Passionné par la musique autant que le cinéma, la littérature et le journalisme, il est incollable sur la scène rock indépendante et se prend de passion pour les dessous de l'industrie musicale et de l'organisation des concerts et festivals, où vous ne manquerez pas de le croiser.
Björk, King Krule, Beck ou Charlotte Gainsbourg... Dévoilé en décembre, pile à l'heure pour les fêtes, le line-up de l'édition 2018 de "We Love Green" écrasait la concurrence parisienne en dévoilant une sélection aussi éclectique qu'alléchante. Pure Charts a passé le week-end au Bois de Vincennes et est revenu des souvenirs pleins la tête.
Crédits photo : Montage Pure Charts
Comme chaque année, "We Love Green" lance la saison des festivals depuis sa résidence au Bois de Vincennes. Ce week-end, plus de 70 000 spectateurs ont fait le déplacement pour voir les têtes d'affiches, pour la plupart en exclusivité française, mais aussi des révélations de la scène indé dans un cadre éco-responsable. Près de cinquante artistes se sont enchaînés sur les quatre scènes du festival, entre moments inoubliables et déceptions. Décryptage.
Les temps forts : Beck, King Krule, Charlotte Gainsbourg...
Davantage qu'Orelsan ou Migos, la vraie tête d'affiche du samedi soir était Beck ! Le prolifique chanteur américain venait honorer l'un de ses rares passages en France pour promouvoir les pépites électro-pop de "Colors", son dernier album. En une heure, Beck a délivré une performance classieuse et diablement réussie, enchaînant les récents morceaux ("Dreams", "Wow") et ses quelques tubes comme "Loser" repris par le public. Dommage que celui-ci, assez clairsemé, n'ait pas prêté une plus grande attention au chanteur qui a délivré LE set du festival.
Regardez le concert de Beck à We Love Green :
Très attendue, Charlotte Gainsbourg se produisait le dimanche après-midi à La Clairière, scène installée sous un chapiteau. Sa venue a fait sensation et le lieu était déjà bondé 20 minutes avant le début : la fille de Serge a délivré un show à la fois simple mais touchant. En privilégiant principalement les titres de son dernier album "Rest" (les jouissifs "Deadly Valentine" ou "Sylvia Says"), la chanteuse a offert un cadeau au public avec un titre inédit et le retour de "Charlotte For Ever" et "Lemon Incest" sous les ovations. Sur la même scène lui suivait le mystérieux King Krule. Avec son air chétif, le rouquin anglais a craché sa verve jazz-rock devant un public déchaîné et a multiplié les moments de grâce avec les imparables "Dum Surfer" ou "Easy Easy" déclenchant un gigantesque pogo dans les premiers rangs. Sensations fortes garanties.
Les bonnes surprises : Juliette Armanet, Migos, Mount Kimbie...
La première artiste que nous avons vu fut la belle surprise du festival. Juliette Armanet a conquis la grande scène avec un set dansant devant un public bouillant hurlant les paroles de "L'indien" ou de "L'amour en solitaire". Un bien beau set pour une chanteuse touchante et énergique. Le soir-même, alors qu'Orelsan et Jamie xx n'ont pas totalement séduit (voir plus bas), la bonne surprise viendra du set enfumé de Migos. En enchaînant coup sur coup "Motorsport" et "Walk It Talk It", Quavo, Takeoff et Offset ont littéralement retourné le public, qui les attendait de pied ferme sans être une seule seconde déçu. Idem pour la DJ Honey Dijon quelques heures plus tôt qui a fait vibrer les festivaliers au son de Janet Jackson sur la nouvelle scène LaLaLand, dédiée aux DJ. La grosse surprise du dimanche sera à mettre aux crédits de Mount Kimbie : le collectif électro anglais a séduit le public sous un soleil de plomb. Point fort du set, l'arrivée surprise de King Krule qui a totalement retourné un concert déjà puissant et bluffant.
Les déceptions : Jamie xx, Orelsan, Superorganism...
Cette année, les déceptions seront principalement venues des têtes d'affiches, Orelsan en tête. S'il a pu montrer qu'il brillait sur scène sous le nom des Casseurs Flowters, son passage en solo a eu mal à nous convaincre. Peut-être était-ce dû à l'énorme foule qui se pressait devant la scène ou le manque d'écrans géants qui empêchait une partie du public de se mettre pleinement dans l'ambiance. Le rappeur a enchaîné les tubes de son dernier album, de "Tout Va Bien" à "La Pluie" (sans Stromae... malheureusement) et de rares incursions dans son passé avec "La terre est ronde" mais a peiné à convaincre la foule entière, mis à part quelques exceptions notables comme "Christophe" ou la reprise finale de "Basique". Un autre set décevant lui succédait, celui de Jamie xx sur cette même scène. Avec "In Colour", l'un des trois xx avait fait l'année 2015. Pour la première date de sa tournée européenne, le DJ a déroulé un set brouillon composé majoritairement de reprises avec seulement une seule minute de son "See Saw", bouée de sauvetage à laquelle se sont accrochées de nombreux spectateurs dépités. La (petite) déception du dimanche aura été Superorganism. Avec un premier album éponyme brillant, on aurait pu croire que le concert le serait tout autant. Las, le collectif a exploité à fond son image décalé, voire trop, malgré de bonnes chansons comme le fameux "Everybody Wants To Be Famous".
Un petit aparté évident se doit d'être consacré à LA tête d'affiche de cette année : Björk. L'artiste islandaise unique a délivré une performance oscillant entre le sublime et l'ennui. Le décor naturel était somptueux, la voix en place mais le tout restait assez ennuyeux. La faute à une set-list privilégiant un dernier album pas très mémorable, "Utopia", mais de justesse sauvée par lincursion d'un "Human Behaviour" qui a partiellement réveillé le public. Björk était parfaitement dans son élément à la fois visuel et musical et a conquis autant de spectateurs qu'elle en a laissés sur le carreau : la chanteuse divise pour le meilleur et pour le pire. A noter qu'avant elle, se produisait le rockeur Father John Misty qui a pris à parti les fans de l'islandaise : « Maintenant, je sais à quoi ressemble un fan de Björk qui s'emmerde. Merci à mes fans qui, eux, apprécient la musique sophistiquée ». Ambiance ! Malgré ce petit couac, il faut reconnaître que cette édition de We Love Green était une franche réussite : un beau temps, une programmation exceptionnelle et de belles surprises ont ensoleillé notre week-end pour le meilleur (et très peu pour le pire). Rendez-vous l'année prochaine !
On a aimé : la programmation générale, riche et efficace, le lieu, la diversité alimentaire, le beau temps et une bonne ambiance
On a détesté : le manque d'écrans géants sur la grande scène, la scène/chapiteau de la Clairière, difficilement accessible, peu de plans pour se repérer et le manque de réseau