PNL, Billie Eilish, Gauvain Sers : trois albums au banc d'essai

Pure Charts passe en revue trois albums phares du moment. Avec la sortie de "Deux frères", le duo rap PNL crée l'événement tandis qu'à l'international, c'est le nom de Billie Eilish qui est sur toutes les lèvres. Gauvain Sers, lui, avec un deuxième album très engagé intitulé "Les oubliés".
Crédits photo : Montage Pure Charts / DR

PNL | "Deux frères"


J'vise plus l'sommet. C'est LA sortie événement du mois. Après l'énorme carton de "Dans la légende", Ademo et N.O.S sont de retour avec "Deux frères", album très attendu tant par les fans que les médias. Duo indépendant qui n'a jamais donné une seule interview, PNL confirme son statut de pilier du rap français avec ce nouveau projet solide mais qui ne prend pas beaucoup de risques. En effet, les frangins appliquent la même recette. Auto-tune, productions planantes, paroles simples, répétitions... C'est indéniable, les rappeurs nonchalants savent faire sonner leurs mots cash sur des instrus cloud rap impeccables, mais PNL tourne déjà en rond en évoquant à nouveau leur détermination, leurs sentiments contradictoires, l'impact du succès ou encore leur parcours. Si aucun titre n'arrive à la cheville du poétique et sensible 1er extrait "A l'ammoniaque", les deux artistes, entre deux références à la pop culture, parviennent à offrir de beaux moments ("Chang", "Au DD", "Coeurs" ou "Deux frères") mais souvent avec cette sensation de déjà entendu. D'autant que PNL tombe parfois dans la facilité comme avec "Hasta La Vista", sempiternel titre latino et ensoleillé, leur nouveau "Béné". Seul "91's" et son effusion funk vient apporter un vent de nouveauté. JG

Ça ressemble à "Dans la légende" version 2019
A écouter : "Coeurs", "A l'ammoniaque", "Autre monde", "Deux frères"
A zapper : le facile "Hasta La Vista", "Blanka"





Billie Eilish | "When We All Fall Asleep, Where Do We Go?"


Diamant noir. Drôle de créature que Billie Eilish. A 17 ans, la jeune Américaine est déjà adulée par des millions de fans et cumulent des milliards de streams sur les plateformes... sans avoir sorti d'album. Elle le dit volontiers elle-même : « Je ne suis pas de votre monde ». Et on est presque tenté de la croire. Billie ne correspond en rien aux critères des popstars actuelles, avec sa noirceur mélancolique, son look néo-gothique décontracté, la folie qui l'habite et son esprit bouillonnant de créativité. Le clip cauchemardesque de "bury a friend" est en la preuve. Et pourtant, comment ne pas succomber à ces chansons abreuvées par une kyrielle de genres (dark-pop, électro, jazz, hip-hop...) qu'elle écrit à quatre mains avec son frère Finneas ? L'album, s'il reste un peu moins éclatant que son EP "don't smile at me" (2017), est un laboratoire de curiosité fascinant. On frétille sur "bad guy" et se laisse happer par la puissance infernale de "you should see me in a crown" pour mieux succomber à la douceur d'un "when the party's over" ou du splendide "listen before i go". Des ballades épurées, d'une délicatesse extrême, qui soulignent une interprétation fragile et une écriture à fleur de peau. La surexposition dont Billie fait actuellement l'objet ne doit pas masquer l'évidence : on est face à un talent brut. YR

Ça ressemble à la pop du futur
A écouter : le frénétique "bad guy", "when the party's over", "bury a friend", "ilomilo", "listen before i go", le déchirant "i love you"
A zapper : l'agaçant "8"





Gauvain Sers | "Les oubliés"


Au tableau. Deux ans après le succès surprise de son premier album "Pourvu", entré numéro un des ventes, Gauvain Sers s'enracine dans le registre de la chanson française engagée avec son successeur, "Les oubliés". Un titre d'album et une chanson inspirés par la lettre d'un professeur protestant contre la fermeture de son école située à Ponthoile, dans l'ouest de la Somme. Plume ciselée en main, verve gouailleuse sous le béret, Gauvain Sers se penche avec habileté sur le sujet délicat de la désertification des campagnes dans ce titre social qui donne le ton d'un disque authentique et humain. Comme Renaud, son "super parrain" qu'il remercie dans les crédits, le chanteur n'a pas son pareil pour capter les petits travers et bonheurs du quotidien, en nous parlant d'amour avec un "Jean bleu" ou de tendres souvenirs avec "La boîte à chaussures" ou "Le tiroir". Dans "La langue de Prévert", il rend un bel hommage à ses rêves de petit garçon qui n'imaginait sans doute pas partager un jour un duo avec l'un de ses modèles, Anne Sylvestre ("Y'a pas de retraite pour les artistes''). Féministe avec la ballade "Excuse-moi mon amour'', Gauvain Sers tombe parfois dans des facilités ("Changement de programme'') mais met tellement de coeur à l'ouvrage qu'on oublie les défauts propres à ce style "chanteur de comptoir''. "Les oubliés", principalement réalisé avec Yarol Poupaud, réserve ainsi de jolis moments à l'écoute de "L'épaule d'un copain'', une déclaration d'amitié qui touche par sa simplicité, et "Que restera-t-il de nous ?'', vibrante chanson d'amour signée de l'écrivain Michel Bussi. YR

Ça ressemble à du Renaud, oui, mais bien fait
A écouter : "Les oubliés", le symbolique "La langue de Prévert", "L'épaule d'un copain", "Au pays des Lumières", "Que restera-t-il de nous ?''
A zapper : "Changement de programme", trop cliché


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