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L'industrie musicale est à l'arrêt. Depuis le début de la pandémie du coronavirus et l'annonce du confinement, toutes les salles de spectacles, les disquaires, les magasins culturels et autres événements et concerts musicaux ont dû fermer leur porte, laissant la majorité des artisans de la musique sur le carreau. Face à ce chômage technique généralisé, le SMA (le Syndicat des Musiques Actuelles) publie un long
communiqué «
pour que les conséquences de la crise sanitaire n'enterrent pas ceux qui font la diversité de la musique » ainsi que pour «
soulever collectivement plusieurs constats et appeler à la solidarité ».
A travers cette lettre ouverte réunissant 20 organisations musicales françaises, le SMA dit représenter 1.500 structures, producteurs de spectacles, labels, éditeurs, salles de concerts ou festivals, toutes à l'arrêt depuis le 16 mars. Cette pause des activités durant depuis près de deux mois provoque donc l'annulation de plus de 20.000 représentations ou la fermeture des magasins et des studios d'enregistrement, créant donc un énorme «
déficit de recettes propres (...) de lordre de 300 millions deuros ».
Une "grande précarité qui pèse sur les artistes"
Il faut dire que cette période printanière était cruciale pour tous les secteurs musicaux. Au-delà des grosses sorties d'albums de la saison (The Weeknd, Dua Lipa) et d'innombrables concerts, les différents acteurs préparaient également la période des festivals. Mais entre les
albums décalés (Lady Gaga, Sam Smith), les
concerts reportés ou les festivals annulés (comme
le Printemps de Bourges), l'industrie vit un coup dur inédit. En interpellant les plus hautes instances de l'Etat, le Syndicat des Musiques Actuelles met en avant «
la grande précarité qui pèse sur les artistes et les techniciens intermittents du spectacle » : «
Ceux-ci sont touchés non seulement par lannulation des dates de spectacles, mais aussi par larrêt de tous les projets de résidences et dactions culturelles que nous avons lhabitude de mener dans les écoles, hôpitaux, prisons, EHPAD, etc ». Cet arrêt total des activités porte un énorme coût financier concernant tous «
les investissements réalisés pour la production de tournées ou d'albums et qui vont devoir à nouveau être investis dans le cadre des reports ou qui seront alors définitivement perdus » mais aussi les pertes de sponsoring ou les difficultés de trésorerie rencontrées par certains acteurs du secteur musical.
Un risque de concurrence à la reprise des activités
Si le SMA s'inquiète de cette «
période blanche », il redoute encore plus le moment où le confinement sera terminé et où les activités reprendront. Il y aura, selon lui, un «
embouteillage à la reprise », puisque les salles ne pourront pas accueillir tous les concerts qui ont été suspendus durant ces deux mois : «
Il ne pourra donc pas y avoir que des reports : des annulations sont inévitables, dans un contexte dhyper concurrence. Sans parler du comportement des publics et des impacts psychologiques ». Un autre problème se pose actuellement. Avec la fermeture des magasins type Fnac ou Cultura,
les ventes de disques physiques s'effondrent considérablement. Selon le SNEP, la part d'achat de CD et vinyles cette semaine ne représenterait plus que 10% des ventes totales en France, contre un moyenne de 40% généralement. Et, contrairement à ce que l'on aurait pu penser, les écoutes en streaming sont plus faibles que prévues.
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Des problèmes vus comme des «
angles morts » et qui pourraient avoir des conséquences sur le long terme : «
Si les besoins de trésorerie vont être vitaux pour la survie des entreprises, leurs capacités de rebonds en sortie de pandémie imposent de penser les dispositifs de soutien dans un temps long et non uniquement en termes d'urgences (...) l'impact de cette crise ne pèsera pas uniquement sur ces prochains mois mais bien évidemment au moins sur la saison entière voire les suivantes ».
Face à ces nombreuses problématiques soulevées, le Syndicat des Musiques Actuelles demande au gouvernement que «
les intermittents du spectacle, les professeurs de musique et les formateurs soient éligibles comme les salariés permanents au dispositif d'activité partielle », que «
les entreprises culturelles soient elles-aussi éligibles au dispositif de droit commun annoncé par le Ministre de l'économie » ou encore que le «
Ministère de la Culture mette en place des mesures ad hoc pour les entreprises du secteur musical et plus largement celles du spectacle vivant ». Ainsi, le SMA espère, à travers cette action, que la sortie de crise pourra s'opérer en douceur afin «
de rebondir et d'offrir à nos concitoyens le lien social et culturel renouvelé dont nous aurons tant besoin ».