Branché en permanence sur ses playlists, il sait aussi bien parler du dernier album de Kim Petras que du set de techno underground berlinois qu'il a regardé hier soir sur TikTok. Sa collection de peluches et figurines témoigne de son amour pour les grandes icônes de la pop culture.
Adapté du film phénomène de 2004, le spectacle "Les Choristes" débarque aux Folies Bergère avant une tournée dans toute la France. L'occasion de retrouver sur scène et en musique Clément Mathieu, Pépinot, Pierre Morhange et tous ces personnages gravés dans l'histoire du cinéma. Transition réussie ? Critique !
Crédits photo : Cyril Moreau / Bestimage
Il a fallu 13 ans pour que le rêve de Christophe Barratier prenne forme : adapter en spectacle musical son film "Les Choristes", immense succès cinématographique de l'année 2014. Du box-office aux Oscars, le long-métrage a connu un destin extraordinaire et reste encore gravé dans les mémoires pour sa BO inoubliable, signée Bruno Coulais. Comme une évolution naturelle, "Les Choristes" passe désormais des plateaux de tournage aux planches. Et si le réalisateur a mis du temps avant de se lancer dans l'aventure, c'est pour ne pas monter ce projet pour de mauvaises raisons, par respect pour l'oeuvre originale. Qu'on se rassure : la tendresse infinie qu'il porte à cette histoire résistant à l'épreuve du temps est le meilleur gardien de sa magie.
Une dimension musicale étoffée mais déséquilibrée
Dès la première scène, le décor - installé jusqu'au mois de mai dans l'antre splendide des Folies Bergère à Paris - est planté. Alors que la seconde Guerre Mondiale a laissé des stigmates, Clément Mathieu, un musicien sans emploi, décroche un poste de surveillant dans un internat pour jeunes garçons difficiles (surprise : quatre fillettes sont de la partie grâce à une astuce scénaristique). Mais son arrivée ne va pas se faire sans heurt. Entre la férocité du directeur Rachin (incarné par Patrick Zard) et des gamins aussi perturbés qu'incontrôlables, le pauvre homme peine à trouver sa place ! Pour apprivoiser les coeurs purs se cachant derrière des airs de petits monstres, il tente alors le pari de les initier... au chant. Vous l'aurez compris, la trame du spectacle reprend en tout point celle du film, du lien si particulier que tisse Mathieu avec les élèves à l'éclosion du renfermé Pierre Morhange. Digne successeur de Gérard Jugnot, Jean-Louis Barcelona incarne avec justesse l'humanité et la gentille maladresse qui rend son personnage attachant. Et ce, même si les séquences musicales comprenant des chansons inédites peinent à se montrer convaincantes.
Regardez la bande-annonce du spectacle des "Choristes" :
Une distribution prodigieuse
En réalité, c'est un choix assumé de Christophe Barratier. On est ici face à un spectacle musical et non une comédie musicale. Chaque adulte (Rachin, le Père Maxence, Violette Morhange...) qui pousse la chansonnette n'est donc pas un interprète émérite sur le plan technique. Cela donne lieu à des séquences parfois bancales mais qui ont le mérite de renforcer le sentiment d'être face à des personnages de la vie de tous les jours. Surtout, ce parti pris permet de mieux mettre en lumière, par contraste, le talent remarquable des nouveaux Choristes. En raison des contraintes légales, ce n'est pas une mais trois chorales du Fond-de-l'Etang qui se relaient à chaque représentation. Trois Pépinot, trois Pierre Morhange, trois Le Quellec, trois Boniface... Et autant de talents ! Car au delà du récit, la grande force du spectacle réside justement sur les épaules de ces gosses fougueux, capables de nous émouvoir aussi bien dans les scènes de comédie que dans les tableaux musicaux. Impossible de ne pas être traversé de frissons dès que les premières notes de "Vois sur ton chemin" retentissent... Félicitations du jury aux jeunes pensionnaires de la maîtrise des Hauts-de-Seine !
On pinaillera sur les changements de décor, nécessaires mais dont l'omniprésence casse le rythme, mais ne boudons pas notre plaisir : grâce à des acteurs investis et un jeune casting oscillant entre fraîcheur et étonnante maturité, l'émotion de l'histoire est intacte. Et c'est bien là l'essentiel.