Passionné par la musique autant que le cinéma, la littérature et le journalisme, il est incollable sur la scène rock indépendante et se prend de passion pour les dessous de l'industrie musicale et de l'organisation des concerts et festivals, où vous ne manquerez pas de le croiser.
Pour sa neuvième édition, le Pitchfork Music Festival Paris jouait la carte du renouvellement avec trois soirées thématiques : rap, rock indé et électro-pop. Durant ce week-end musical, The 1975, Charli XCX, Chromatics et SebastiAn sont venus faire vibrer les festivaliers.
Crédits photo : Montage Pure Charts / Bestimage / Kimberley Ross / Alban Gendrot
C'est un peu le dernier rendez-vous festivalier des mélomanes parisiens. Organisée chaque dernier week-end d'octobre, la déclinaison parisienne du Pitchfork Music Festival permet à la Grande Halle de la Villette d'accueillir la crème de la scène indé, française et internationale. Depuis sa création, l'événement a accueilli M.I.A, Disclosure, Thom Yorke, CHVRCHES ou encore Etienne Daho. Sauf que cette année, le Pitchfork a voulu se renouveler en ajoutant deux mini-scènes supplémentaires (en plus des deux déjà existantes), placées au sous-sol et dans un restaurant sur le côté, réservées aux découvertes. Le tout en créant trois soirées bien distinctes : un jeudi rap, un vendredi rock indé et un samedi pop/électro. Nous voilà donc prévenus et embarqués dans un week-end mû par les découvertes et les valeurs sûres.
Vendredi rétro-rock
Le premier contact avec la salle est futuriste. En pénétrant dans la Grande Halle en ce vendredi soir, on est tout de suite happé par les lumières, aussi somptueuses que brumeuses, de la scène Nef, placée en arc-de-cercle sur un des côtés de la Halle. On se croirait transporté dans l'univers de "Blade Runner". Plus loin, sur la grande scène, le premier contact musical se veut toujours aussi rétro-futuriste grâce à Desire. Emmené par Johnny Jewel (le fondateur du label Italians Do It Better et également aux commandes de Chromatics, quelques heures plus tard), le groupe nous embarque durant une somptueuse demie-heure marquée par les titres de son premier (et seul) album, sorti il y a dix ans, dont l'enivrant "Under Your Spell", rendu célèbre grâce à la bande originale du film "Drive". Sur les écrans, les projections aux néons nous font directement pénétrer dans un univers 80's bien défini tandis que sur scène, la chanteuse Megan Louise multiplie les poses lascives, un verre à la main. On aurait bien fait durer le plaisir musical encore une demie-heure tant la proposition est hypnotique.
Rose et rock pour Primal Scream. Crédits photo : Vincent Arbelet
Sur la Nef, l'heure est aux découvertes : tout d'abord avec Barrie, qui nous fera partager la douceur de ses compositions indie/folk. Lui aussi programmé seulement 30 minutes, le groupe new-yorkais va néanmoins séduire les milliers de curieux grâce à ses morceaux d'une délicatesse rare, avant de finir sur une reprise épurée du "Lay All Your Love On Me" d'Abba. Ensuite, la jeune anglaise Nilüfer Yanya prend possession des lieux sous les somptueux jeux de lumières. Ça s'agite du côté de la grande scène lorsque Primal Scream entre en scène. Méconnu en France, le groupe est une véritable légende en Angleterre. Vêtu de rose de la tête aux pieds, le chanteur Bobby Gillepsie s'évertue à faire remuer une foule pas très réceptive. Certainement déçue de n'avoir que 45 minutes d'accordées, la formation écossaise mettra les bouchées doubles en lançant d'entrée de jeu "Movin' On Up" avant le grand moment "Loaded".
"Shadow, take me down with you..."
