactés par la crise mondiale de coronavirus. Entre la fermeture des musées, des salles de cinémas ou de concerts, des magasins culturels ou de
l'annulation des festivals, la plupart des acteurs du secteur se sont retrouvés à l'arrêt pendant deux mois. Si le déconfinement permet une reprise progressive des activités, comme
la réouverture des disquaires, des lourdes pertes financières ont été observées entre la mi-mars et la mi-mai. Ainsi, le SNEP et de l'UPFI (L'Union des producteurs phonographiques français indépendants) dévoilent
une étude sur l'impact du Covid-19 sur le marché de la musique enregistrée.
Entre 119 et 166 millions d'euros de pertes
Le rapport se concentre donc sur les conséquences de la crise sanitaire sur le marché musical, à la fois sur ces deux mois de confinement, mais aussi sur l'année entière. Et celles-ci risquent d'être négatives sur bien des aspects. En effet, les pertes du chiffre d'affaire du marché de la musique enregistrée représentent 40% du «
CA prévisionnel » (soit plus de 49 millions d'euros), entre mars et mai, et sont estimées entre 15 et 21% sur l'ensemble de l'année. Entre janvier et décembre 2020, sont ainsi estimées entre 119 et 166 millions de pertes. Comme le précise l'étude, ce «
coup dur » a fortement impacté le réseau de distribution des CDs et vinyles, mettant en danger «
le modèle économique des répertoires et des producteurs jusque-là peu positionnés sur le numérique ». A elles seules, les ventes physiques représentent 79% des pertes financières sur l'année, avec entre 63 et 106 millions d'euros en moins. Au contraire, le secteur numérique est apparu comme «
un facteur de stabilisation » même s'il n'a pas compensé pour autant les pertes de ventes physiques. Ainsi, le domaine numérique devrait essuyer lui aussi une perte de 7,8 millions d'euros sur l'ensemble de l'année.
Les jeunes artistes en danger ?
De plus, le retour "à la normale" des activités liées au secteur musical sera plus tardif que prévu. Comme le note le bilan, si cela est envisageable à la fin de l'année pour certains domaines, celui de la musique sera beaucoup plus tardif. Si le scénario optimiste envisage un retour "à la normale" fin juin, le plus pessimiste est plutôt dirigé vers la rentrée, avec une reprise lente des ventes physiques en septembre, une interdiction des concerts jusqu'en octobre et, par conséquence, un public qui revient de plus en plus lentement dans ces lieux publics. Cela pourrait donc «
affaiblir la diversité culturelle et artistique », notamment dans les genres classiques, jazz et variétés. Les jeunes artistes débutants pourraient être touchés de plein fouet, puisque les grandes enseignes risquent davantage de s'appuyer sur les back catalogues (les albums de plus de 2 ans) ou les classiques qui se vendent toujours, plutôt que sur des nouveaux projets au succès incertain.
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Selon le SNEP et l'UFPI, ces deux mois d'impact économiques et financiers pourraient s'inscrire dans la durée, au moins jusqu'en 2022. Tout d'abord à la rentrée, il y aura un embouteillage dans les salles de concerts, si elles rouvrent, avec toutes les dates reprogrammées, mais aussi dans les bacs avec toutes les
sorties d'albums décalées. Un amont de nouveautés mais pas assez d'espace médiatique pour tous les défendre. Courant 2021, d'autres vagues de reports et la baisse des droits voisins (qui rémunèrent producteurs et artistes) pourraient encore plus impacter le secteur. Afin de lutter contre cette crise, les producteurs préconisent plusieurs solutions financière comme le renforcement du crédit d'impôt à la production phonographique, afin d'inciter à la production de nouveaux talents, la mise en place d'un «
plan d'aide directe au bénéfice des TPE du secteur », mais aussi un taux de TVA réduit sur les ventes physiques afin de «
protéger les 4.000 points de vente en France ».