samedi 19 octobre 2019 12:20

Alain Souchon, Mika, Marie-Flore : 3 albums au banc d'essai

Pure Charts passe en revue trois albums phares du moment. Alain Souchon se fait nostalgique sur "Âme fifties", Mika convie pop et intimité sur "My Name Is Michael Holbrook", Marie-Flore frappe fort avec "Braquage". Critiques, en quelques lignes.
Crédits photo : Montage Pure Charts

Alain Souchon | "Âme fifties"


Défoule sentimentale. 11 ans. Alain Souchon n'aime pas qu'on le dise mais son dernier album de chansons originales en solo remonte à 2008. Une éternité puisque ces retrouvailles, touchantes à bien des égards, nous font se rendre compte à quel point il nous avait manqué. S'il n'a plus soif d'idéal, l'illustre interprète pose à 75 ans un regard tendre, ironique et mélancolique sur la société d'aujourd'hui en jetant un oeil dans le rétroviseur. Dans "Âme fifties'', il déroule un temps où les bombes de la guerre d'Algérie se mêlaient à la voix d'André Verchuren et au rire de Jean Gabin. Pour "Debussy Gabriel Fauré", amusante opposition entre les goûts affirmés de ses parents et les siens, il convie les fantômes de Chuck Berry, Johnny et le King en personne. Sans rien perdre de l'espièglerie de ses mots. Alain Souchon propose ici 10 compositions comme autant de récits intimes et de chroniques sociales. Sur "Un terrain en pente'', il s'imagine en observateur du monde du haut de sa colline. « De mon belvédère, je regarde la France / Avec ses lumières, ses souffrances » glisse-t-il avec une une apparente insouciance sur un petit air de guitare. Politique, Alain Souchon ? Oui, mais toujours avec cette pointe de délicatesse qui lui sied si bien. Si les fans seront enchantés de retrouver la plume de son comparse Laurent Voulzy sur "Irène", les sensibles seront emportés par la poésie poignante de la ballade "On s'aimait'' où, sur les notes du piano de Vincent Delerm, l'artiste dépeint une histoire d'amour à l'épreuve des décennies. Un sourire, une larme, et la magie Souchon fait battre notre coeur. YR

Ça ressemble à des tableaux grouillants de vie, de personnages et de poésie
A écouter : "Presque", "Âme fifties", "Un terrain en pente", "ici et là", le bouleversant "On s'aimait"
A zapper : "Ouvert la nuit", un vrai cirque




Mika | "My Name Is Michael Holbrook"


The origin of Mika. « My name is Michael Holbrook, I was born in 1983 ». C'est l'une des phrases qui ouvre le nouvel album de Mika. Pourtant, celle-ci a de quoi tromper. Le chanteur propose bel et bien des chansons personnelles et des textes évoquant son histoire familiale, mais il les enrobe de sonorités pop irrésistibles. Une envie qui démarre au quart de tour dès le deuxième titre, un "Ice Cream" aussi malicieux que sexy qui rappelle INXS et Prince. Deux références majeures qui ne quitteront jamais MIKA au cours des 13 titres que composent ce cinquième opus. L'autre inspiration du disque semble plus personnelle et MIKA ne s'en cache pas. Car ce "My Name Is Michael Holbrook" semble être une réponse, ou tout du moins une suite directe, du célèbre "Life in Cartoon Motion" d'il y a 12 ans. On y retrouve un peu du lyrisme de "Happy Ending" dans "Paloma" tandis que l'irrésistible et nostalgique "Tomorrow" se pare de synthés très 80's. Après une première partie plus tubesque (c'est là que sont réunis les singles déjà exploités), MIKA explore avec une deuxième moitié plus douce et plus sobre dans lequel il chausse ses ballerines et va en enfer, probablement pour mieux se découvrir. De ce périple, il en tire un morceau simple, sobre, comme un instant suspendu dans le temps : "Blue". « I will always love the blue in you » susurre le dandy pop avec une voix submergée par l'émotion. Le disque aurait pu s'arrêter là, et aurait été une très belle conclusion. Dans l'ensemble, le retour de MIKA est une jolie réussite. Le chanteur embrasse ses références pop sans jamais tomber dans la nostalgie facile. On peut néanmoins lui en vouloir, à certains moments, de trop embrasser ses modèles, comme sur "Tiny Love", rappelant un peu trop Queen avec sa construction faussement complexe. Ce sont mêmes les ballades ("Ready to Call This Love" en tête) qui sonnent comme les titres les moins accrocheurs. TB

Ça ressemble à une déclaration pop et intime assumée
A écouter : les irrésistibles "Ice Cream" et "Sanremo", le nostalgique "Tomorrow", le somptueux "Blue"
A zapper : "Dear Jealousy" et "Ready To Call This Love" un peu plus faible




Marie-Flore | "Braquage"


Attaque à mots armés. Dès les toutes premières secondes de l'album "Braquage", Marie-Flore vous agrippe par le col et vous entraîne dans les eaux troubles d'une relation en pleines turbulences. C'est ça qui frappe dès que "QCC" - l'une des meilleures pistes - résonne, la chanteuse possède son propre univers, précieux, fusionnant la pop française à l'énergie bouillonnante des productions habituellement réservées au cloud rap (et donc aux hommes). Et ne vous fiez pas au visage diaphane de Marie-Flore, elle manie l'art de la formule, de la punchline poétique, du verbe qui claque, qui met KO. Un vrai travail d'orfèvre pour que les mots rebondissent sur les beats. Et dire qu'elle ne souhaitait pas, à l'origine, chanter en français ! Il aurait été malheureux de passer à côté de ses textes, à la fois sentimentaux et crus, mais toujours ciselés, qui évoquent 12 moments d'une seule et même histoire d'amour chaotique. Indéniablement, l'artiste casse les codes de la pop française féminine avec ses chansons tubesques autant romantiques que brutales, terrains romanesques où l'amour et la violence se font la guerre. De l'amour à la haine, il n'y a qu'un pas, que Marie-Flore franchit allègrement au fil de "Pas envie", "Tout ou rien", "Derrick" ou "Presqu'île", pour évoquer ses sentiments vertigineux, ses pulsions sexuelles, ses doutes, ses contradictions ou ses dépendances. Clairement, l'un des albums francophones majeurs de 2019. JG

Ça ressemble à un uppercut en musique
A écouter : l'explosif "Pas envie", "QCC", "Tout ou rien", "Braquage", "M'en veux pas"
A zapper : "Cambre", moins mordant


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