Une petite heure plus tard, c'est au tour de Chromatics, "grand frère" de Desire, de prendre d'assaut le Pitchfork Music Festival Paris. Très rare autant sur disque (sept ans séparent les deux derniers) que sur scène (pas un passage à Paris depuis 2013), la formation démarre au quart de tour par "Tick of the Clock", lui aussi rendu célèbre grâce à "Drive". Pendant une heure, et dans la quasi-pénombre, la voix aérienne de Ruth Radelet transportera les milliers de fidèles dans un univers cosmique. En rappel, les très attendus "Shadow" et la reprise de "Running Up That Hill" viendront conclure une performance aussi classe que belle. Chromatics n'en aura malheureusement pas profité pour interpréter des chansons de "Closer to Grey", album surprise sorti le mois dernier. De l'autre côté de la Halle, la douceur et l'élégance est toujours de mise grâce à Weyes Blood, qui signe là notre dernier set de la soirée.
Le samedi se voulait plus musclé, et Pitchfork n'avait pas menti. Dès l'ouverture des portes, plusieurs centaines de fans de The 1975 accourent pour espérer être au premier rang. Ceux-ci devront patienter avec la soul classieuse de Jamila Woods et la pop déjantée de Charli XCX. Véritable star de la programmation, cette dernière n'a pas feint à sa réputation et a proposé un set de haute volée. Privilégiant les morceaux de son dernier album "Charli", la chanteuse est arrivée à grand coups de confettis blancs avant de faire vibrer le public avec "Vroom Vroom", "I Love It" ou encore "1999". Bien évidemment, le grand moment du spectacle fut la venue de Christine and the Queens pour un duo enflammé sur le tubesque "Gone". Iconique !
Pas le temps de souffler que, de l'autre côté, Aurora débarque sur la Nef. Timide et presque gênée lorsqu'elle prend la parole, la jeune Norvégienne prône l'amour pour tous et l'engagement écologique au cours d'une performance où elle s'affirme et apparaît plus énergique que jamais. Le public, lui, est conquis et reprend en cur "Queendom" ou "The River". Dommage qu'"Animal", l'un des titres les plus efficaces de son répertoire, ait été écarté de la setlist.
The 1975, TOOMUCHTIME ?
Retrouvons donc les fans de The 1975 qui trépignent d'impatience et pour cause, leur groupe favori vient d'entrer en scène. Si, à la rédaction de Pure Charts, le groupe anglais divise, la performance de Matt Healy (et de ses compagnons) s'avère être une bonne surprise, tout du moins pendant sa première demie-heure. Hurlant sur "People", le chanteur se laisse aller à quelques pas de danse sur "TOOTIMETOOTIMETOOTIME" et "It's Not Living (If It's Not With You)", ses deux meilleurs morceaux. « On a juste une heure, c'est de la connerie. Nous donner une heure, c'est un manque de respect total » s'énerve le leader lors d'une pause, entre deux bouffées de cigarette. En guise de représailles, il jouera 15 minutes de plus, de quoi passablement retarder Agar Agar et SebastiAn, les deux têtes d'affiches électro françaises qui clôturent la soirée.
SebastiAn voit double. Crédits photo : Vincent Arbelet
Passons rapidement sur la performance en demi-teinte des premiers pour se concentrer sur le poulain de l'écurie Ed Banger. Pendant une heure, le producteur présente la plupart des morceaux de son nouvel album "Thirst", du dingue "Beograd" à "Pleasant", son titre avec Charlotte Gainsbourg qui apparaît sur les écrans, avant d'enchaîner avec ses remixes de Daft Punk ou The Kills. Après un passage à vide durant le concert, SebastiAn assène le coup de grâce en concluant sur une relecture du "Killing in the Name" de Rage Against The Machine. Un joli clin d'oeil alors que le groupe vient d'annoncer sa reformation.
Pour l'édition du changement, le Pitchfork Music Festival Paris a une nouvelle fois visé juste grâce à une programmation mêlant jolies découvertes et valeurs sures. Entre Barrie et Charli XCX, Chromatics et Agar Agar, le festival a su se démarquer de la concurrence et s'impose de plus en plus comme un des incontournables de l'automne parisien avec un vendredi d'une classe folle et un samedi plus énergique. Même le public, d'habitude si froid lors de cet événement, s'est laissé emporter facilement. Rendez-vous en 2020 !