Crédits photo : Montage Pure Charts / DR
C'est le modèle économique qui a sauvé l'industrie du disque. Mais le
bel essor du streaming pourrait être entaché par une affaire de fraude aux écoutes. Dans une note interne datée du 24 novembre et aujourd'hui dévoilée par
Les Echos, le Syndicat National de l'Edition Phonographique (SNEP) met en garde contre de potentiels tricheries mises en place pour booster artificiellement les scores de certaines oeuvres sur les plateformes de streaming comme Apple Music ou Deezer. Objectif ? Accroître le nombre d'écoutes pour augmenter la rémunération des artistes via les droits d'auteurs.
Des disproportions flagrantes
Le SNEP, qui représente des majors comme Sony, Universal ou Warner, a ainsi «
détecté des anomalie » qui confirmeraient l'existence d'un tel système. Dans son viseur ? Le milieu du rap et du hip-hop. «
Certains artistes cumulent des scores d'écoutes démesurés sur les plates-formes de streaming audio » révèle l'organisme, qui se refuse à donner des noms mais évoque des disproportions flagrantes entre les performances affichées par exemple sur Spotify et celles réalisées simultanément en téléchargement ou sur YouTube... Le SNEP émet l'hypothèse d'une fraude informatique réalisée à partir d'une batterie d'ordinateurs faisant tourner «
en boucle et en continu » certains morceaux durant 31 ou 32 secondes, dépassant ainsi la limite de 30 secondes fixée pour la comptabilisation d'une chanson. «
Sachant qu'un titre classé dans le top 10 hebdomadaire obtient en moyenne 1,4 million d'écoutes, 70 logiciels d'écoute en boucle suffisent pour propulser un titre dans le top 10 » souligne le syndicat.
Booba brise le silence : "Nous on savait"
L'Obs, qui livre une analyse du document, explique que les annonces de sites proposant de gonfler les chiffres du streaming pullulent. Un logiciel peut ainsi générer jusqu'à 20.000 écoutes par semaine. Pour autant, le directeur du SNEP reconnaît que les dysfonctionnements repérés sont à nuancer. «
On constate effectivement des anomalies, des volumes hors norme, mais on ne peut pas affirmer qu'il y a tricherie. Le streaming est un nouvel environnement et nous essayons, comme tout le secteur, de comprendre ce marché en construction » relativise Guillaume Leblanc.
Après ces révélations, le rappeur
Booba s'est félicité que la vérité sorte enfin au grand jour. «
Bah voilà, je l'attendais cet article. Nous on savait » a-t-il assuré sur
Instagram... avant d'accuser son rival Kaaris de prendre part à ces fraudes. Ambiance !