Kendji Girac, Eminem, Troye Sivan : trois albums au banc d'essai

Pure Charts passe en revue trois albums incontournables de la rentrée. Alors que Kendji Girac sort son très attendu troisième album, Eminem revient plus énervé que jamais sur un disque surprise là où Troye Sivan, popstar queer par excellence, touche la corde sensible. Critiques !
Crédits photo : Montage Pure Charts / DR

Kendji Girac | "Amigo"


Le retour du prodige. Comment expliquer le succès phénoménal de Kendji Girac ? Un sourire enjôleur, des titres gipsy-pop au goût de soleil, des petits airs à la guitare remplis d'ondes positives... Sans doute. Mais surtout, un garçon simple et attachant qui a su tisser un lien très fort avec le public depuis son apparition dans "The Voice". A l'heure du troisième album, Kendji a souhaité bousculer un peu son image en sortant de sa zone de confort. Le chanteur de 22 ans, enfant de son temps, est notamment allé chercher le rappeur Damso pour insuffler une touche de hip-hop bienvenue à plusieurs titres comme "Maria Maria", single aussi ensorcelant que sulfureux. Sous l'impulsion du Belge, sa façon de chanter varie légèrement : on l'entend sur la chanson-titre, le débit de Kendji s'accélère pour se rapprocher des codes du rap actuel, créant une fusion des genres assez moderne. Ça et là, l'album tente des choses et ça fonctionne plutôt bien sur "Mi Amor", complainte entraînante sur un amour tourmenté. Avec ses effusions électro planantes, "Yo Cantare" sonne comme la bande-son parfaite d'une virée au bord de la mer en cette fin d'été. En revanche, on passera volontiers à côté de l'essai disco-funk hasardeux qu'est "Ma folie". Bien sûr, Kendji reste fidèle à lui-même. La patte Renaud Rebillaud se fait sentir tout du long et des morceaux comme "Tiago" et "Pour oublier", aux textes signés Vianney, "Autour du feu" (Ridsa) ou "Que Dieu me pardonne", en duo avec Claudio Capéo, auront à coup sûr les faveurs des fans de la première heure puisqu'ils reflètent les thèmes si chers au chanteur : l'amitié, la famille, l'authenticité. Et tant mieux car c'est comme ça qu'on l'aime ! YR

Ça ressemble à le carton de la rentrée
A écouter : "Pour oublier" et son refrain entêtant, "Mi Amor", le déchirant "Tu vas manquer", "Si je pars", "Autour du feu", "Tiago"
A zapper : "Laisse tomber", "Ma folie"





Eminem | "Kamikaze"


Eminem is the new Nicki Minaj. Quand il voit rouge, Eminem le fait savoir : « Je vais dire tout ce qui me passe par la tête, on verra bien ce que ça donne, parce que là j'ai envie de balancer mon poing dans la gueule du monde entier » lâche-t-il en introduction de "Kamikaze", son album dévoilé à la surprise générale. Un nouveau disque que le rappeur a écrit en réaction à l'échec commercial et surtout critique de "Revival". Et c'est là sa plus grande force et sa plus grande faiblesse. Si Eminem apparaît plus en forme que jamais, son discours se limite souvent à ce seul caprice. Car répéter en boucle qu'il est furieux que personne n'ait apprécié "Revival" est assez limité. Mais le rappeur en profite aussi pour clasher tous ses contemporains : Kendrick Lamar, Migos, Drake, Lil Pump… Personne n'est à l'abri, comme le prouve le percutant "Greatest" ! Mais au-delà de cette charge "vénère", que vaut véritablement le disque ? Loin des chefs d'oeuvre du début des années 2000, l'album tient à peu près la route en grande partie grâce à la verve inimitable du natif de Détroit. Si tout n'est pas à jeter, c'est parce qu'on y retrouve des réminiscences du passé : la grande gueule, l'ironie constante sur la société, les paroles à double sens et les productions de Dr. Dre même si celles-ci sont plus faibles qu'auparavant. A trop se perdre dans sa petite vendetta, Eminem tacle avec brio sur des titres qui ne marqueront cependant pas l'histoire. Seuls quelques morceaux ravivent la flamme des débuts comme ce "Stepping Stone" dans lequel le rappeur se rappelle de 2002 quand il était sur le toit du monde. On est en droit de se poser la question : l'est-il toujours ? Un certain chanteur de Compton lui rétorquerait volontiers : « Sit down, be humble ».

Ça ressemble à une petite vengeance aussi jouissive que vaine
A écouter : "Greatest", le tubesque et nostalgique "Stepping Stone", le Migossien "Not Alike"
A zapper : l'étrange "Nice Guy" et "Venom" dont on espère le film meilleur





Troye Sivan | Bloom


What a time to be alive. A première vue l'album pourrait "décevoir" : sur les dix titres, cinq sont déjà sortis en single au cours des derniers mois, mais cela n'entache pas véritablement l'écoute. Véritable pilier de ce qu'on pourrait appeler la "pop LGBT", Troye Sivan séduit avec ce deuxième album aux influences à la fois 80's et aériennes. Il y a un côté indie très plaisant dans ce second effort discographique qui alterne entre tubes potentiels comme les sérieux candidats "My ! My ! My !" ou "Seventeen", et moments de contemplations aux allures nocturnes à l'instar de "The Good Side" ou "Postcard". A ce titre, la pochette où le chanteur nous fait dos est à l'image de l'opus : aussi sobre que sublime. Ainsi, Troye Sivan a voulu concevoir un album qui transpire la sensualité en multipliant les textes explicites et en affichant fièrement ses couleurs : sa première fois, ses relations et ses expériences personnelles. De là à avoir le fameux album de la "maturité" ? Plutôt celui de la retenue, se réfugiant souvent dans des arrangements minimalistes et indie comme le prouvent les envoûtants "Lucky Strike" ou "Dance to This" en duo avec Ariana Grande, tandis que "Bloom" et "Plum" semblent se répondre dans leur côté rétro. Tout l'album semble ainsi construit comme l'histoire de Troye, entre une ouverture sur le puissant "Seventeen" (où il raconte sa première fois à 17 ans) au sublime épilogue au son d'"Animal", titre dédié à son actuel boyfriend. On ne pouvait rêver meilleur final.

Ça ressemble à la relève (nocturne) de la pop minimaliste
A écouter : les aériens "Animal" et "Seventeen", le puissant "My ! My ! My !", le touchant "Plum" et le minimaliste "Lucky Strike".
A zapper :"Bloom", assez répétitive


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