Lady Gaga, Angèle, Twenty One Pilots : trois albums au banc d'essai

Par Théau BERTHELOT | Journaliste
Passionné par la musique autant que le cinéma, la littérature et le journalisme, il est incollable sur la scène rock indépendante et se prend de passion pour les dessous de l'industrie musicale et de l'organisation des concerts et festivals, où vous ne manquerez pas de le croiser.
Pure Charts passe en revue trois albums incontournables de la semaine. Si Angèle nous présente enfin un premier album tant attendu après 4 singles percutants, Twenty One Pilots fait son grand retour avec "Trench". Quant à Lady Gaga, elle brille, sur disque comme sur grand écran, dans "A Star Is Born".
Crédits photo : Montage Pure Charts / DR

Lady Gaga & Bradley Cooper | "A Star Is Born"


Des étoiles plein les yeux. "Époustouflante", "bouleversante", "incroyable de justesse"... Les superlatifs ne manquent pas dans la presse pour qualifier la performance de Lady Gaga dans "A Star Is Born", son premier grand film au cinéma. Le rôle d'Ally, une jeune musicienne qui ne correspond pas aux critères de l'industrie, est évidemment taillé sur mesure. Son alchimie avec Bradley Cooper crève l'écran dans les scènes d'intimité mais aussi, et surtout, lors des séquences musicales, aussi intenses que vibrantes. Résolument country, la BO du film est riche en titres inédits : "Shallow", pièce maîtresse du scénario, ou "Always Remember Us This Way'' prouve que Lady Gaga n'a pas encore totalement quitté son costume de "Joanne" (2016). Et tant mieux car elle n'est jamais aussi fascinante que lorsqu'elle se débarrasse de ses artifices. C'est même là le propos du récit. On préférera donc volontiers se laisser bercer par "Look What I Found", jazzy à souhait, plutôt que danser sur l'hymne pop "Hair Body Face''. Très classique dans sa forme (et Whitneyhoustonien), "I'll Never Love Again'' arrache facilement des frissons tant la chanteuse y insuffle un supplément d'âme. La vraie surprise du disque, en réalité, est la qualité d'interprète de Bradley Cooper, non seulement crédible mais bluffant de simplicité sur ses morceaux. Quelle beauté que leur duo sur "I Don't Know What Love Is'' ! Une révélation. YR

Ça ressemble à une BO déjà culte
A écouter : le superbe "Maybe It's Time'', "Diggin' My Grave'', "Shallow'' bien sûr, "Always Remember Us This Way'', "Is That Alright ?"
A zapper : "Music To My Eyes'', duo pas franchement mémorable, et l'inaudible "Why Did You Do That ?''




Angèle | "Brol"


Une famille en or. Enfin ! Un an après avoir débarqué avec fracas dans le game avec "La loi de Murphy", la jeune Angèle dévoile son premier album tant attendu. Après quatre singles percutants, la Bruxelloise passe avec brio le cap discographique. « J'ai vu que le rap est à la mode et qu'il marche mieux quand il est sale. Bah faudrait peut-être casser les codes, une fille qui l'ouvre ce serait normal » lâche-t-elle directement sur un "Balance ton quoi" malicieux. Ça a le mérite d'être clair ! Si la chanteuse évoque principalement les bons et mauvais côtés des réseaux sociaux, c'est en mêlant les genres avec brio : rap, électro, variété et même du funk sur les excellents "Victime des réseaux" et "Les matins", potentiels tubes, ou encore le plus mélancolique "Nombreux". « Le spleen n'est plus à la mode, c'est pas compliqué d'être heureux » assène-t-elle, comme porte étendard d'une nouvelle génération. Au milieu de tout ça, "La thune" ou "Je veux tes yeux", pourtant écoutés 100 fois, s'intègrent parfaitement. La jeune Belge frappe donc fort avec ce premier essai aussi éclectique que synthétique, brouillant encore plus les frontières entre rap, variété et électro, avec toujours une touche d'humour et d'autodérision. Sur "Flou", Angèle fait le bilan de sa jeune carrière, boostée par sa première fan, sa babysitter et conclut sur ces mots : « la suite on verra ». D'ici là, elle aura tout le temps de savourer le succès qui lui tend les bras, aussi bien dans les charts que sur les scènes de France et de Navarre, lui permettant de dépasser aisément son simple statut de "soeur de Roméo Elvis". TB

Ça ressemble à un premier essai percutant, aussi ironique que réaliste
A écouter : "Flemme", "Victime des Réseaux" et "Les matins" funkys à souhait, les tubes "La loi de Murphy" et "Je veux tes yeux"
A zapper : "Jalousie" et "Tout Oublier", duo avec Roméo Elvis en dessous des espérances





Twenty One Pilots | "Trench"


Y a-t-il un "pilot" dans l'avion ? Le retour de Twenty One Pilots en a surpris plus d'un. Au son d'un "Jumpsuit" aux allures de Muse, le duo a dévoilé parallèlement un mystérieux univers visuel apocalyptique. A l'image de ce premier single, Twenty One Pilots nous propose donc un album aux multiples facettes, naviguant entre les genres mais toujours avec une constance directrice. On valide énormément les saillies funk et soul que sont "Morph" et "My Blood" qui devraient nous faire danser jusqu'au bout de la nuit, mais aussi bientôt à l'AccorHotels Arena. Cependant, "Trench" se découpe clairement en deux parties bien distinctes : une première très réussie et une deuxième plus laborieuse. Après avoir tâtonné dans l'ombre avec plusieurs titre chill et aux sonorités reggae ("Nico and the Niners", "Cut My Lip") le duo laisse transparaître son côté lumineux sur le puissant "Bandito" avant de poser une touche plus rétro sur l'enjoué "Legend", dernière fulgurance véritablement réussie de l'album. Comme dans de nombreux disques concepts, "Trench" se finit sur un "Leave The City" en forme d'adieu au voyage dans lequel ils nous ont transporté pendant une heure. Pas toujours réussi, ce troisième opus peut se targuer de contenir de solides titres, notamment avec ce subtil mélange des genres qui fait mouche sur la première moitié. TB

Ça ressemble à un exercice de style périlleux et en dents de scie
A écouter : "Morph", "My Blood", "Chlorine", "Legend"
A zapper : "Nico and the Niners", "Neon Gravestones"


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